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Tahar Ben Jelloun invité du Book Club Le Matin pour présenter son roman «Les amants de Casablanca» (2/3)

À l’occasion de la sortie récente de son roman «Les amants de Casablanca», Tahar Ben Jelloun a été l’invité du «Book Club» du «Matin». Une première rencontre casablancaise a inauguré la tournée promotionnelle nationale, en partenariat avec Sochepress Culture & Éducation, distributeur exclusif du roman.

Durant le «Book Club» de Casablanca, Tahar Ben Jelloun n’a cessé d'insister sur le fait que la condition de la femme est piégée entre tradition et modernité. Dans son roman «Les amants de Casablanca», le personnage de Lamia a commis l’adultère et s’est trouvé lynché par les siens, avant les autres. «Lamia est libre et indépendante, au point où elle se sent disponible pour une histoire : ça arrive, ça ne prévient pas», dit-il avant de préciser «Je ne fais pas l’éloge de l’adultère ou de la trahison, mais qu’on respecte les choix de l’individu.»

L’injustice faite aux femmes

Pour Tahar Ben Jelloun, il n’en serait pas de même si c’était l’homme qui avait commis le méfait. «Quand j’étais tout petit, à neuf ou dix ans, le meilleur ami de mon père avait trouvé sa femme avec un autre homme, sur le lit conjugal. Ma mère me racontait cela comme une tragédie. Évidemment, la femme a été renvoyée avec son amant et n’a pas eu le droit de voir ses enfants. C’était quelque chose qui m’avait choqué. Je ne sais pas si aujourd’hui on pardonne tellement l’adultère» se demande Ben Jelloun.

Mais l’injustice ne s’arrête pas là, selon l’écrivain. Lui, qui dit garder des attaches fortes avec la famille et les amis au Maroc, note un certain nombre de constats alarmants quant à la relation conjugale. Pour commencer, «ce que je vois d’abord, c’est que l’homme marocain, après un certain nombre d’années de mariage, se met à vivre avec ses copains. Il ne sort plus avec sa femme. C’est pathétique et difficile à vivre pour une femme, surtout si elle a un ou plusieurs enfants en charge», mais cela peut être pire. «Parfois, ce mari est violent. Les femmes sont battues dans tous les milieux et dans tous les pays du monde. Ici, on n’en parle pas du tout, par pudeur ou par honte. Et combien de fois j’en ai eu la confidence ! Je ne dis pas qu’il n’y a pas une certaine violence de la part de la femme, mais ce n’est rien comparé à celle de l’homme qui rentre coller une baffe à sa femme», déplore l’auteur.

Des traditions qui entravent

Dans cette injustice, la tradition entretient un schéma malsain. Pour l’auteur, la sexualité est au centre des problématiques des femmes actuellement. «Les traditions ont un rôle important. Mais il y a certaines choses qu’on ne peut plus accepter aujourd’hui. Notamment les deux articles de lois 489 et 490, qui sont anachroniques. Vous imaginez que les jeunes Marocains ne font pas l’amour ? On aurait une société totalement névrosée et complexée», martèle l’auteur.

ajoute, par ailleurs, que l’intégrité de la femme passe par son droit de disposer de son corps et de décider ou non de mener une grossesse à terme. Enfin, il rappelle que l’homosexualité existe dans toutes les régions du globe. Ceci étant, l’écrivain insiste : «J’aime beaucoup les traditions de ma société. Mais l’Islam n’est pas que des interdits. Mon père m’a vu une fois, enfant, en train de faire mes ablutions par un froid de canard. Il m’a appelé et m’a expliqué que l’Islam n’était pas de suivre des règles strictes, mais d’être correct et de ne pas faire de mal à autrui. C’est l’Islam que je professe», conclut l’auteur.

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