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Scolarisation des filles : des avancées, mais la bataille n’est pas encore gagnée !

Le Maroc a réalisé d’importantes avancées dans la scolarisation des filles ces deux dernières décennies. Malgré ces progrès, il reste encore beaucoup à faire pour libérer le plein potentiel des filles et leur permettre d’être actrices du développement, d’autant que de nouveaux défis émergent.

Scolarisation des filles : des avancées, mais la bataille n’est pas encore gagnée !
Grâce aux programmes de lutte contre le décrochage scolaire, les filles représentent aujourd’hui près de la moitié de l’effectif des élèves qui se rendent à l’école tous cycles confondus.

Une école publique de qualité pour tous. C’est l’objectif de la Feuille de route de la réforme de l’éducation 2022-2026, présentée, la semaine dernière, par le ministre de l’Éducation nationale, du préscolaire et des sports, Chakib Benmoussa. Pour l’instant, le Maroc est encore loin de répondre à cet objectif. Des disparités persistent, notamment en matière de scolarisation des filles, même si durant cette dernière décennie, une attention accrue y a été accordée et des progrès importants ont été enregistrés. «Le Maroc a fait un pas énorme en matière de scolarisation des filles. La situation a nettement évolué durant les dix dernières années. Grâce aux programmes de lutte contre le décrochage scolaire, les filles représentent aujourd’hui près de la moitié de l’effectif des élèves qui se rendent à l’école tous cycles confondus. Elles ont pratiquement toutes accès à l’enseignement primaire. Et grâce à la mise en place des internats “Dar Talib” et “Dar Taliba”, elles sont beaucoup plus nombreuses aujourd’hui à avoir accès au collège et au lycée dans le monde rural où plus de difficultés se présentaient», déclare au «Matin» Chakib Guessous, sociologue et auteur de plusieurs ouvrages et études sur les dynamiques sociétales.

Taux de féminisation élevée dans la médecine dentaire

Le Haut-Commissariat au Plan (HCP) avait publié, en octobre 2021, un rapport intitulé «La femme marocaine en chiffres, 20 ans de progrès» qui montre également les importantes avancées réalisées par le Royaume dans la scolarisation des filles durant les deux dernières décennies. Ainsi, le document fait état de la scolarisation de 90,5% des filles âgées de 15 à 17 ans en 2020 en milieu urbain et de 39,2% en milieu rural contre respectivement 56,3 et 6,1% dans les années 2000. Dans les différentes filières de l’enseignement supérieur, le HCP rapporte que le taux de féminisation a atteint 52,7% en 2019 contre 42,9% en 2000, une évolution portée notamment par la médecine dentaire qui connaît un taux de féminisation de plus de 73%. 

 

Equité et égalité, des défis persistants

Malgré ces progrès, il reste encore beaucoup à faire d'autant que de nouveaux défis émergent. «Les efforts déployés par le Maroc pour tous les enfants vivant sur son sol, en particulier pour les filles, sont remarquables et des progrès notables sont enregistrés d’année en année. Cependant, cela n’est pas suffisant. Ces progrès ne peuvent être soutenus que si les défis persistants en matière d’équité et d’égalité sont surmontés», a indiqué l’Unicef en octobre dernier à l’occasion de la Journée internationale de la fille. Et d’ajouter qu’«aujourd’hui, les statistiques montrent que 76% des jeunes NEET (ni en éducation, ni en formation, ni au travail) sont des filles.

L’émergence de nouveaux défis à cause de nouvelles situations comme la pandémie Covid-19 et l’accentuation des effets du changement climatique ont un impact négatif sur les droits des enfants et ceux des filles en particulier, notamment en matière d’accès à l’éducation».

L’Organisation onusienne a également appelé ses partenaires nationaux à agir pour dépasser les défis actuels et libérer le potentiel de chaque fille en vue de créer un environnement favorable à la concrétisation des ambitions du nouveau modèle de développement du Maroc (NMD). Ce dernier insiste, en effet, sur la nécessité de renforcer les efforts de lutte contre l’analphabétisme et l’abandon scolaire des filles dans l’enseignement collégial et secondaire. «Il faut améliorer l’accès à l’offre d’enseignement dans des conditions permettant la continuité de scolarité pour les filles, notamment à travers des internats, dans le monde rural et dans les petites villes. Il faut également renforcer les canaux de formation, d’orientation et d’insertion tout au long de la vie à travers les programmes de validation des acquis, les plateformes d’éducation en ligne, l’alphabétisation numérique…», recommande le NMD.

La scolarisation, excellent moyen de lutte contre le mariage des filles mineures

Le mariage des mineurs est un fléau qui a la peau dure. La promotion du droit des filles à l’accès à l’éducation peut être un excellent moyen pour lutter contre ce phénomène. «La scolarisation des filles est un facteur déterminant. En effet, on constate que les filles qui se marient à un âge précoce ne sont généralement pas scolarisées. Elles sont aussi des enfants de femmes qui, elles-mêmes, ne sont pas scolarisées», indique Chakib Guessous, sociologue et auteur du livre «Mariages précoces : De l’antiquité à nos jours». «À mon avis, scolariser les filles permettra de réduire le nombre de mariages des mineurs. Il faut pousser les parents, essentiellement dans le milieu rural à changer de mentalités et les convaincre de l’utilité de la scolarisation des filles. Des efforts doivent être également fournis pour lutter contre le décrochage scolaire des filles et leur offrir une place dans le monde du travail. Les statistiques montrent aujourd’hui que dans la plupart des pays où on enregistre un grand nombre de mariages de mineurs, le taux d’activité des femmes est faible».

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