À travers ses œuvres, Mouna Hachim sillonne les méandres de l’Histoire pour permettre à ses lecteurs de regarder le présent avec l'œil du passé et inversement. Un voyage dans le temps qui commence avec son premier roman «Les Enfants de la Chaouia, Casablanca», publié en 2004. Après plusieurs expériences dans le milieu de la presse, l’envie de retrouver ses premiers amours s’empare d’elle, à savoir la recherche telle qu'elle est effectuée dans le cadre universitaire. Née à Casablanca d'une famille originaire de Médiouna, l'écrivaine se lance ainsi dans une mission d'investigation, pointilleusement documentée, afin d'assouvir ce «besoin de raconter les liens entre la ville et son arrière-pays, connecter la ruralité et le milieu citadin et faire le pont entre l'oralité et la culture livresque», explique l'invitée. «Les Enfants de la Chaouia» est une fresque sociale qui puise ses racines dans le vécu de l’auteur.
Comprendre d'où l'on vient pour savoir où l'on va
Mouna Hachim embarque ses lecteurs pour un autre voyage dans l’Histoire du Royaume avec son deuxième ouvrage «Dictionnaire des noms de famille du Maroc», dont le premier volet a été publié en 2007 après cinq années de recherches. Le patronyme, la fréquence de son usage, son étymologie, son univers historique, géographique, social, culturel, les tribus et les familles qui le portent… cet ouvrage est loin d’être un simple catalogue des noms des grandes familles du Maroc. L’écrivaine a réalisé un travail titanesque pour permettre à bon nombre de Marocains de découvrir l'origine de leurs noms et de se connecter à leur propre Histoire, à travers celle de leurs ancêtres. «La littérature est très proche de la linguistique. Ainsi, quand on touche au patronyme, nous abordons l'Histoire par un autre biais mêlant généalogie, histoire et un peu de linguistique. Avec ce dictionnaire, je raconte l'Histoire du Maroc par le prisme de ses familles», confie Mouna Hachim.
Publié en 2021, «Ben Toumert ou les derniers jours des Voilés», dernière publication de Mouna Hachim, maintient l'Histoire comme fil rouge et vient à son tour faire la jonction entre le passé et le présent. Ce roman historique met en lumière les événements qui ont précédé l'établissement de l'État des Almohades, notamment à travers la montée en puissance de Mehdi Ben Toumert, fondateur de cette dynastie. «Mehdi Ben Toumert était une sommité intellectuelle, un ascète, mais il était également un fou furieux très fanatisé qui avait un objectif politico-religieux et qui a fini par avoir gain de cause, même après sa mort, avec la fondation de la doctrine Almohade. Elle donnera, par la suite, naissance à l'empire Almohade qui s'est faite aux prix d'énormes violences», relève l’écrivaine avant d’ajouter : «Les réalisations des Almohades sur le plan architectural, civilisationnel et intellectuel sont indéniables. Toutefois, la naissance du mouvement Almohade a eu lieu dans un bain effroyable de sang. Ma démarche de travail n'a nullement pour objectif de choquer ou de provoquer, elle a pour visée de nous réconcilier avec notre histoire, et de se dire que nous ne sommes ni pires ni meilleurs que les autres», précise-t-elle.À travers ce récit basé sur des faits et des personnages réels, Mouna Hachim suscite des interrogations contemporaines portant sur les ravages du dogmatisme en contextualisant le drame d’une foi défigurée par l’extrémisme.Lire aussi : Casablanca : l’histoire d’une transformation contée par Ahmed Chitachni