Une façade en forme d’arcade brisée, couronnée de tuiles traditionnelles vertes, à l’intérieur une vaste cour, délimitée par une galerie que rythme une série de colonnes, au milieu de laquelle se dresse une fontaine octogonale… Une architecture qui ne manque pas d’originalité et qui témoigne d’un espace qui a su s’enraciner dans le fil de l’histoire.
C’est au début de la colonisation que le Lycée Moulay Youssef a vu le jour sous le nom du Collège musulman de Rabat. Il s’est installé d’abord sur l’impasse Moulay Mamoun en pleine médina de la capitale. L’objectif de sa création est le même que celui qui a présidé à la mise sur pied de tous les Collèges musulmans en cette époque particulière de l’histoire marocaine: «donner à l’élite de la jeunesse marocaine des foyers de culture musulmane et de sympathie française». Et au delà " éviter les candidatures trop nombreuses qui pourraient amener la formation de déclassés !". C’est peut-être pour cette raison que plusieurs personnes continuent à croire que seuls les étudiants d’une certaine condition sociale peuvent y accéder…
Les cours ont commencé le 7 février 1916 et on comptait alors quelques 90 élèves dont l’âge variait entre 8 et 20 ans. 15 parmi eux étaient des internes dans une maison de l’Administration des Habous. Le programme n’ayant pas été décidé tout de suite, on a avancé à tâtons jusqu’à mai 1919 où un dahir a institué le système des examens.
Le nombre de classes allant en augmentant, l’exiguïté des locaux s’est faite sentir. Le Sultan Moulay Youssef a octroyé au Collège un vaste terrain attenant à la pépinière du palais. Les travaux de construction ont immédiatement démarré et les cours ont repris en octobre 1919 dans la nouvelle bâtisse. Mais contrairement à ce que laisse entendre son appellation et son style architectural arabo-musulman, l’établissement ne faisait pas de l’enseignement religieux sa vocation : «Lors de son inauguration, le Sultan Moulay Youssef a entretenu plusieurs élèves et s’est étonné que l’enseignement juridique et religieux n’était pas inclus et a insisté pour que les deux matières soient au programme. Chose faite avec l’arrêté viziriel du 4 septembre 1920» explique, Ahamed Mechtali, directeur du lycée Moulay Youssef.
En 1921, a été créée la section normale des élèves-maîtres musulmans, titulaires d’un certificat d’études primaires (CE) à qui on accordait une bourse mensuelle de 50 francs. Une fois le CESM (Certificat des Etudes Secondaires Musulman) en poche, ils suivent une formation pédagogique pendant deux ans, au bout de laquelle ils sont affectés comme instituteurs en cycle primaire.
Lors de sa visite, le 5 juin 2002, au lycée Moulay Youssef, où il a fait ses études pendant les années 30, Kacem Zhiri, ancien ministre de l’Education Nationale, a longuement égrené ses «délicieux» souvenirs de collège et a rappelé comment la direction de l’école tenait à encourager les étudiants brillants et à les récompenser de leur assiduité: «on organisait des voyages d’une quinzaine de jours en France pour les meilleurs. J’avais la chance d’y avoir participé. C’était en juin 1939 en compagnie de Mehdi Ben Barka, Abdelkrim el Khatib, Houcein Bekkari et autres».
Le lycée Moulay Youssef compte actuellement quelque 1090 étudiants dont la plupart suivent une filière scientifique, en plus de 286 autres dans les classes préparatoires. Selon son directeur, il n’y a pas de conditions particulières à remplir pour accéder à son établissement : «comme n’importe quel lycée à Rabat, nous sommes liés à deux collèges, selon un découpage du Ministère de l’Education Nationale, dont nous accueillons chaque année les lauréats.
Bien sûr, nous sommes très sollicités : les uns viennent pour inscrire leurs enfants en raison de la bonne réputation du lycée, le taux de réussite qui y dépasse les 90% en baccalauréat et qui est relativement élevé par rapport à d’autres établissements de la capitale.
Les autres parce qu’ils ont fait eux-mêmes leurs études ici et veulent revivre leurs souvenirs d’école à travers leur progéniture» , le directeur de My Youssef ajoute encore que les parents, désirant transférer leurs enfants à ce lycée, présentent une demande à la direction qui donne suite à leur requête s’il y a des places vacantes.
En vue de créer une animation au sein du lycée et permettre à cet établissement de retrouver son rayonnement d’antan, une série d’activités ludo-culturelles sont organisées Des ateliers de théâtre, de musique, d’art plastique, d’éducation environnementale ou encore l’atelier de Bridge qui vient d’être créé en collaboration avec la Fédération Royale Marocaine du Bridge. Mais la fierté du lycée Moulay Youssef reste le club du journalisme mis en place depuis 4 ans en partenariat avec l’association française «Omar le chéri». Un groupe d’élèves ont pu bénéficier d’une formation portant sur l’écriture journalistique, suite à quoi ils ont créé leur journal, La Gazette du Bahut. « il y a un phénomène négatif qui s’installe, de plus en plus ces derniers temps, non seulement au lycée Moulay Youssef mais également dans tous les établissements scolaires : les étudiants ne songent qu’à une seule chose. Avoir de bonnes notes et décrocher un certificat de réussite en fin d’année. Ils font carrément bon marché du reste. C’est-à-dire s’épanouir sur le plan culturel et éducatif. C’est pour cette raison qu’on tient à encourager le travail des ateliers pour permettre de créer une animation culturelle au sein de l’établissement. Dans ce sens, des élèves ont émis le souhait de lancer un atelier des droits de l’Homme. La direction a donné son accord et ils sont en train de préparer actuellement un programme d’activités qui comportera des conférences et d’autres activités se rapportant à ce thème» souligne A.Mechtali.
Les «youssoufistes», quant à eux, semblent, en général, fiers de leur lycée : «c’est l’originalité de son architecture que j’adore le plus. De même, notre lycée est réputé partout pour la qualité de l’enseignement qui y est dispensé et je crois qu’on a eu de la chance d'avoir pu faire nos études ici…», confie l’un d’eux.
«Nos profs sont compétents ; il y a de la bonne animation mais les classes sont incroyablement bondés: on est 47 élèves par classe. Le prof est parfois obligé de mettre une dizaine (de turbulents) à la porte pour soulager la salle», ajoute un autre. Pour les autres le problème est différent: «es filles nous manquent terriblement dans ce lycée. En première année on ne reçoit que les garçons, comme on n’accepte à Lalla Aïcha que les filles, alors qu’il faudrait qu’il y ait les deux sexes pour créer une certaine émulation», lance un troisième d’un air coquin.
Le lycée Moulay Youssef envisage de créer très prochainement une association d’anciens lauréats.
Elle regroupe les étudiants actuels et est ouverte aux anciens «qui veulent aider l’école à aller de l’avant» : «nous sommes en train de discuter de cela avec les délégués des étudiants pour choisir un président pour l’association parmi les élèves», conclut A.Mechtali.
C’est au début de la colonisation que le Lycée Moulay Youssef a vu le jour sous le nom du Collège musulman de Rabat. Il s’est installé d’abord sur l’impasse Moulay Mamoun en pleine médina de la capitale. L’objectif de sa création est le même que celui qui a présidé à la mise sur pied de tous les Collèges musulmans en cette époque particulière de l’histoire marocaine: «donner à l’élite de la jeunesse marocaine des foyers de culture musulmane et de sympathie française». Et au delà " éviter les candidatures trop nombreuses qui pourraient amener la formation de déclassés !". C’est peut-être pour cette raison que plusieurs personnes continuent à croire que seuls les étudiants d’une certaine condition sociale peuvent y accéder…
Les cours ont commencé le 7 février 1916 et on comptait alors quelques 90 élèves dont l’âge variait entre 8 et 20 ans. 15 parmi eux étaient des internes dans une maison de l’Administration des Habous. Le programme n’ayant pas été décidé tout de suite, on a avancé à tâtons jusqu’à mai 1919 où un dahir a institué le système des examens.
Le nombre de classes allant en augmentant, l’exiguïté des locaux s’est faite sentir. Le Sultan Moulay Youssef a octroyé au Collège un vaste terrain attenant à la pépinière du palais. Les travaux de construction ont immédiatement démarré et les cours ont repris en octobre 1919 dans la nouvelle bâtisse. Mais contrairement à ce que laisse entendre son appellation et son style architectural arabo-musulman, l’établissement ne faisait pas de l’enseignement religieux sa vocation : «Lors de son inauguration, le Sultan Moulay Youssef a entretenu plusieurs élèves et s’est étonné que l’enseignement juridique et religieux n’était pas inclus et a insisté pour que les deux matières soient au programme. Chose faite avec l’arrêté viziriel du 4 septembre 1920» explique, Ahamed Mechtali, directeur du lycée Moulay Youssef.
En 1921, a été créée la section normale des élèves-maîtres musulmans, titulaires d’un certificat d’études primaires (CE) à qui on accordait une bourse mensuelle de 50 francs. Une fois le CESM (Certificat des Etudes Secondaires Musulman) en poche, ils suivent une formation pédagogique pendant deux ans, au bout de laquelle ils sont affectés comme instituteurs en cycle primaire.
Lors de sa visite, le 5 juin 2002, au lycée Moulay Youssef, où il a fait ses études pendant les années 30, Kacem Zhiri, ancien ministre de l’Education Nationale, a longuement égrené ses «délicieux» souvenirs de collège et a rappelé comment la direction de l’école tenait à encourager les étudiants brillants et à les récompenser de leur assiduité: «on organisait des voyages d’une quinzaine de jours en France pour les meilleurs. J’avais la chance d’y avoir participé. C’était en juin 1939 en compagnie de Mehdi Ben Barka, Abdelkrim el Khatib, Houcein Bekkari et autres».
Le lycée Moulay Youssef compte actuellement quelque 1090 étudiants dont la plupart suivent une filière scientifique, en plus de 286 autres dans les classes préparatoires. Selon son directeur, il n’y a pas de conditions particulières à remplir pour accéder à son établissement : «comme n’importe quel lycée à Rabat, nous sommes liés à deux collèges, selon un découpage du Ministère de l’Education Nationale, dont nous accueillons chaque année les lauréats.
Bien sûr, nous sommes très sollicités : les uns viennent pour inscrire leurs enfants en raison de la bonne réputation du lycée, le taux de réussite qui y dépasse les 90% en baccalauréat et qui est relativement élevé par rapport à d’autres établissements de la capitale.
Les autres parce qu’ils ont fait eux-mêmes leurs études ici et veulent revivre leurs souvenirs d’école à travers leur progéniture» , le directeur de My Youssef ajoute encore que les parents, désirant transférer leurs enfants à ce lycée, présentent une demande à la direction qui donne suite à leur requête s’il y a des places vacantes.
En vue de créer une animation au sein du lycée et permettre à cet établissement de retrouver son rayonnement d’antan, une série d’activités ludo-culturelles sont organisées Des ateliers de théâtre, de musique, d’art plastique, d’éducation environnementale ou encore l’atelier de Bridge qui vient d’être créé en collaboration avec la Fédération Royale Marocaine du Bridge. Mais la fierté du lycée Moulay Youssef reste le club du journalisme mis en place depuis 4 ans en partenariat avec l’association française «Omar le chéri». Un groupe d’élèves ont pu bénéficier d’une formation portant sur l’écriture journalistique, suite à quoi ils ont créé leur journal, La Gazette du Bahut. « il y a un phénomène négatif qui s’installe, de plus en plus ces derniers temps, non seulement au lycée Moulay Youssef mais également dans tous les établissements scolaires : les étudiants ne songent qu’à une seule chose. Avoir de bonnes notes et décrocher un certificat de réussite en fin d’année. Ils font carrément bon marché du reste. C’est-à-dire s’épanouir sur le plan culturel et éducatif. C’est pour cette raison qu’on tient à encourager le travail des ateliers pour permettre de créer une animation culturelle au sein de l’établissement. Dans ce sens, des élèves ont émis le souhait de lancer un atelier des droits de l’Homme. La direction a donné son accord et ils sont en train de préparer actuellement un programme d’activités qui comportera des conférences et d’autres activités se rapportant à ce thème» souligne A.Mechtali.
Les «youssoufistes», quant à eux, semblent, en général, fiers de leur lycée : «c’est l’originalité de son architecture que j’adore le plus. De même, notre lycée est réputé partout pour la qualité de l’enseignement qui y est dispensé et je crois qu’on a eu de la chance d'avoir pu faire nos études ici…», confie l’un d’eux.
«Nos profs sont compétents ; il y a de la bonne animation mais les classes sont incroyablement bondés: on est 47 élèves par classe. Le prof est parfois obligé de mettre une dizaine (de turbulents) à la porte pour soulager la salle», ajoute un autre. Pour les autres le problème est différent: «es filles nous manquent terriblement dans ce lycée. En première année on ne reçoit que les garçons, comme on n’accepte à Lalla Aïcha que les filles, alors qu’il faudrait qu’il y ait les deux sexes pour créer une certaine émulation», lance un troisième d’un air coquin.
Le lycée Moulay Youssef envisage de créer très prochainement une association d’anciens lauréats.
Elle regroupe les étudiants actuels et est ouverte aux anciens «qui veulent aider l’école à aller de l’avant» : «nous sommes en train de discuter de cela avec les délégués des étudiants pour choisir un président pour l’association parmi les élèves», conclut A.Mechtali.
