Le vieil homme est alité. Toute sa détresse, tout son désarroi ont pris place sur le lit de camp de l'hôpital de campagne installé à Imzouren, l'une des communes les plus touchées par le séisme qui frappé Al Hoceïma et sa région.
Le vieil homme est peut-être blessé –on ne le saura pas- il est très probablement choqué et très sûrement traumatisé. Comment ne pas l'être quand on a tout perdu. Comment ne pas l'être quand cette colère souterraine, terrible et qui n'a duré que quelques secondes a tout emporté, tout détruit et saccagé des vies souvent bien précaires dans une région pauvre et longtemps marginalisée. Al Hoceïma l'oubliée, aujourd'hui région sinistrée.
Dans sa djellaba immaculée, le vieil homme au visage aux mille rides- témoignage de ce temps qui passe, qui passe- a sûrement une histoire. On se surprend, en quelques secondes, à l'imaginer. Il devait habiter une maison construite après de dures années de labeur. Sa famille devait l'entourer, comme il est de tradition dans le Rif. Son épouse devait sûrement être respectueuse autant que ses enfants devant le chef de famille et le sage qu'il était ; un statut que l'âge lui avait conféré.
Le vieil homme est alité. Une immense tristesse se lit sur son visage, fatigué, épuisé par cette cruelle épreuve. Puis, il voit le Roi. Là, dans cet hôpital de campagne, les décombres des maisons qui se sont écroulées comme des châteaux de carte, sont à quelques pas. Le Roi est là, alors que la terre n'en finit pas de trembler. Le Roi est là, à son chevet, lui, le vieil homme à la djellaba blanche immaculée. La tristesse de son regard semble comme balayée. Péniblement, il se dresse. Ne veut plus lâcher la main du Souverain. Il parle, il parle, il n'en finit pas de parler dans un mélange d'arabe et de tarifit. La voix étranglée par l'émotion, ce vieux Rifain qui a tout vu et n'attend rien de personne, dit au Souverain : “ Dieu merci que je t'ai vu . Dieu merci, je peux encore te baiser la main ”. Il dit toute son émotion de voir le Souverain, là, au plus près du drame.
Il ne se plaint pas. Il n'évoque aucunement le grand malheur qui doit être le sien. Non. Il est tout à son émotion de pouvoir toucher et toucher encore la main du Roi. Depuis ce petit lit de camp, installé dans un coin d'un hôpital de campagne et de fortune, le vieil homme à la djellaba élève des prières, en tarifit, à l'adresse du Souverain. Il ne demande rien, ne sollicite rien du Monarque .
Non, il s'adresse à Dieu et prie pour le Roi. C'était dimanche, à Imzouren, six jours après le séisme. Et tant pis pour tous ceux qui ne préfèrent que les trains arrivant en retard…
Le vieil homme est peut-être blessé –on ne le saura pas- il est très probablement choqué et très sûrement traumatisé. Comment ne pas l'être quand on a tout perdu. Comment ne pas l'être quand cette colère souterraine, terrible et qui n'a duré que quelques secondes a tout emporté, tout détruit et saccagé des vies souvent bien précaires dans une région pauvre et longtemps marginalisée. Al Hoceïma l'oubliée, aujourd'hui région sinistrée.
Dans sa djellaba immaculée, le vieil homme au visage aux mille rides- témoignage de ce temps qui passe, qui passe- a sûrement une histoire. On se surprend, en quelques secondes, à l'imaginer. Il devait habiter une maison construite après de dures années de labeur. Sa famille devait l'entourer, comme il est de tradition dans le Rif. Son épouse devait sûrement être respectueuse autant que ses enfants devant le chef de famille et le sage qu'il était ; un statut que l'âge lui avait conféré.
Le vieil homme est alité. Une immense tristesse se lit sur son visage, fatigué, épuisé par cette cruelle épreuve. Puis, il voit le Roi. Là, dans cet hôpital de campagne, les décombres des maisons qui se sont écroulées comme des châteaux de carte, sont à quelques pas. Le Roi est là, alors que la terre n'en finit pas de trembler. Le Roi est là, à son chevet, lui, le vieil homme à la djellaba blanche immaculée. La tristesse de son regard semble comme balayée. Péniblement, il se dresse. Ne veut plus lâcher la main du Souverain. Il parle, il parle, il n'en finit pas de parler dans un mélange d'arabe et de tarifit. La voix étranglée par l'émotion, ce vieux Rifain qui a tout vu et n'attend rien de personne, dit au Souverain : “ Dieu merci que je t'ai vu . Dieu merci, je peux encore te baiser la main ”. Il dit toute son émotion de voir le Souverain, là, au plus près du drame.
Il ne se plaint pas. Il n'évoque aucunement le grand malheur qui doit être le sien. Non. Il est tout à son émotion de pouvoir toucher et toucher encore la main du Roi. Depuis ce petit lit de camp, installé dans un coin d'un hôpital de campagne et de fortune, le vieil homme à la djellaba élève des prières, en tarifit, à l'adresse du Souverain. Il ne demande rien, ne sollicite rien du Monarque .
Non, il s'adresse à Dieu et prie pour le Roi. C'était dimanche, à Imzouren, six jours après le séisme. Et tant pis pour tous ceux qui ne préfèrent que les trains arrivant en retard…