Un syndicat des chauffeurs de VTC (véhicules de tourisme avec chauffeur) verra le jour bientôt à Marrakech. Le caïd de l'annexe administrative Asekjor vient de délivrer un récépissé de dépôt au secrétaire général du bureau local des chauffeurs professionnels opérant par applications et nouvelles technologies (affilié au Syndicat démocratique du transport, SDT) de la déclaration de la création de leur bureau local à Marrakech. Beaucoup voient là les prémices d'une réglementation de cette activité au Maroc, qui ne cesse de faire l'actualité en raison des démêlés quasi quotidiens entre chauffeurs de taxi et chauffeurs de VTC.
Un syndicat pour défendre prioritairement les intérêts des conducteurs de VTC
Contacté par «Le Matin» pour mieux cerner les tenants et aboutissants de ce syndicat, le secrétaire général du SDT, Samir Faraby, nous explique que la mission principale de celui-ci est de défendre les intérêts des chauffeurs professionnels devant les sociétés-mères desdites applications. «Il ne faut pas oublier que l’exploitation de ces applications de transport par les chauffeurs de taxi est autorisée dans les villes de Casablanca, Marrakech et Agadir. Ils ont donc besoin d'un syndicat pour défendre leurs intérêts. Maintenant, que l'on voit dans l'autorisation de ce syndicat une avancée vers une régulation générale de cette activité est une bonne chose», nous dit M. Faraby. «Certes, c'est une première, mais à mon sens, il s'agit là d'un fait normal au regard des dispositions de la Constitution et du Code du travail, dont l'article 404 souligne que les syndicats peuvent exercer devant les juridictions tous les droits réservés à la partie civile concernant les faits portant un préjudice direct ou indirect aux intérêts individuels ou collectifs des personnes qu'ils encadrent ou à l'intérêt collectif de la profession ou du métier qu'ils représentent», poursuite le SG du SDT.
VTC : Un syndicat ouvert aux chauffeurs professionnels
En relation toujours avec ce nouveau syndicat, M. Faraby nous précise qu'il est ouvert à tous les chauffeurs professionnels. «Par chauffeurs professionnels, il faut entendre les chauffeurs de taxi, ceux ayant une carte professionnelle, ceux qui disposent d'un permis de confiance, mais qui exploitent leurs propres véhicules au vu des difficultés rencontrées dans les rapports avec les exploitants et porteurs d'agréments (notamment la question de la recette quotidienne à leur remettre) et même les auto-entrepreneurs inscrits au registre national des auto-entrepreneurs en tant que conducteurs». «Nous avons un bureau syndical national pour les chauffeurs ayant le statut d'indépendant. Celui-ci avait récemment saisi la Direction générale de la Sûreté Nationale suite à la recrudescence des pratiques dites de “braquage” par des chauffeurs de taxi à l'encontre de chauffeurs de VTC et la DGSN nous a mis en relation avec la préfecture de police qui était territorialement compétente et qui a rapidement pris des mesures contre ces comportements», nous informe le SG du SDT.
Le transport VTC doit être réglementé
Sur la situation du transport VTC au Maroc, M. Faraby est partisan d'une régulation de ce secteur en mesure de générer des dizaines de milliers d'emplois à revenus décents. Le SDT, dit-il, est le seul syndicat qui se porte en défenseur des chauffeurs de VTC au Maroc, au rang desquels se trouvent des jeunes hautement diplômés ou des chauffeurs qui ont le permis de confiance mais n'ont pas la possibilité de conduire un taxi en raison de l'anarchie qui prévaut dans le secteur. «Ce mode de transport facilite le déplacement quotidien des citoyens, notamment dans les grandes villes, et est très apprécié par les usagers. Je ne comprends pas que le Maroc, leader en Afrique et dans la région MENA pour tout ce qui est progrès technologique, soit à la traîne dans la réglementation du transport en VTC, alors qu'il est autorisé dans la quasi-totalité des pays africains», se demande M. Faraby.
Rappelant un extrait du Discours Royal prononcé à l'occasion du 23e anniversaire de l'accession de Sa Majesté le Roi Mohammed VI au Trône dans lequel le Souverain avait engagé «le gouvernement ainsi que les sphères politique et économique à offrir plus de facilités aux investisseurs étrangers qui, en cette conjoncture internationale, choisissent notre pays, en éliminant tout obstacle qu’ils peuvent rencontrer», soulignant que «le plus grand péril pour le développement du pays et pour la promotion des investissements réside dans les entraves dressées à dessein par certains pour préserver leurs propres intérêts et réaliser des profits personnels».
M. Faraby a précisé par ailleurs : «Nous avons pu négocier avec des sociétés de vente de véhicules et acquérir 400 nouveaux véhicules neufs pour les chauffeurs affiliés à notre syndicat en pleine période de Covid. Avec nous, l'État n'aura pas à faire face à des problèmes de renouvellement de flotte, ni à des problèmes de subventions. Nous sommes tout à fait en mesure de nous prendre en charge et de nous acquitter de nos impôts et des autres charges. La seule chose que nous voulons, c'est travailler dans la légalité». Les dernières statistiques présentées lors de l'émission «Milaf» (dossier) de la chaîne 2M faisaient état de 12.000 chauffeurs, dont plus de 7.000 actifs dans la seule région de Casablanca, ajoute M. Faraby, précisant que son syndicat est même allé jusqu'à soumettre au ministère du Transport une ébauche de loi sur le transport rémunéré de personnes et est disposé à collaborer dans le sens d'encadrer par un dispositif juridique adéquat ce mode de transport via les applications et les nouvelles technologies.
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