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Réforme de la santé : Les 10 défis à relever, selon Dr Tayeb Hamdi

De nombreuses actions ont été menées ces derniers mois, notamment pour la généralisation de AMO, l’amélioration de l’offre de soins… après cette première phase, les professionnels de la santé estiment que c’est maintenant que les vrais risques de mise en marche émergeront. Dr Tayeb Hamdi, médecin et chercheur en politiques et systèmes de santé fait le point, dans une note publié lundi 24 juillet, sur les dix principaux défis à relever pour déjouer les risques la mise en marche de la réforme de santé.

Réforme de la santé : Les 10 défis à relever, selon Dr Tayeb Hamdi

1. Réconcilier le Marocain avec son système de santé

Améliorer d’une manière palpable et rapide la qualité des services et de la relation citoyen/système de santé, en améliorant la gouvernance du secteur public, en régulant le secteur privé, en assurant une justice territoriale, en supprimant les iniquités d’accès aux services de santé et en renforçant la gouvernance et la transparence.

>>Lire aussi : Les révélations de Khalid Aït Taleb sur la réforme de la Santé

2. Bâtir la confiance citoyen/assuré :

L’Assurance maladie obligatoire (AMO) est tributaire de la solidarité et des équilibres qui nécessitent une implication et la confiance du citoyen/assuré, du professionnel de santé et de ses représentants, en communiquant sur cette volonté de changement, en expliquant l'importance du chantier et ses retombées individuelles et collectives attendues. Il faut aussi mettre en place le registre social unifié (RSU).

3. Des femmes et des hommes crédibles pour un processus crédible :

Concrétiser cette volonté de changement sur le terrain et à travers les structures en confiant les missions et les structures à des personnalités connues pour leur expertise, compétence technique, et leurs intégrité morale et crédibilité. La suite du processuel en dépend.

4. Attractivité du service public de santé :

La santé est un service public. Il faut renforcer et améliorer le secteur public, encourager le secteur privé à but non lucratif, motiver et réguler le secteur privé à but lucratif.

Le secteur public demeurera la colonne vertébrale du système de santé, lors des crises sanitaires, pour l’équité sociale, et le levier incontournable de la couverture sanitaire universelle. Son attractivité améliorée lui drainera, par ailleurs, plus d'usagers, et donc plus de ressources financières et plus de qualité.

5. Le panier de soins solidaire :

L’AMO ne pourra prétendre pouvoir assurer tous les services, à tous les bénéficiaires, mais doit garantir le droit à des soins de santé primordiaux de qualité avec équité. Les services complémentaires peuvent être financés autrement. Il est donc incontournable de définir le ou les paniers de soins solidaires et les modalités d’en bénéficier d’une manière équitable et pérenne. Le secteur public et le secteur privé à but non lucratif doivent être préparés pour assumer cette mission, tout en incitant le secteur libéral à but lucratif à s’y impliquer pour réduire au maximum le reste à charge.

6. Les soins de santé primaires :

Un système de santé performant est basé sur la prévention, l'éducation thérapeutique, la promotion d'une vie saine, l’ambulatoire, la médecine de première ligne, la valorisation et l'encouragement de la consultation, le parcours de soins et de santé, l’hôpital du jour, l’hospitalisation à domicile, au lieu d’un système hospitalo-centré.

Toute assurance maladie priorisant la prise en charge des derniers stades des maladies aux dépens de la prévention de ces dernières et de leur prise en charge précoce est vouée à l'échec.

7. Extension du tiers payant à d'autres services médicaux :

Redéfinir la solidarité et finir avec la solidarité inversée. La caisse de compensation censée servir les pauvres, profite plutôt aux riches. Les salariés du privé affiliés à la CNSS cotisent mensuellement sans pouvoir réellement bénéficier des soins à cause des faibles revenus (les deux tiers touchent moins du SMIG), à cause de l'absence du tiers payant dans l’ambulatoire. Les moins lotis financent ainsi le système qui profite le plus aux revenus supérieurs. Ce renoncement aux soins anéantit tous les efforts. L’extension du tiers payant aux soins ambulatoires est une condition sine qua non pour faciliter réellement l’accès aux soins pour l’ensemble des assurés. En attendant sa généralisation, son extension aux assurés à faible revenu dans l’immédiat s’impose, pour donner un sens à l’assurance maladie.

8. Les ressources humaines pour la santé :

La pénurie des professionnels de santé déjà flagrante s’aggrave par l’exode des compétences médicales à l’étranger, la transition démographique et épidémiologique qui appelle à plus de soins, la généralisation de l’assurance maladie qui met plus de pression sur le système, la place que doit occuper désormais la santé comme pilier de développement.

La formation de plus de professionnels, l’amélioration des conditions salariales, de revenus et de travail, la formation continue et l'évolution de la carrière pour maîtriser les flux migratoires. Motiver le retour des compétences médicales marocaines à l'étranger, d'une manière définitive ou provisoire et partielle, tout en en contribuant au renforcement du système de santé de là où ces compétences exercent actuellement.

9. Équité dans l'accès aux soins :

Contribuer à financer le système et bénéficier de ses services doivent obéir aux règles de l’équité pour sa viabilité. Une approche basée sur les droits de l’homme qui prend en considération les besoins de toutes et de tous (régions, rural, femmes, personnes à mobilité réduite, personnes âgées, démunis, maladies psychiatriques…). Les iniquités créent l'injustice sociale qui est facteur destructeur de tout projet social.

10. La digitalisation :

Il faut accélérer le processus de digitalisation du système de santé, la généraliser et vaincre les réticences.

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