Le président du Conseil économique, social et environnemental (CESE), Ahmed Reda Chami, a appelé, vendredi à Rabat, à accorder une importance primordiale «au cloud» au niveau de la stratégie de la transition numérique en cours de finalisation par le ministère de la Transition numérique et de la réforme de l’administration. Dans ce sens, il a préconisé d’établir un plan d’action «Priorité au cloud» visant son déploiement et la promotion de son utilisation en vue d’accélérer la transformation digitale et d’assurer la souveraineté des données.
Intervenant lors de l’atelier de restitution de l’avis du CESE «Le cloud : un levier pour une transformation digitale au service du développement», M. Chami a rappelé que le cloud constituait un levier essentiel pour accélérer et réussir la transition digitale, dans la mesure où il garantit un accès rapide à des infrastructures et services numériques partagés permettant de réaliser jusqu’à 20% d’économie d’échelle. Le cloud constitue par ailleurs un vecteur important pour organiser de manière optimale, comme l’ambitionne notre pays, des événements de portée internationale», note le président du CESE.
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Mais malgré ce potentiel important, ajoute le même intervenant, le Maroc accuse encore un retard dans l’adoption du cloud par les acteurs. En effet, le taux d'externalisation des ressources informatiques ne dépassait pas 14% en 2020, tandis qu'il atteignait 35% en Europe de l'Ouest et 51% en Asie-Pacifique. Par ailleurs, malgré l’existence de plusieurs acteurs nationaux qui proposent des services d’hébergement et de cloud, l’offre nationale demeure manifestement orientée vers les besoins les plus usuels, sans couvrir toute la diversité des offres applicatives et services à haute valeur ajoutée.
Selon l’avis du CESE plusieurs facteurs peuvent expliquer cette situation. Il y a lieu de citer l’existence d’un marché national restreint, en raison d'un faible ancrage de la culture du cloud, ainsi qu’un accès limité au marché international. À cela s’ajoute le coût relativement élevé de la connectivité et le manque de ressources humaines qualifiées, auxquels s’ajoute le retard accusé dans la mise en œuvre de la classification des données en fonction de leur niveau de sensibilité, comme prévu par la loi 05-20 relative à la cybersécurité et son décret d’application.
Partant de ce diagnostic et des enseignements tirés des expériences internationales, le CESE propose un ensemble de recommandations, dont voici les plus importantes :- Mettre en place, à l’instar de l'expérience de l’offshoring, un cadre spécifique pour encourager l’installation des acteurs mondiaux et/ou internationaux du cloud (hyperscalers) au Maroc.
- Mettre en place une solution de cloud souverain (privé ou public) pour les applications et les données à caractère vital et sensible.
- Prioriser l’usage du cloud pour tous les nouveaux projets gouvernementaux et accompagner les administrations dans la migration de leurs systèmes existants vers le cloud.
- Accompagner les TPE/PME désirant adopter le cloud tout en accordant aux entreprises utilisatrices des incitations financières.
- Développer les compétences locales dans les métiers du cloud.
- Promouvoir un écosystème national de startups qui puisse tirer profit de la technologie cloud.
Le CESE plaide enfin pour la mise en place d’un plan d’action «Priorité au cloud» visant son déploiement et la promotion de son utilisation en vue d’accélérer la transformation digitale et d’assurer la souveraineté des données. Selon M. Chami, l’ambition souhaitée de cette feuille de route est de positionner le Maroc en tant qu’acteur régional de premier rang en matière de services cloud, dans le but de s’ériger ensuite, au niveau continental, en tant que «data embassy» en offrant des services avancés du cloud, en veillant à impliquer les acteurs nationaux.