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Cézanne, mort il y a 100 ans et père de la peinture moderne

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Que sait-on de Paul Cézanne ? Qu'il fut l'ami d'enfance d'Emile Zola, peignit 80 fois la montagne Sainte-Victoire de sa chère Provence et des pommes posées sur des tables de guingois.

L'artiste mort il y a 100 ans, est aussi, tout simplement, le père de la peinture moderne. De lui, Picasso dit un jour : «Cézanne, c'est notre père à tous». Tous, ce sont les peintres du fauvisme, du cubisme et de l'abstraction qui vont chacun, au début du XXe siècle, «systématiser une direction prise par Cézanne», dit Denis Coutagne, directeur du Musée Granet d'Aix-en-Provence.

Cézanne «fait la synthèse d'une peinture qu'ils vont explorer plus tard. Il est le père, et à la fois le fils, de la peinture moderne», ajoute le commissaire français de l'exposition «Cézanne en Provence» (Washington, 29 janvier-7 mai, Aix-en-Provence, 9 juin-17 sept).

Paul Cézanne est né le 19 janvier 1839 à Aix-en-Provence dont il écrira plus tard «Quand on est né là-bas, c'est foutu, rien ne vous dit plus». Son père le veut banquier ou avocat, il veut être peintre. Le jeune Paul prend des leçons à l'école de dessin locale avant de «monter» à Paris en 1861, sur les instances de son ami Zola.

Il y fréquente l'atelier du peintre Suisse où il rencontre Pissarro, échoue deux fois aux Beaux-arts, expose au Salon des Refusés.

C'est la première époque, celle de la «peinture couillarde», selon sa propre formule, une peinture lourde, épaisse, au couteau, «mais tout de suite maîtrisée», affirme M. Coutagne. Dans les années 70, Cézanne «vit l'aventure impressionniste», ajoute Sylvie Patin, commissaire de l'exposition Cézanne-Pissarro au Musée d'Orsay (28 février-28 mai) à Paris. «Aux côtés de celui qu'il appelle «l'humble et colossal Pissarro», Cézanne éclaircit sa palette», dit-elle, et va travailler +sur le motif+, en pleine nature.

Admiré des peintres mais rejeté par la critique qui déconseille aux femmes enceintes de regarder du Cézanne pour «ne pas donner la fièvre jaune à (leur) fruit», l'artiste repart à Aix en 1976, alternant ensuite ses séjours dans le Midi et la région parisienne. «Cézanne est un teigneux, qui n'a pas envie de voyager», dit M. Coutagne.

C'est «un paysan, cultivé, mais un paysan. Il revient chez lui, il aime la Provence, qui lui apporte la force de sa lumière qui découpe les formes. Sa mer est plane, terreuse, c'est de la matière. Cézanne peint la matière, il fait entrer la réalité dans la peinture», ajoute le directeur du Musée Granet.

A l'Estaque, l'artiste peint «des toits rouges sur une mer bleue» (Lettre à Pissarro, 2 juillet 1876), travaille sur le rapport forme-couleur, compose des natures mortes. «Quand Cézanne peint une pomme», dit M. Coutagne, «il ne peint pas l'extérieur de la pomme, il peint la pomme avec sa chair, peint son dialogue avec les autres pommes, sa place dans la composition». Quand ses tables sont de guingois, «c'est un changement de perpective, il annonce le cubisme», dit Mme Patin. «Il voit l'objet de manière intellectuelle, on passe des Baigneuses aux Demoiselles d'Avignon» de Picasso, ajoute-t-elle.

En 1899, Cézanne s'installe définitivement à Aix. Sa peinture se synthétise. S'enchaînent les thèmes célèbres des Baigneuses, de la Sainte-Victoire, des Jardinier Vallier. Le 15 octobre 1906, un orage surprend le peintre. Vilipendé par la critique, admiré des jeunes peintres, inconnu du public, Cézanne le solitaire meurt dans la nuit du 22 au 23 octobre d'une congestion pulmonaire.
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