Pas moins de 36.383 filles mineures ayant abandonné l’école au cours des deux dernières années (dont 16.383 en 2022) aux fins du mariage ont pu regagner les bancs de l’école, grâce aux efforts conjoints fournis par la présidence du ministère public et le ministère de l’Éducation nationale, ce qui a permis de réduire le nombre d’autorisations accordées au mariage des mineurs. C’est ce qu’a révélé le président du ministère public, El Hassan Daki, lundi dernier à l’occasion de l’ouverture de l’année judiciaire.
En effet, depuis 2021, la présidence du ministère public œuvre en collaboration avec le ministère de l’Éducation nationale, dans le cadre d’un accord de partenariat, pour lutter contre la déperdition scolaire, particulièrement dans les rangs des filles, afin de prévenir le mariage de mineurs. Dans ce sens, des sessions de formation et des réunions de sensibilisation ont été organisées conjointement par les deux ministères, en partenariat avec le Conseil de l’Europe et ONU Femmes, au profit des magistrats relevant du ministère public et ceux chargés de la validation des mariages.
Réduction du nombre d'autorisations accordées au mariage des mineurs
«La présidence du ministère public est engagée dans la lutte contre le mariage de mineures et tous les efforts consentis jusqu’à présent dans ce domaine s’inscrivent dans la mise en œuvre des Directives Royales visant la protection des femmes et des enfants contre les diverses formes d’exploitation et de délinquance», a souligné M. Daki. Selon le haut responsable judiciaire, l’année 2022 a connu à elle seule le dépôt de 20.097 demandes d’autorisation de mariage avec mineures, dont 6.445 ont été rejetées, alors qu’un total de 13.652 demandes ont été validées. «Alors que le texte de loi accorde au magistrat la possibilité de statuer sur l’autorisation de mariage d’un mineur en se basant soit sur l’expérience médicale soit sur l’enquête sociale, les différents parquets insistent de plus en plus sur la nécessité de mener les deux procédures. C’était le cas en 2022 s’agissant de 7.288 demandes. Les parquets généraux ont par ailleurs émis 16.166 requêtes appelant au refus de l’octroi d’autorisation dans le but de défendre l’intérêt du mineur», a indiqué M. Daki.
La lutte contre la déperdition scolaire est l’un des axes de la stratégie de lutte contre le mariage des mineurs
Il convient de souligner qu’un plan d’action intégré de lutte contre le mariage des mineurs a été lancé en novembre dernier. Élaboré à l’initiative de la présidence du ministère public, en partenariat avec plusieurs départements, cette feuille de route vise à éradiquer ce phénomène à travers la mise en place de plans et programmes sensibilisant aux préjudices résultant des mariages de mineurs, en particulier les effets néfastes sur la santé physique et psychologique du mineur et leur coût social en général. Ledit programme prévoit par ailleurs l’adoption à long terme d’une politique publique et d’une stratégie intégrée en matière de lutte contre le mariage des mineurs, axée sur la mise en œuvre de l’obligation de scolarisation et sa généralisation. Pour ce qui est des procédures judiciaires, le programme s’appuiera sur les meilleures pratiques relevées au niveau judiciaire.
