L’Association nationale des éleveurs de poulet de chair (ANPC) s'inquiète de la vente «illégale» des poules pondeuses, ce qui pourrait avoir des conséquences sur la santé des consommateurs. L’Association a adressé, vendredi dernier, une lettre au directeur de l’Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires (ONSSA), pour lui demander d’intervenir en urgence et mettre un terme à cette situation. «Certaines entreprises profitent de l’absence de contrôle pour mettre en vente les poules pondeuses sur les marchés publics et hebdomadaires, et même directement aux consommateurs dans les rues dans certaines villes. Nous appelons les services de l’ONSSA à enquêter sur le sujet et prendre les mesures nécessaires pour mettre fin à ces pratiques», écrit l’ANPC dans sa lettre.
En raison de leur prix bas, les poules pondeuses sont très demandées sur le marché
L’association souligne également avoir remarqué la propagation de ce phénomène depuis l’apparition du virus de la grippe aviaire H9N2. «Ce type de volaille et ses œufs sont vendus librement aux citoyens, mettant leur santé en danger, tandis que cette pratique est interdite en Europe et en Amérique». Joint par «Le Matin», Saïd Janah, secrétaire général de l’Association nationale des producteurs de poulet de chair, affirme que rien qu’au niveau du marché de gros de volaille à Casablanca, 15 à 20 camions de poules pondeuses sont accueillis quotidiennement de manière officielle. «D’autres camions de poules pondeuses sont directement envoyés aux autres villes. Il faut aussi signaler que ce type de poulet est vendu à des prix bas en comparaison avec le poulet de batterie, ce qui le rend très attractif notamment pour les abattoirs et les organisateurs de fêtes et cérémonies», déplore-t-il.
«Il est également important de rappeler que l’alimentation réservée aux poulets de chair destinés à la consommation est différente de celle des poules pondeuses. Ces dernières ont pour mission principale de produire des œufs. Et elles vivent enfermées dans de petites cellules pendant plus d’un an, ce qui a un impact sur la qualité et la valeur nutritionnelle de leur viande», soutient Janah. Le secrétaire général de l’ANPC appelle également à prendre en considération les inquiétudes des éleveurs de poulets, dont les élevages souffrent de maladies "étranges" telles que la laryngotrachéite infectieuse (LTI). «Il s’agit d’une maladie virale des voies respiratoires qui affecte principalement le poulet. Elle est très contagieuse et touche particulièrement les poules pondeuses entraînant une baisse de la production d’œufs, ce qui pousse les sociétés à s’en débarrasser», indique-t-il. Dans la lettre adressée au directeur de l’ONSSA, l’Association appelle à renforcer les contrôles des volailles pour mieux cerner cette maladie.
Que pense la FISA de l'alerte de l'ANPC sur les poules pondeuses
Chaouki Jirari, directeur de la Fédération interprofessionnelle du secteur avicole au Maroc (FISA), estime que les propos de l’ANPC n’ont "aucun fondement". «Nous rejetons catégoriquement tout ce qui a été rapporté dans cette lettre. La poule pondeuse a toujours été commercialisée depuis plus de 40 ans au Maroc. Elle répond à une demande exprimée sur le marché. De plus, les exploitations de poules pondeuses sont contrôlées d’une manière régulière par des vétérinaires agréés et les services vétérinaires de l’ONSSA», affirme le directeur de la FISA. Et d’ajouter que «la grippe aviaire faiblement pathogène existe au Maroc depuis 2016 et qu'elle est contrôlée par un programme de vaccination. La grippe aviaire hautement pathogène, à forte incidence économique sur les volailles et réputée pour être contagieuse n'existe pas, à ce jour, au Maroc».
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