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Yamina Bachir dénonce «la culture de la violence» en Algérie

Avec «Rachida», portrait d'une jeune institutrice victime d'un attentat, l'Algérienne Yamina Bachir dénonce avec force, dans ce premier film en forme d'hommage à la femme algérienne, «la culture de la haine et de la violence» qui a plongé son pays dans

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«J'avais besoin de crier, d'exprimer la douleur et la colère qui étaient en moi», dit Yamina Bachir, une femme frêle et déterminée qui a dédié ce cri du cœur, inspiré d'un drame réel, à la mémoire de son frère et de tous les autres qui sont tombés en Algérie.
Présenté au festival de Cannes dans la section «Un certain regard», ce film coproduit par Arte, StudioCanal, Ciné-Sud Promotion, qui sort en France le 8 janvier, a été remarqué dans plusieurs festivals et primé à Amiens (France), Namur (Belgique), Marrakech (Maroc).
Un jour, Rachida (Ibtissème Djouadi, aux magnifiques yeux verts) est entourée par un groupe de jeunes qui veulent l'obliger à déposer une bombe dans l'école où elle enseigne à Alger. La jeune femme refuse et est très grièvement blessée.
Mais elle a protégé les enfants. «Dans la réalité, l'enseignante a été tuée comme l'ont été beaucoup d'enseignantes», précise la réalisatrice dans une interview à l'AFP.
Sortie de l'hôpital, Rachida et sa mère se réfugient dans un petit village où la jeune femme, hantée par la peur, recommence à enseigner. Le cauchemar continue.
A l'occasion d'un mariage, les «barbus» attaquent. La fête se termine dans un bain de sang. Pourtant, le lendemain, dans l'école dévastée, les enfants qui ont échappé au massacre sont de retour.
«Il y a de l'espoir dans la réalité, dit la réalisatrice.
La preuve, je fais un film, les enfants continuent à aller à l'école. «Rachida» n'est pas un film sur la violence, c'est un hymne à la vie».
«Je désirais faire revivre cette fille, raconter son quotidien, parler de son courage, mais pas faire un film militant. Il y a eu plein d'assassinats, j'ai perdu des gens très proches, des amis, des voisins, dit Yamina Bachir, mais cette histoire m'a particulièrement bouleversée».
Monteuse de formation, épouse du réalisateur Mohamed Chouikh («La citadelle», «L'arche du désert»), mère de quatre enfants qui jouent dans le film, Yamina Bachir a pris sa caméra parce qu'«au milieu de ce drame terrible, j'avais besoin de parler avec la seule arme dont je dispose, l'image».
Elle a tourné à Alger et dans les environs. «Cette histoire ne pouvait pas exister ailleurs que dans le pays où je vis» et elle n'a pas peur: «que peut-on craindre de pire que ce qui s'est passé?», demande-t-elle.
Si la violence islamiste est «le summum», selon la réalisatrice, «c'est l'aboutissement de toutes sortes de violences, la violence sur les femmes, l'humiliation de nos jeunes, le chômage, l'ignorance totale de tout ce potentiel... On ne raconte pas l'histoire aux enfants. Malheureusement, pendant 40 ans, nos enfants ont été élevés avec des slogans. Quand les jeunes n'ont plus de repères, ils peuvent tomber dans tous les extrémismes», dit-elle.
Aujourd'hui, la violence est «moins intense peut-être mais c'est aussi ravageur parce que les gens sont moins vigilants. Le terrorisme est toujours là».
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