Des efforts sont déployés par la direction de l'hôpital ainsi que les responsables du service pour faire connaître cette discipline au grand public et développer des coopérations avec des organismes aussi bien nationaux qu'internationaux de nature à mettre le service au diapason des nouvelles technologies que connaît ce champ médical.
Dans l'interview que nous a accordée Nouzha Ben Raïs, chef du service de la médecine nucléaire à l'hôpital Avicenne à Rabat et coordinatrice nationale auprès de l'Agence Internationale d'Energie Atomique (AIEA), l'accent est mis sur cette spécialité qui souffre encore de la mauvaise réputation qui colle à tout ce qui est nucléaire, les problèmes qui gênent le travail au sein de ce service notamment en matière d'équipement et de personnel et enfin les perspectives inscrites dans l'ordre du jour actuel de l'hôpital.
Plusieurs personnes ont une conception plutôt négative de la médecine nucléaire. Que pensez-vous de cela?
Cette conception est universelle et fausse. Il faut dire que depuis les événements malheureux d'Hiroshima et de Nagasaki, les gens confondent nucléaire et bombe atomique. Le terme, lui-même, leur fait peur.
Or, notre univers baigne dans un univers de rayonnements qui ne sont pas perçus par nos organes de sens : un univers de radioactivité naturelle, c'est-à-dire que la radioactivité fait partie de la nature, de notre environnement.
Il y a même des zones granitiques comme les Indes, l'Iran, le Kerala riches en radioactivité naturelle terrestre… tout comme un vol Paris-New York expose à une certaine radioactivité naturelle d'origine cosmique.
En termes clairs, je dirai que vous, vous êtes radioactive, moi-même et tout un chacun est radioactif, des animaux, des plantes sont radioactifs tout simplement par la teneur en carbone 14 et en potassium 40 qui existe chez l'Homme, les plantes et dans l'atmosphère. Notre terre reçoit des particules qui parviennent de la très haute atmosphère, qui sont véhiculés par le soleil, par les étoiles et qui entrent en interaction en très haute atmosphère et génèrent le tritium et le carbone 14 par exemple. Ça c'est la radioactivité qui provient du rayonnement cosmique.
Il y a aussi la radioactivité terrestre comme les mines d'uranium… Nous baignons dans un monde de radioactivité, nous sommes naturellement radioactif et c'est malheureux que tout ce qui est nucléaire est rapporté aux drames de la bombe atomique. Quelque chose de radioactif n'est pas quelque chose de dangereux si elle est suffisamment maîtrisée et comme le dit l'un de nos grands maîtres " Rien n'est toxique, tout est toxique. Tout est question de dose ".
Comment se présente actuellement l'apport de la médecine nucléaire au niveau du diagnostic et de la thérapeutie de la radioactivité?
S'agissant de l'apport au "diagnostic", il faut savoir que beaucoup de produits radioactifs utilisés sont des produits qui ne sont pas vraiment irradiants et la dose d'irradiation reçue ne dépasse pas souvent les doses reçues en radiologie conventionnelle. Même des examens scintigraphiques, quand l'urgence se fait sentir, peuvent être pratiqués sur des femmes enceintes quoiqu'en général tout produit radioactif ne doit pas être donné à une femme enceinte ou qui allaite parce que le produit radioactif passerait dans le lait maternel et risquerait d'irradier le bébé.
Il faut toujours en médecine nucléaire et dans toutes les pratiques médicales qui utilisent les radiations ionisantes, que ça soit en radiothérapie, en radiologie ou en médecine nucléaire, que le bénéfice soit supérieur au risque.
Concernant le côté thérapeutique, les radiations ionisantes sont multiples, il y a le rayonnement gamma qui est un rayonnement de parcours pratiquement infini et qui est détecté à l'extérieur de l'organisme qui permet la réalisation de la scintigraphie.
A côté, on trouve le rayonnement bêta moins qui est un rayonnement électronique : ce sont des électrons qui ont un parcours limité au niveau d'un tissu ou un organe donné et à cet effet ils peuvent être utilisés pour traiter des tumeurs aussi bien bénignes que malignes.
Il y a aussi dans la pathologie cancéreuse, le traitement palliatif. Il s'agit d'un traitement assez récent qui tend à s'implanter de jour en jour et qui n'est pas malheureusement assez répandu chez nous. Il vise des gens atteints par exemple d'un cancer de la prostate ou d'un cancer de sein à un stade avancé. Ces traitements ne nécessitent même pas une hospitalisation, le malade est retenu à peine 6 heures : par une simple injection du samarium 153 par exemple. Ce traitement palliatif permet de soulager la douleur et éviter des traitements morphiniques.
Pour résumer, je dirai que le taux d'irradiation apporté par la médecine nucléaire est très faible et est justifié par rapport au bénéfice "diagnostique" ou thérapeutique.
Votre service est le seul service de médecine nucléaire au Maroc. Il doit être, par conséquent, hautement sollicité. Est ce que vous disposer du matériel nécessaire pour répondre à toutes les demandes de soin ?
Nous avons un matériel qui est assez vieux dont la quasi-totalité est sous forme de dons. En effet, la gamma caméra actuelle est un don japonais.
Depuis que j'ai été nommée chef de service il y a 6 ans, j'ai redémarré la coopération avec l'Agence Internationale d'Energie Atomique (AIEA) et là j'ai pu faire bénéficier le service de petites gamma caméras, de compteurs gamma et de matériel accessoire.
Et toujours à travers l'AIEA, le nouveau service de médecine nucléaire du CHU Ibn Rochd de Casablanca vient d'être doté d'une gamma caméra pour qu'il puisse démarrer dans les plus brefs délais.
Ce matériel est très coûteux et nécessite des contrôles de qualité, une maintenance qui est actuellement assez bien assurée. L'hôpital a acheté deux compteurs gamma, il y a deux ans mais comme le service n'était pas conçu au départ comme un service de médecine nucléaire, son aménagement laisse trop à désirer.
Ce service reçoit près de 60 malades par jour de tout le Maroc et on a commencé à diversifier les examens en introduisant progressivement des examens dynamiques nouveaux comme les explorations rénales et accessoirement des examens de parathyrïde.
Dans l'interview que nous a accordée Nouzha Ben Raïs, chef du service de la médecine nucléaire à l'hôpital Avicenne à Rabat et coordinatrice nationale auprès de l'Agence Internationale d'Energie Atomique (AIEA), l'accent est mis sur cette spécialité qui souffre encore de la mauvaise réputation qui colle à tout ce qui est nucléaire, les problèmes qui gênent le travail au sein de ce service notamment en matière d'équipement et de personnel et enfin les perspectives inscrites dans l'ordre du jour actuel de l'hôpital.
Plusieurs personnes ont une conception plutôt négative de la médecine nucléaire. Que pensez-vous de cela?
Cette conception est universelle et fausse. Il faut dire que depuis les événements malheureux d'Hiroshima et de Nagasaki, les gens confondent nucléaire et bombe atomique. Le terme, lui-même, leur fait peur.
Or, notre univers baigne dans un univers de rayonnements qui ne sont pas perçus par nos organes de sens : un univers de radioactivité naturelle, c'est-à-dire que la radioactivité fait partie de la nature, de notre environnement.
Il y a même des zones granitiques comme les Indes, l'Iran, le Kerala riches en radioactivité naturelle terrestre… tout comme un vol Paris-New York expose à une certaine radioactivité naturelle d'origine cosmique.
En termes clairs, je dirai que vous, vous êtes radioactive, moi-même et tout un chacun est radioactif, des animaux, des plantes sont radioactifs tout simplement par la teneur en carbone 14 et en potassium 40 qui existe chez l'Homme, les plantes et dans l'atmosphère. Notre terre reçoit des particules qui parviennent de la très haute atmosphère, qui sont véhiculés par le soleil, par les étoiles et qui entrent en interaction en très haute atmosphère et génèrent le tritium et le carbone 14 par exemple. Ça c'est la radioactivité qui provient du rayonnement cosmique.
Il y a aussi la radioactivité terrestre comme les mines d'uranium… Nous baignons dans un monde de radioactivité, nous sommes naturellement radioactif et c'est malheureux que tout ce qui est nucléaire est rapporté aux drames de la bombe atomique. Quelque chose de radioactif n'est pas quelque chose de dangereux si elle est suffisamment maîtrisée et comme le dit l'un de nos grands maîtres " Rien n'est toxique, tout est toxique. Tout est question de dose ".
Comment se présente actuellement l'apport de la médecine nucléaire au niveau du diagnostic et de la thérapeutie de la radioactivité?
S'agissant de l'apport au "diagnostic", il faut savoir que beaucoup de produits radioactifs utilisés sont des produits qui ne sont pas vraiment irradiants et la dose d'irradiation reçue ne dépasse pas souvent les doses reçues en radiologie conventionnelle. Même des examens scintigraphiques, quand l'urgence se fait sentir, peuvent être pratiqués sur des femmes enceintes quoiqu'en général tout produit radioactif ne doit pas être donné à une femme enceinte ou qui allaite parce que le produit radioactif passerait dans le lait maternel et risquerait d'irradier le bébé.
Il faut toujours en médecine nucléaire et dans toutes les pratiques médicales qui utilisent les radiations ionisantes, que ça soit en radiothérapie, en radiologie ou en médecine nucléaire, que le bénéfice soit supérieur au risque.
Concernant le côté thérapeutique, les radiations ionisantes sont multiples, il y a le rayonnement gamma qui est un rayonnement de parcours pratiquement infini et qui est détecté à l'extérieur de l'organisme qui permet la réalisation de la scintigraphie.
A côté, on trouve le rayonnement bêta moins qui est un rayonnement électronique : ce sont des électrons qui ont un parcours limité au niveau d'un tissu ou un organe donné et à cet effet ils peuvent être utilisés pour traiter des tumeurs aussi bien bénignes que malignes.
Il y a aussi dans la pathologie cancéreuse, le traitement palliatif. Il s'agit d'un traitement assez récent qui tend à s'implanter de jour en jour et qui n'est pas malheureusement assez répandu chez nous. Il vise des gens atteints par exemple d'un cancer de la prostate ou d'un cancer de sein à un stade avancé. Ces traitements ne nécessitent même pas une hospitalisation, le malade est retenu à peine 6 heures : par une simple injection du samarium 153 par exemple. Ce traitement palliatif permet de soulager la douleur et éviter des traitements morphiniques.
Pour résumer, je dirai que le taux d'irradiation apporté par la médecine nucléaire est très faible et est justifié par rapport au bénéfice "diagnostique" ou thérapeutique.
Votre service est le seul service de médecine nucléaire au Maroc. Il doit être, par conséquent, hautement sollicité. Est ce que vous disposer du matériel nécessaire pour répondre à toutes les demandes de soin ?
Nous avons un matériel qui est assez vieux dont la quasi-totalité est sous forme de dons. En effet, la gamma caméra actuelle est un don japonais.
Depuis que j'ai été nommée chef de service il y a 6 ans, j'ai redémarré la coopération avec l'Agence Internationale d'Energie Atomique (AIEA) et là j'ai pu faire bénéficier le service de petites gamma caméras, de compteurs gamma et de matériel accessoire.
Et toujours à travers l'AIEA, le nouveau service de médecine nucléaire du CHU Ibn Rochd de Casablanca vient d'être doté d'une gamma caméra pour qu'il puisse démarrer dans les plus brefs délais.
Ce matériel est très coûteux et nécessite des contrôles de qualité, une maintenance qui est actuellement assez bien assurée. L'hôpital a acheté deux compteurs gamma, il y a deux ans mais comme le service n'était pas conçu au départ comme un service de médecine nucléaire, son aménagement laisse trop à désirer.
Ce service reçoit près de 60 malades par jour de tout le Maroc et on a commencé à diversifier les examens en introduisant progressivement des examens dynamiques nouveaux comme les explorations rénales et accessoirement des examens de parathyrïde.
