La Cnuced revisite le programme de la réalisation des Objectifs de développement durable (ODD). Elle vient, en effet, de publier une nouvelle analyse pour combler les lacunes dans les données pour aider les pays à savoir combien ils doivent dépenser et comment allouer au mieux leurs ressources financières.
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«Alors que le monde n'est pas sur la bonne voie pour atteindre les ODD, les décideurs ont besoin de toute urgence d'estimations détaillées sur les coûts afin de guider au mieux leurs choix en matière d'investissement et de dépenses», indique l’agence onusienne. Au cours des 6 derniers mois, la Cnuced a calculé les montants pour près de 50 indicateurs des ODD dans 90 pays, dont 48 pays en développement, couvrant les trois quarts de la population mondiale, a-t-elle révélé.
Ces données actualisées, publiées le 18 septembre, alors que les dirigeants mondiaux se réunissent à New York pour le sommet des Nations unies sur les ODD, soulignent le besoin pressant d'une action rapide et ciblée, a-t-elle souligné. Cette analyse révèle, par exemple, que les 48 économies en développement sont confrontées à un déficit de dépenses de 337 milliards de dollars par an pour les indicateurs liés au changement climatique, à la perte de biodiversité et à la pollution.
«Une simple augmentation des fonds ne suffira pas à garantir leur succès», a déclaré Anu Peltola, qui dirige les statistiques à la Cnuced. «Les gouvernements, les entreprises, les investisseurs et les institutions doivent allouer leurs ressources de manière stratégique.» L'analyse révèle que les pays peuvent tirer le meilleur parti de leurs dépenses en capitalisant sur les synergies entre les ODD. Par exemple, les investissements dans l'éducation font également progresser l'égalité des sexes, réduisent la pauvreté et stimulent l'innovation pour progresser dans tous les ODD, illustre-t-elle. «Cela a de grandes implications pour les économies dont les ressources sont limitées», a déclaré Mme Peltola. «Elles n'ont pas besoin d’allouer chaque dollar à un seul objectif.»
Objectifs de développement durable : Les six axes de transformation
Les experts de la Cnuced ont identifié six axes de transformation pour le développement durable : la protection sociale et les emplois décents, la transformation de l'éducation, les systèmes alimentaires, le changement climatique, la perte de biodiversité et la pollution, la transition énergétique et la numérisation inclusive. Ce qui couvre des indicateurs allant de la réduction des émissions de gaz à effet de serre et de l'augmentation du couvert forestier protégé à la garantie d'un accès universel à l'électricité et à l'internet, en passant par la promotion de l'alphabétisation, la lutte contre la faim et la réduction de la mortalité.
L'analyse estime également le coût de la réalisation de l'égalité entre les hommes et les femmes pour certains indicateurs liés à la lutte contre la pauvreté et la faim et en faveur de l'autonomisation des femmes. Les coûts varient de 5,4 à 6,4 billions de dollars par an entre 2023 et 2030, en fonction de l’axe choisi. Cela représente entre 1.179 et 1.383 dollars par personne et par an. Si l'on élargit le champ d'application à toutes les économies en développement, en utilisant le coût médian par habitant pour les 48 économies étudiées, les besoins annuels totaux se situent entre 6,9 et 7,6 billions de dollars.
L'égalité des sexes et les systèmes alimentaires sont les plus coûteux, tandis que la protection sociale et l'emploi sont les moins onéreux, bien qu'ils couvrent un large éventail d'objectifs essentiels à notre bien-être. Près de 80% des dépenses totales devraient être engagées dans les pays en développement à revenu moyen supérieur et à revenu élevé visés par l'étude. L'analyse de la Cnuced souligne également la nécessité de s'attaquer à la crise de la dette mondiale. Environ 3,3 milliards de personnes vivent dans des pays qui consacrent plus d'argent au paiement des intérêts de la dette qu'aux services publics essentiels tels que l'éducation et la santé. Par ailleurs, l'étude réitère l'appel de la Cnuced à accroître la disponibilité des principales statistiques officielles sur les dépenses publiques et à améliorer les rapports sur les indicateurs des ODD dans tous les pays.