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Nouveau sous-variant «Eris» : Quels scénarios pour les mois à venir ?

La Covid serait de retour. Une nouvelle vague épidémiologique, portée essentiellement par le sous-variant E.G.5.1 5 (Eris), fait déjà parler d'elle dans plusieurs pays. Au Maroc, les spécialistes contactés par «Le Matin» ne semblent pas inquiets outre mesure. Ils appellent, toutefois, à la vigilance pour protéger essentiellement les personnes vulnérables. Dr Tayeb Hamdi, médecin chercheur en politiques et systèmes de santé, estime qu’il était temps pour le Maroc de penser aux vaccins bivalents.

Nouveau sous-variant «Eris» : Quels scénarios pour les mois à venir ?
Au Maroc, la Covid-19 n’est pas encore devenue saisonnière et donc on ne peut pas prévoir les vagues et les vaguelettes pour programmer les périodes de vaccins.

La réapparition des cas de contaminations à la Covid-19 se confirme dans de nombreux pays, y compris au Maroc. Le ministère de la Santé et de la protection sociale a confirmé l’arrivée d’une nouvelle vague qui serait portée essentiellement par le sous-variant E.G.5.1 5 (Eris)

>> Lire aussi : COVID-19 : Khalid Aït Taleb réactive le programme de veille et de riposte

Sur les réseaux sociaux, les internautes paraissent inquiets quant au développement de la situation dans les mois à venir. Si certains ont peur de contracter la maladie, d’autres disent craindre un retour éventuel aux mesures restrictives qui avaient été adoptées par le Royaume pour faire à la Covid-19, à savoir le confinement et le port obligatoire du masque.

Cette peur est justifiée aussi par l’approche de l’automne avec son lot d'infections virales saisonnières. Qu’en pensent les spécialistes ? Ceux que nous avons contactés ne semblent pas trop inquiets par rapport à ce nouveau sous-variant. Argument avancé : «Ce nouveau sous-variant, qui n’a pas encore fait son entrée au Maroc, est plus contagieux que les autres sous-variants, certes, mais il n’est pas plus virulent», souligne Dr Moulay Saïd Afif, membre du Comité scientifique et technique de la vaccination anti-Covid-19.

Pour les mois à venir, ajoute-t-il, il faut s’attendre à une augmentation des cas, ce qui doit nous pousser à être plus vigilants, mais surtout pas trop inquiets. «Une fois entré au Maroc, le virus va se propager rapidement, mais ceci ne signifie en aucun cas le retour aux mesures draconiennes d'avant», affirme-t-il. Sur un ton tout aussi rassurant, Dr Tayeb Hamdi, médecin chercheur en politiques et systèmes de santé, estime que la vie devrait se poursuivre «normalement» dans les mois à venir et qu’il n’y a, pour l’heure, aucune raison de s’inquiéter ou de renforcer les mesures de protection. «Au vu des données scientifiques dont on dispose aujourd’hui, il n’existe qu’un seul et unique scénario pour les mois à venir qui est celui de continuer à vivre normalement», précise-t-il. Pour lui, le seul élément qui devrait nous perturber est celui de l’apparition d’un sous-variant à la fois plus contagieux et plus virulent. «C’est à ce moment-là que les choses deviendront problématiques, mais à défaut, la situation reste maîtrisée», rassure-t-il.

Nouveau sous-variant «Eris» : Pas d’inquiétude, mais la vigilance est toujours de mise

Joint par «Le Matin», le coordinateur du Centre national des opérations d'urgence de santé publique, Mouad Mrabet, confirme l’avis des spécialistes tout en soulignant que l’apparition d’un nouveau sous-variant est un phénomène tout à fait naturel étant donné que la pandémie n’est pas encore terminée. En revanche, le spécialiste prône la vigilance. Interrogé sur les scénarios pour les mois à venir, Dr Mrabet pense que la nouvelle vague ne sera pas très difficile à gérer. «La hausse des cas va se poursuivre dans les semaines, voir les prochains mois. On peut aussi enregistrer une légère hausse des cas d’hospitalisation, mais le risque de vivre le scénario du début de la pandémie est trop faible», note-t-il. Et d'ajouter : «À moins que la situation se dégrade, il n’y a aucune raison, ni de s’inquiéter, ni de penser à changer de mesures sanitaires». Sur ce volet, le spécialiste tient à souligner que le ministère de la Santé et de la protection sociale suit de très près l’évolution de la situation épidémiologique du Royaume en vue de prévoir tout changement et pouvoir ainsi agir à temps et en amont.

Sous-variant «Eris» : Les personnes vulnérables, toujours à risque

Les spécialistes contactés par «Le Matin» sont unanimes à souligner que la nouvelle vague ne sera pas très difficile à gérer. Ils confirment, toutefois, que la catégorie à protéger est celle des personnes vulnérables, à savoir les personnes âgées et celles ayant des maladies graves. «Il faut coûte que coûte éviter qu’il y ait des hospitalisations et des décès chez cette population», affirme Dr Said Afif qui appelle à la mobilisation de tous. À côté de la vaccination, notre interlocuteur estime que la protection de cette catégorie est la responsabilité de tout un chacun. «L’entourage d’une personne âgée ou ayant une maladie grave doit veiller à sa protection, notamment en le poussant à compléter son schéma vaccinal, respecter la distanciation et éviter les endroits à risque», recommande-t-il. De son côté, Dr Hamdi insiste sur l’aération. «Les études ont démontré que 95% des cas de contaminations ont lieu dans des espaces fermés, d’où la nécessité de l’aération des maisons et des espaces de travail. Cela permet de diminuer le risque, aussi bien pour les personnes âgées que pour celles ayant des maladies graves», précise-t-il.

À propos de la vaccination, Dr Hamdi est quasiment convaincu qu’il était temps de penser aux vaccins bivalents. «Au Maroc, la Covid-19 n’est pas encore devenue saisonnière et donc on ne peut pas prévoir les vagues et les vaguelettes pour programmer les périodes de vaccins», explique-t-il. Et d’ajouter que pour les personnes qui sont à jour par rapport au vaccin, cela ne sert à rien de leur injecter des doses du même vaccin. Pour élucider ses propos, le médecin chercheur estime que le fait d’administrer à une personne le même vaccin avec les mêmes antigènes tous les six mois, on risque de perdre son efficacité, d’où l’intérêt du vaccin bivalent. «À l’image des vaccins contre la grippe saisonnière, actualisés chaque année pour prendre en compte les virus qui sont les plus susceptibles de circuler pendant l’hiver, les vaccins bivalents ne sont pas de nouveaux vaccins, mais des vaccins adaptés aux souches circulantes», précise-t-il.

Et de noter que l’efficacité clinique attendue pour les vaccins bivalents est au moins équivalente, voire supérieure à celle des vaccins originaux monovalents, sans que cette probable supériorité puisse être actuellement démontrée en vie réelle. Quel que soit le développement de la situation au Maroc, une chose est sûre : la pandémie n’est pas encore terminée et la vigilance doit être maintenue. S'il y a une leçon que la pandémie nous a apprise, c’est que nous vivons dans un monde incertain et que tout est possible.

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