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Mardi 21 Mai 2024
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Essaouira rend hommage au peintre Boujemâa Lakhdar

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Un hommage posthume a été rendu, jeudi soir à Essaouira, à l'artiste Boujemâa Lakhdar, qui a marqué de son sceau la scène picturale souirie et nationale.
Lors de cette rencontre-hommage, organisée par l'Association Salam pour la culture et le développement en collaboration avec l'association Essaouira-Mogador, le gouverneur de la province, Abdeslem Bikrat, a annoncé l'aménagement prochainement d'une salle au sein du musée de la ville pour abriter les œuvres de cet artiste pluridisciplinaire.

M. Bikrat a aussi fait savoir qu'une commission sera mise en place avec pour mission de réunir et rassembler l'ensemble des recherches et manuscrits inédits du défunt en vue de les éditer et de les publier. Doyen de la peinture souirie et l'un des pionniers de la peinture contemporaine marocaine, Boujemâa Lakhdar, né en 1941 dans le Cité des Alizés, s'initia en autodidacte à l'art dès son jeune âge. Par son œuvre et son intérêt pour la culture, il compte parmi les personnalités et les artistes les plus marquants de la scène picturale et culturelle.

Tout en développant son activité artistique, il achève avec succès ses études universitaires à la faculté des Sciences de Rabat. En 1980, il fut nommé conservateur du musée Sidi Mohammed Ben Abdellah d'Essaouira, auquel il a contribué activement à sa création.

Il a en parallèle suivi des études de sociologie à Rabat et d'ethnologie à Paris. Fortement inspiré par les arts et les traditions populaires du Maroc, le défunt Lakhdar se consacra à des recherches dans différents domaines tels la magie populaire, les chants traditionnels, la sculpture, l'artisanat et l'histoire de sa ville pour laquelle il vouait une passion particulière. En tant qu'artisan et artiste, il a toujours réussi à étonner par la créativité et l'originalité
de son œuvre.

Dans ses sculptures, il introduisait avec soin et souplesse des figures géométriques ciselées dans des plaques en cuivre. Initié aux pratiques des anciens artisans, par le biais de l'observation participante, il sut maîtriser et faire la synthèse de leur savoir ancestral dans des compositions artistiques fort savantes. C'est le cas de son insolite astrolabe musical, entre autres objets ésotériques.

Pendant ces trente années, il n'a cessé de créer. Depuis 1959, il a exposé dans plusieurs villes du Maroc, et aussi en France, à l'occasion de la sixième Biennale de Paris. Le couronnement de sa longue carrière artistique fut en 1989, date de son décès, avec la sélection de quelques unes de ses compositions pour l'exposition universelle intitulée «Les magiciens de la terre» au Centre Beaubourg à Paris, où il fut le seul représentant du Maghreb.

Sur l'œuvre de Boujemâa Lakhdar, l'écrivain Mohamed Sijilmassi disait que «c'est un univers ambigu, magico-mystique qu'il transpose dans ses sculptures-objets, où le bois, le cuivre, l'argent, la peau, la toile, le papier s'ordonnancent avec une certaine provocation pour recevoir des signes-symboles qui seront gravés, peints, incrustés ou ciselés.

Et d'ajouter que «cherchant délibérément ses formes dans ce réservoir inépuisable de culture arabo-berbère et africaine, il renoue avec le langage oublié des signes, des symboles et des mythes qui constituent la trame de ses œuvres».

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