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Samedi 18 Mai 2024
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Carrière Sidi Othman en voie de disparition

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A Sidi Othman, à côté du cinéma Al Athmania, un bidonville à perte de vue se dresse. Les ménages qui y sont issus occupent, depuis des années, des «baraques-cages» dont la superficie moyenne ne dépasse guère les 30 m2. Ils y vivent dans des espaces insalubres supportant le froid glacial de l'hiver et la chaleur torride de l'été. Les incendies ont, de tout temps, été la bête noire de ces habitants qui, en quelques instants, perdent tout ce qu'ils possèdent de précieux.

En briques sur des terrains publics et privés, sans titre de propriété, ces baraques ont été construites au début des années 60, et même avant. C'était à l'époque d'une industrialisation qui a vu des centaines de milliers de paysans s'installer à Casablanca et à ses pourtours. L'éradication des bidonvilles à Casablanca fait l'objet d'un programme gouvernemental doté de 4,1 milliards de DH sur six ans.

L'une des premières opérations d'éradication se passe à la carrière Sidi Othman où plusieurs baraques sont déjà démolies. L'opération est entreprise depuis plusieurs jours à la grande joie des habitants, contents de rejoindre leurs nouveaux logements. «C'est pour mes enfants. Ils ne peuvent pas continuer à vivre ici. Cherchez un travail avec l'adresse de la carrière, et vous pouvez toujours attendre avant d'être convoqué à un entretien», souligne une mère de famille.

Et d'ajouter que son attente a duré plusieurs années.
«Cela fait des années que j'attendais ce grand jour. Je peux enfin quitter mon taudis pour un appartement confortable», a-t-elle précisé. Sur place, on peut voir des dizaines de baraques entièrement détruites. Leurs anciens propriétaires s'activent à récupérer des morceaux de tôle, de zinc et des barres de fer qu'ils pourront revendre sur le marché pour gagner un peu d'argent.

Avec ma femme et mes trois enfants, nous avons bénéficié d'un logement dans le cadre du programme «Villes sans bidonvilles. Et là nous sommes en train de récupérer tous les objets qui peuvent être vendus. Si on ne le fait pas nous même, d'autres le feront à notre place. Il vaut mieux récupérer tous les matériaux susceptibles d'être vendus et partir la tête tranquille», précise Mohamed, 43 ans. A quelques mètres de la baraque de Mohamed, plusieurs jeunes ramassent des matériaux extirpés des gravas d'une autre, rasée.

Dans une atmosphère bon enfants, les jeunes heureux de quitter enfin leurs taudis ne cachent pas leur satisfaction, « vous ne pouvez pas imaginez la joie de pouvoir enfin vivre ailleurs. On ne va plus nous traiter de fils de carrière. On va nous aussi habiter des immeubles comme tout le monde et sortir de ce lieu sans éprouver aucun sentiment de honte», précise un jeune garçon d'une voix émue.

Du côté des personnes relogées, les difficultés n'étaient pas négligeables. Les gens étaient habitués à avoir une sociabilité de proximité autour des points d'eau pour la lessive, par exemple. Avec leur nouveau logement, ils ont perdu cette habitude.

Car qui dit relogement, dit nouvel espace normalisé où le contrôle social n'est pas forcément bien vécu par les habitants, commente un membre d'une cellule d'accompagnement des familles relogées. Néanmoins, il explique que la situation est encourageante. Les inquiétudes s'estompent. L'image des «gens des baraques» se dilue. Pour leur part, les autorités ont dû faire preuve de persuasion en investissant massivement dans la réalisation de logements décents et dans de nouvelles infrastructures.

Pour rappel, trois méthodes sont préconisées pour mener à bien le programme de lutte contre les bidonvilles. La première méthode : la restructuration, c'est-à-dire la mise en place du réseau d'assainissement, de l'eau potable et de l'électricité sur le site. Elle concerne 70% des bidonvilles ciblés. La deuxième : le recasement (octroi de lots de terrains) et la dernière : le relogement.


Une cellule d'accompagnement sera mise en place pour chaque site. Elle répondra aux besoins de la population concernée en matière de construction, de montage de financement en micro-crédit, d'assistance dans l'auto-construction et de mise à disposition des plans.
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