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L'artiste-peintre Abdellatif Zine expose ses œuvres à Casablanca : les couleurs chaudes du Maroc

Ce sont des couleurs, chaudes et profondes qui vous interpellent dès que vous franchissez la porte d'entrée de la galerie Le chevalet à Casablanca. Les œuvres exposées, signées Abdellatif Zine, dévoilent une démarche qui n'a jamais cédé à la facilité et q

L'artiste-peintre Abdellatif Zine expose ses œuvres à Casablanca : les couleurs chaudes du Maroc
L'œuvre présentée dans les cimaises de la galerie Le chevalet et qui va se poursuivre jusqu'au 10 janvier, reflète la quintessence de quarante années de recherche picturale. Elle dévoile aussi l'appartenance forte et incontestable à un continent, à un pays, à une nation.

Sous son pinceau, des scènes de la vie quotidienne se transforment au gré de nos humeurs et de nos passions. Offrant des visions multiples qui se découpent à l'infini, en permettant à chaque visiteur de s'octroyer ses propres parts de rêve, l'exposition se décline en une multitude d'escales, les unes plus captivantes que les autres. Là, ce sont des scènes de souks, ici, ce sont de magnifiques danseuses, là encore, ce sont de superbes cavaliers…

Mais toutes ces scènes sont magistralement interprétées par l'artiste qui refuse de se cantonner dans un univers artistique étriqué. Sous son pinceau, la toile est multiple. Les objets cessent d'être inanimés ou sans âmes. Ils obéissent à la fantaisie du peintre et à sa passion pour les couleurs.

«Des champs de couleurs se laissent bercer par une brise impressionniste statutaire et salutaire pour nous garantir un balayage magnifique des tons et des formes fraîches et vives. Ses cavaliers à la harka, ses danseuses en cercles parfaits, ses nus en bain maure que la vapeur ensevelit, ses épices saturées de couleur et de brillance, ses personnes en transe aspergés de peinture sont tous au même régime d'exhortation.

Les couleurs disparates se reconstituent et se mélangent dans le regard invitant ainsi à établir un rapport actif à la lecture de l'œuvre, offrant ainsi une sorte de fiesta où le voilage subtil du blanc, en posture de transparence, excite les couleurs et leur donne ce mystère envoûtant propre à Zine», commente un critique d'art. Ainsi, chaque toile est l'occasion pour la résurgence de souvenirs, pour une mise en scène soignée ou encore pour donner libre cours à une créativité débordante. La toile est, en elle-même, une invitation à un voyage à l'intérieur du Maroc, de ses couleurs, de ses habitants, de ses mœurs et traditions.

Se définissant comme un éternel chercheur dans les voies de la créativité, Zine avait initié d'autres formes de création, entre autres arts, le «Music'art» et le «Colors of jazz ». «Les empreintes de la paix», autre moment fort dans le cheminement artistique du peintre l'ont mené, tour à tour sur le Champ de Mars à Paris, au Geant Stadium à New York ou encore sur la Place Rouge à Moscou. Fadae Ennas est une autre manifestation initiée par l'artiste et qui a réussi, pendant des années, à réunir des dizaines d'artistes autour de projets fédérateurs. Le «Sport Art», lancé par l'artiste, avait pour but d'immortaliser les empreintes des sportifs.

«L'idée, explique le plasticien, était de donner corps à une discipline qui, à l'instar des autres, demeure basée sur les scores, les exploits et les résultats, et lorsqu'il s'agit de donner corps à tout cela, artistiquement parlant, cela revient à dire qu'il s'agit de donner une maturité plastique à telle ou telle discipline sportive, car en matière de sport, aucun geste ne ressemble à l'autre d'où l'utilité de l'immortaliser». Cette première mondiale a eu lieu en septembre dernier sur les courts de tennis du complexe Al Amal. El Aynaoui, Arazi et Karim Alami qui s'étaient prêtés, avec beaucoup de grâce à cet entraînement avec des balles imbibées de peinture, ont réalisé une œuvre picturale magistrale. D'autres idées sont mises en chantier par l'artiste qui refuse toujours de vivre loin de tous les soubassements qui secouent la société.

La toile «Les empreintes de l'espoir», réalisée aux lendemains des tragiques évènements de mai 2003 avaient permis, toujours à l'initiative de Abdellatif Zine, à des centaines d'artistes de crier leur refus de l'obscurantisme.
Dans ce sens, explique le peintre, l'artiste est interpellé par tout ce qui se passe dans la société et il peut agir efficacement et participer effectivement à une prise de conscience citoyenne.

Estimant que la peinture est l'ambassadrice par excellence de la culture d'un pays, Abdellatif Zine n'a cessé, depuis plusieurs décennies, de s'insurger contre la marginalisation de l'artiste. Le manque de galeries nationales, de musées est une autre raison qui incite l'artiste à sortir de ses gonds. Ce vide pictural, explique-t-il, est de nature à porter du tort à l'image de marque du pays. Même le budget consacré à l'art est dérisoire et ne pourra jamais participer à l'éclosion de ce domaine. Et en tant que secrétaire général du syndicat des plasticiens marocains, Abdellatif Zine a, à cœur, la mission de l'artiste et son rôle dans la société .

Il tient aussi, à préserver, le statut de l'artiste chèrement acquis. Bouillonnant d'idées, Abdellatif Zine rêve d'une Fondation royale des arts et lettres. Celle-ci regrouperait toutes les forces créatives de la nation, permettrait aux plasticiens, écrivains, artistes, designers, musiciens, photographes, cinéastes de s'unir dans un formidable élan créateur, de donner le meilleur d'eux-mêmes et de travailler dans la perspective de préserver le patrimoine et de veiller jalousement à tout ce qui fait la spécificité de la culture et de l'identité marocaines. L'artiste propose même la mise sur pied d'une banque pour la production et le développement de l'image du pays. Cette banque permettrait l'installation d'un lieu mythique pour la création.

Cette idée chère aux artistes et créateurs marocains serait à même d'impulser le domaine de la création et de donner toutes les raisons d'espérer à l'artiste marocain. Des rêves qui pourraient voir le jour grâce à la persévérance d'un artiste qui a, depuis toujours, refusé d'emprunter les sentiers battus. Et à cet égard, l'exposition qu'il monte actuellement à Casablanca reflète, non seulement cette volonté d'exister et de continuer une œuvre majeure, amis aussi de permettre à l'art de devenir une donne incontournable de notre vécu quotidien.
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