Les tremblements de terre changent la formation géologique des zones où ils se produisent. Il est donc normal d’observer des variations du débit d’eau dans ces régions. Les secousses sismiques peuvent entraîner une augmentation significative du débit, mais elles peuvent également avoir l’effet inverse. Pour expliquer ce phénomène, le géologue Kamal Agherroud indique qu’il est essentiel de souligner que la chaîne atlasique se caractérise par des formations carbonatées. Ces formations sont caractérisées par la présence de nappes karstiques, qui sont des réserves d’eau nichées au cœur des roches carbonatées de l’Atlas. «La création de ces nappes karstiques résulte de l’interaction entre l’activité tectonique et les précipitations», a-t-il précisé, notant qu’à l’échelle géologique, les formations carbonatées subissent des fractures en raison de l’activité tectonique dans la région montagneuse de l’Atlas. Ces fractures sont ensuite élargies par l’infiltration des précipitations, créant ainsi des voies pour la circulation de l’eau et la formation de réservoirs.
>>Lire aussi : La politique d’aménagement du territoire du Maroc doit tenir compte des séismes (Expert)
Le géologue a souligné que la puissance et l’intensité des tremblements de terre peuvent modifier les caractéristiques de ces fractures et les différentes composantes existantes dans les formations carbonatées. De plus, les mouvements sismiques peuvent provoquer l’effondrement des grottes et des gouffres, ce qui peut avoir un impact significatif sur l’écoulement de l’eau.
Pour l’expert en catastrophes naturelles Mohamed Jalil, le phénomène est tout à fait possible. «Avec la secousse sismique, la croûte terrestre est craquelée et les écoulements d’eau qui se font dans les entrailles de la terre ont connu une déviation et, par conséquent, il y a eu un changement dans le circuit de l’eau». Cependant, il explique que certaines sources sont nées à cause des changements dans les fissurations calcaires au niveau du haut de l’Atlas et ça a créé des chemins privilégiés pour les écoulements d’eau. «Par ailleurs, certaines sources déjà existantes ont tari subitement, comme celle de Aïn Betit, située dans la ville de Meknès, qui fournissait 9.000 litres par seconde, qui a complétement disparu, juste après le séisme, et est reparti aujourd’hui avec un débit beaucoup plus important que le débit initial».
Un inventaire à réaliser pour recenser les sources d’eau apparues et disparues
Les séismes peuvent non seulement entraîner l’apparition de nouvelles sources d’eau en modifiant les caractéristiques géologiques, mais également faire disparaître certaines sources existantes. Il est donc impératif, selon Agherroud, de réaliser un inventaire pour recenser les nouvelles sources d’eau qui émergent à la suite de ces événements sismiques et pour identifier les anciennes sources qui pourraient avoir disparues. Cette démarche d’inventaire est cruciale pour mieux comprendre la dynamique complexe de l’eau souterraine dans la chaîne atlasique et pour assurer une gestion durable de cette précieuse ressource face aux défis posés par les tremblements de terre.