Menu
Search
Jeudi 28 Mars 2024
S'abonner
close
Accueil next Économie

Ce qu'il faut savoir sur les échanges commerciaux Maroc-Espagne

Si les derniers chiffres font ressortir un certain équilibre de la balance commerciale du Maroc dans ses échanges avec l'Espagne, force est de constater que les économies des deux pays présentent un potentiel inexploité et que les deux partenaires sont capables de créer une chaîne de valeur industrielle compétitive à l’échelle régionale.

Ce qu'il faut savoir sur les échanges commerciaux Maroc-Espagne

taux de couverture du commerce extérieur du Maroc avec l’Espagne a tendance à s’améliorer, reflétant une certaine complémentarité des flux commerciaux entre les deux pays. Mais ces deux dernières années, la hausse des prix du carburant a été pour beaucoup dans le déséquilibre de la balance commerciale bilatérale. «C’est vrai, il y a un certain déséquilibre dans les échanges, mais qui s’explique par la montée, en 2021 et 2022, des prix jusqu’à 60% des carburants achetés par le Maroc auprès de son voisin ibérique», nous explique Houda Benghazi, experte des relations Maroc-Espagne et dont le nom est lié au Conseil économique Maroc-Espagne «CEMAES». Selon cette experte qui a occupé le poste de directrice générale du CEMAES jusqu’en décembre 2022 (ce qui lui a valu d’être décorée de la Croix du mérite civil par le Royaume d’Espagne), l’Espagne est le premier partenaire économique du Maroc, depuis huit ans déjà. «L’Espagne a maintenu cette position malgré la pandémie et en dépit de la crise politique qui a secoué les relations entre les deux pays. Cela dénote la solidité des échanges commerciaux bilatéraux. Donc, globalement, l’équilibre caractérise la balance commerciale entre les deux pays. L’Espagne est le premier fournisseur du Maroc, mais également son premier client. La nature des exportations et des importations montrent l’intérêt et la valeur de ces échanges», explique-t-elle.

Les secteurs porteurs

Évoquant les secteurs prometteurs et les niches à explorer dans le cadre du partenariat commercial entre les deux pays, Houda Benghazi cite, entre autres, celui de la production des chaussures et l'immobilier… «Les Espagnols estiment que le Maroc pourrait constituer une plateforme pour fabriquer des chaussures pour l’Europe et pour l’Afrique dans le cadre d’un partenariat avec l’Espagne. Une autre niche à investir est celle de la réutilisation de l’eau, domaine dans lequel l’Espagne est très compétitive, alors que le Maroc a un besoin pressant en la matière. Il y a aussi le secteur de la désalinisation de l’eau au profit de l'agriculture. L’investissement dans les secteurs de l’éducation et de la santé est également porteur d’opportunités», précise notre source.

L'industrie ferroviaire dans le viseur

Par ailleurs, Mme Benghazi insiste sur un nouveau secteur important qui, selon elle, pourrait faire la différence entre le passé et l’avenir dans les relations maroco-espagnoles. Il s’agit de l’industrie ferroviaire. «Les lignes ferroviaires à grande vitesse espagnoles sont devenues une référence à l’échelle mondiale. Il est envisageable, dans le cadre d’un partenariat entre les deux pays, de mettre en place le noyaux d’un écosystème de l’industrie ferroviaire, à l’image de ce qui a été réalisé au Maroc dans le secteur de l’automobile», souligne notre interlocutrice. 

 

----------------------------------------------------

Houda Benghazi Akhlaki, experte des relations commerciales maroco-espagnoles : La complémentarité des économies marocaine et espagnole pourrait favoriser la création de chaînes de valeur régionales

 Pour Houda Benghazi, experte des relations commerciales maroco-espagnoles, le fait que Madrid demeure le premier partenaire économique du Maroc depuis huit ans, malgré la pandémie et en dépit d’une crise politique sans précédent, «dénote la solidité des échanges commerciaux bilatéraux». Cette ancienne directrice générale du Conseil économique Maroc-Espagne (décorée de la Croix du mérite civil par le Royaume d'Espagne) estime que les deux pays peuvent créer des chaînes de valeur industrielles à l’échelle régionale, tellement leurs économies sont complémentaires et présentent des avantages comparatifs indéniables par rapport à d’autres zones économiques.

Quelle est votre lecture des relations économiques entre le Maroc et l’Espagne ?

Les relations économiques entre l'Espagne et le Maroc, développées notamment par les actions volontaires de certaines entreprises privées, ont permis d'amortir les malentendus politiques qui surgissent de temps à autre. Mais aujourd'hui, avec le nouvel élan de partenariat qui se consolide, c’est le dynamisme politique qui va constituer un levier pour les relations économiques entre l'Espagne et le Maroc. On peut s’attendre, dans ce contexte, à un vrai soutien gouvernemental de part et d’autre. Déjà, le Président du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, a annoncé la mise sur pied d’un nouveau protocole de financement de 800 millions d'euros destiné aux projets communs à réaliser par les entreprises espagnoles au Maroc.

Quels sont les atouts qui peuvent rendre cette coopération plus solide ?

Les relations économiques entre le Maroc et l'Espagne doivent être analysées à la lumière du nouveau contexte qui se dessine. Il s’agit, tout d’abord, d’un contexte marqué par la tendance, Covid-19 oblige, à la délocalisation régionale afin d’assurer une gestion adéquate des risques d'approvisionnement dans les chaînes de valeur. Car le contexte pandémique a révélé que les pays asiatiques étaient très éloignés de l'Europe et faisaient peser un risque permanent sur l’approvisionnement. Ensuite, il faut prendre en considération la demande accrue de la proximité dans les chaînes d'approvisionnement, en vue de réduire les coûts logistiques et pour garantir plus de traçabilité s’agissant des produits et aussi en vue de prendre en compte l’élément de l’empreinte carbone.
L'approvisionnement à proximité signifie moins de temps, moins de coûts logistiques et moins d'empreinte carbone. Si l'on y ajoute des coûts salariaux compétitifs, on peut dire que le Maroc a l'opportunité d'être l'usine de l'Europe. L’exemple de la chaîne de valeur automobile régionale liant l’industrie espagnole et marocaine a montré que cette expérience peut être dupliquée dans d'autres secteurs. C’est cette complémentarité économique et industrielle qui pourrait conduire au développement de chaînes de valeur régionales.

Comment faire justement pour renforcer cette chaîne de valeur ?

Pour renforcer la chaîne de valeur maroco-espagnole, il faut qu’il y ait une véritable volonté d'intégration. Pour cela, il faut que les gouvernements travaillent sur deux points essentiels. Le premier concerne l’optimisation de la logistique entre l'Espagne et le Maroc, notamment en multipliant les ports de connexion entre les deux pays. Le deuxième point dépend de l’harmonisation technique et juridique entre les deux côtés du détroit, pour faciliter, au maximum, les échanges. Cela fera de notre position géographique un vrai avantage compétitif.

>> Lire aussi : Maroc-Espagne : une Déclaration conjointe sanctionne les travaux de la Réunion de Haut Niveau

>> Lire aussi : Forum économique Maroc-Espagne : pour un partenariat rénové et à haute valeur ajoutée

Lisez nos e-Papers