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Hamadi Hamidouch, l'artificier à la tête et aux pieds d'or

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Les uns l'appelaient «Tête d'or», les autres le nommaient «Pied d'or». En fait, il était les deux à la fois. Le jeune Hamadi était un doué du ballon rond depuis son enfance. Il a fait un passage éphémère en division Amateurs avant de jouer en D1 française et marocaine. Il força la porte des sélections nationales à l'Hexagone et au Maroc.

Après avoir décroché son diplôme, il a été sollicité par de nombreux clubs en quête de coaches de valeur. Un autre chapitre concluant qui permit à Hamidouch de prendre en charge l'Equipe du Maroc, de Guinée et de Malaisie. Il sera consultant auprès de chaînes satellitaires marocaines et arabes. Le football n'a pas de secret pour cet homme grand de taille, de talent et d'une modestie exemplaire. Un sportif comblé.

Et pourtant, les habitants de cette bourgade perdue au pied de l'Atlas, Tedders, ne pouvaient soupçonner qu'en ce jeune Hamadi sommeillait un prodige. A l'aube de l'indépendance du Maroc, et alors qu'il était encore à l'école primaire, Hamidouch lisait des revues de sport spécialisées. Pour les acquérir, il cassait sa tirelire et descendait à Rabat, situé à 80 bornes de là. Copa et Fontaine étaient ses idoles. Il rêvait de leur ressembler surtout qu'il était la vedette de l'équipe de son patelin. Il a été engagé parmi les seniors alors qu'il était âgé à peine de 15 ans. Les dirigeants avaient tout simplement truqué sa licence.

On peut se permettre parfois de violer la loi mais à condition de lui faire un bel enfant, dirait l'autre. Et ce sera le cas. Le prodige n'a pas déçu. Il a été déclaré meilleur buteur de la Ligue du Gharb. De nombreux grands clubs locaux de D1 se mettaient à ses trousses. Mais lui, il voulait être pro. Ce vœu sera exaucé en 1958, quand il avait accompagné son frère aîné parti en stage de deux mois en France.

A la plage de Saint Tropez, il tapa dans l'œil d'un connaisseur qui lui fit une offre mirobolante : jouer au sein de l'équipe de l'US Vandom tout en poursuivant ses études. Conquise, la presse locale titrait : «Hamidouch, la nouvelle étoile». Sept grands clubs pro le courtisaient. Il opta finalement pour le Red Star (1959), l'année même où il avait obtenu son bac scientifique, au lycée Ronsard à Paris. Quatre saisons intenses, ponctuées du titre de meilleur buteur de D2. Hamidouch renforça les rangs de la sélection française juniors, puis universitaire, puis celle de la Ligue du Centre et de Paris. En 1965, il regagna soudainement le bercail et signa au CODM avec lequel il réussit la montée en D1 avec à la clé le titre de meilleur buteur de D2 (73 buts). Et comme cerise sur le gâteau, il lui offrit la Coupe du Trône grâce à un but d'ontologie : « J'ai eu le grand honneur d'avoir reçu un coup de fil de Feu Sa Majesté Hassan II qui m'avait félicité pour le but que j'ai marqué et qu'Il avait trouvé sublime ».

Les FAR vont l'engager et réussir avec lui deux titres de champion, une Coupe du Trône et deux titres de vice-champions du monde militaire. Il était dans le team qui a battu le Réal Madrid à la Coupe Mohammed V (4-3) : « Les FAR avaient en ce temps-là le calibre d'une équipe européenne ». Parallèlement, Hamidouch était titulaire à part entière dans la sélection nationale. Il participa aux éliminatoires des J.O de Tokyo (1964) et de Mexico (1968). Il fut l'un des artisans de la qualification au Mondial aztèque de 1970.

Malheureusement pour tout le monde, il ne sera pas du voyage à Guadalajara, en raison d'une malencontreuse blessure en championnat : « c'est le plus grand regret de ma vie». En 1978, il revint au CODM pour achever son périple de joueur. Il ne chômera pas une seconde. Le légendaire coach national, Guy Cluseau, le nomma comme adjoint. Une nomination de raison plutôt que de cœur car Hamidouch alliait l'expérience sur le terrain à une formation théorique commencée dix ans plus tôt alors qu'il était encore joueur.

Aux côtés de Cluseau, ils qualifièrent le Maroc à la finale des Jeux méditerranéens de Split (Yougoslavie) et aux J.O de Moscou (1980). Mais l'humiliante défaite contre l'Algérie (1-5) à Casablanca sera un Tsunami qui balaya le staff technique national à part Hamidouch. Il n'arrive pas toujours à digérer cet écueil : « Il y a beaucoup à dire concernant ce match qui a été conditionné par des considérations extra sportives, des gens ont cassé la préparation de notre sélection ».

Il conduira la sélection au match retour (3-0), mettant dans le bain une nouvelle génération qui s'appelait Baddou Zaki, Aziz Bouderbala et consorts, ceux-là mêmes qui vont marquer l'histoire du football arabo-africain en se qualifiant au second tour de la Coupe du Monde mexicaine de 1986. Hamidouch a failli qualifier le Maroc au mondial ibérique de 1982 mais échoua en demi-finale face au Cameroun à Kenitra (0-2). Encore une fois de plus, la faute incomberait à des saboteurs : « Nous avons été éliminés à cause de la programmation du match dans un petit terrain et par l'intervention de certaines personnalités haut placées pour imposer des joueurs qui ne devraient pas jouer».

Hamidouch est remercié et remplacé par Ammari désigné adjoint du nouveau coach arrivant, le Brésilien Valente. Hamidouch, lui, revient au CODM qu'il coacha jusqu'en 1988. Dans la période, il a dirigé la sélection nationale de Guinée et de Malaisie. Il s'est attelé pour consolider son bagage en poursuivant des stages à l'étranger.

Il prendra en charge plusieurs équipes dont le KACM avec lequel il gagna la Coupe Arabe, en 1990. Hamidouch est désigné au sein de la Direction Technique Nationale qui a monté la sélection juniors, vainqueur de la Coupe d'Afrique de 1997. Devenu de notoriété auprès des instances continentale et internationale, il est mandaté par la CAF en tant qu'instructeur et par l'UEFA qui le convoque pour assister à des séminaires.

Entraîneur des entraîneurs, Hamidouch est élu à la présidence de l'Amicale des entraîneurs du Maroc pendant dix ans et à la vice-présidence de l'Alliance des Footballeurs du Monde.

Un palmarès trop riche qui atteste du temps consacré : « quand on aime, on ne compte pas. J'ai beaucoup donné au football au détriment de ma santé, de mon temps et de ma famille. Heureusement que j'ai une femme qui m'a beaucoup soutenu ». Ses enfants ont grandi, l'un est pharmacien, l'autre directrice d'études. Hamidouch peut ainsi continuer son chemin. Il se lança dans la prospection de jeunes talents dans le cadre de l'opération Al Qadam Addahabi (Pied d'or). «J'ai toujours voulu encourager les jeunes car moi-même j'ai eu cette chance ».

La restructuration de la fédération telle qu'elle a été décidée ne plait pas à Hamidouch : « Elle est mal faite car la Fédé n'a pas pris en considération les avis des entraîneurs. Je suis contre cette démarche car elle ne conduira à rien puisqu'on a omis de commencer par la base. Nous n'avons finalement ni football de masse ni football d'élite. Nous disposons d'une équipe nationale composée entièrement de joueurs évoluant à l'étranger. Rien ne se fait au sein des clubs en termes de formation, de marketing... Pour instaurer un système pro, il faut des ressources humaines pro, une infrastructure adéquate, etc. ».

Pour la participation marocaine à la CAN égyptienne, il n'a pas de réponse précise quant à l'évolution probable de notre team national : « Le Maroc peut gagner cette Coupe comme il peut être éliminé au premier tour. Nous avons un nouvel entraîneur, un nouveau discours et une nouvelle approche. En tout cas, la CAN ne dépend pas du seul entraîneur qu'il soit marocain ou étranger ».
Une question reste posée : y aurait-il une explication au fait que Hamidouch et autres figures de proue soient oubliés par les nouveaux concepteurs de la restructuration de la fédération ?
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