La majorité gouvernementale formée par le Rassemblement national des indépendants (RNI), le Parti authenticité et modernité (PAM) et le Parti de l’Istiqlal s'est réunie jeudi sous la présidence du Chef du gouvernement Aziz Akhannouch. Cette rencontre revêt une importance particulière dans un contexte difficile, puisqu’elle intervient dans le prolongement du séisme du 8 septembre. L’enjeu est éminemment politique : envoyer un message clair disant que l'unité et la cohésion des trois partis alliés demeurent intactes face aux défis générés par le drame d’Al Haouz. Il faut dire qu’il était primordial de montrer que la majorité gouvernementale se porte bien et que, de ce fait, elle est en mesure de mener à bien les chantiers qu’impose la reconstruction des zones dévastées et l'examen du budget 2024.
>> Lire aussi : Des députés saluent l’efficacité de la gestion des conséquences du séisme
Des divergences au sein de la majorité
Le communiqué émanant de la «présidence de la majorité» ayant sanctionné cette réunion précise que les leaders de la majorité ont abordé des questions liées à la pratique politique en général et ont convenu de l'importance de les surmonter. Ils se sont engagés à intervenir directement pour résoudre tout ce qui pourrait compromettre la cohésion et l'unité de la majorité. De plus, ils ont exprimé leur ferme volonté de renforcer la coordination, la coopération et le soutien mutuel entre le gouvernement et sa majorité au sein des deux Chambres du Parlement. Ces précisions représentent une réponse indirecte aux rumeurs tenaces circulant depuis quelque temps et qui font état d’une crise sourde au sein de la majorité. Des rumeurs que confortent les déclarations de Abdellatif Ouahbi, chef du PAM, qui a affirmé en substance : «Nous ne ferons pas davantage de concessions au sein de la majorité» (lire www.lematin.ma).
Par ailleurs, au-delà des implications politiques relatives à l’homogénéité de la coalition gouvernementale, le communiqué des partis de la majorité salue «la sagesse et la clairvoyance» des mesures prises sous l’impulsion de S.M. le Roi Mohammed VI pour la gestion des conséquences du séisme du 8 septembre 2023. De même, il réaffirme le plein soutien des trois partis au Programme Royal visant à reconstruire les zones sinistrées, indemniser les victimes et relancer le développement socio-économique dans les provinces touchées.
Engagement pour réussir le programme de reconstruction
Selon le même communiqué, la majorité s'est également félicitée de «la mobilisation totale de tous les départements ministériels» pour la mise en œuvre diligente de ce programme d'urgence. «La majorité gouvernementale exprime la mobilisation totale de tous les départements ministériels et des établissements qui leur sont rattachés, ainsi que leur engagement avec une grande volonté à mettre en œuvre ce programme d’urgence dans un cadre de convergence, de complémentarité, d’efficacité et de rapidité de réalisation et de bonne gouvernance des différents axes de ce programme afin de reloger et d’aider les familles et les citoyens touchés par cette catastrophe naturelle et de lancer des programmes de développement local aux niveaux économique et social», est-il souligné dans ce sens.
Projet de loi de Finances 2024 : la majorité accorde ses violons
Cette mise en harmonie des positions des partis de la majorité tombe à point nommé. Et pour cause, dans peu de temps, l’examen et la discussion du projet de loi de Finances 2024 vont débuter. Les orientations générales de ce texte ont été discutées lors de cette réunion. Visiblement, le RNI a pris soin d'impliquer ses alliés sur ce dossier névralgique – le département de l’Économie et des finances est dirigé par Nadia Fettah Alaoui, ministre RNI – afin d'éviter des critiques qui affaibliraient la majorité devant une opposition aux aguets. À ce propos, le communiqué de la présidence de la majorité met en avant les priorités sociales et économiques du PLF 2024, qui sont en ligne avec le programme gouvernemental. La majorité a mis en exergue les priorités sociales et économiques de ce texte budgétaire, notamment les mesures pour renforcer l'État social dans les domaines de la santé, l'éducation, l'emploi et le logement.
C’est d’ailleurs ce qui explique la présence à cette réunion de Fouzi Lekjaâ – sans étiquette politique – ministre délégué auprès de la ministre de l’Économie et des finances, chargé du Budget, qui y a été invité, apprend-on, pour présenter les grandes lignes du PLF 2024. «Après avoir discuté des orientations générales du projet de loi de Finances pour l’année 2024, la présidence de la majorité gouvernementale a salué les différentes dispositions de ce projet, à travers lequel le gouvernement poursuivra la mise en œuvre des différents programmes sociaux, notamment ceux liés au Chantier Royal visant à renforcer les piliers de “l'État social” dans les secteurs de la santé, de l'éducation, de l'emploi et du logement, en plus de la poursuite du plan gouvernemental visant à stimuler la relance économique et à relever les défis climatiques, particulièrement ceux liés à la gestion de la problématique du stress hydrique», lit-on dans le communiqué, qui écarte ainsi implicitement l’idée d’une éventuelle révision de la note de cadrage relative au PLF et à ses grandes orientations.
Les leaders du RNI, du PAM et de l'Istiqlal se sont en outre félicités du maintien par le FMI et la Banque mondiale de leurs assemblées annuelles à Marrakech comme prévu. Selon eux, cette décision témoigne de la confiance de la communauté internationale dans la capacité du Maroc à surmonter ce drame et dans sa résilience face aux épreuves. De même, les trois formations politiques réaffirment avec force leur volonté de poursuivre leur coordination étroite et leur travail commun au sein de la majorité parlementaire et gouvernementale. Elles s'engagent à consolider leur cohésion et leur complémentarité afin de mettre en œuvre de manière efficace le programme gouvernemental et les Orientations Royales.