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Samedi 18 Mai 2024
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La politique de relogement s'accélère

A 9h45min, ils étaient tous au rendez-vous au siège de la wilaya du Grand Casablanca. Les représentants de différents médias marocains et étrangers sont si impatients et curieux de découvrir l'état d'évolution des travaux relatifs à la résorption des bido

La politique de relogement s'accélère
Pour une fois, les journalistes sont conviés à visiter les chantiers de construction au lieu d'assister aux innombrables présentations de maquettes.

Première destination, Aïn Sebaâ. Une fois au projet Lakrimat, le directeur de la société Idmaj Sakan, Abderrahmane Ifrassen, présente fièrement un appartement témoin de 55 m2. Situé dans une zone villa, ce projet est destiné aux habitants des bidonvilles de Aïn Sebaâ-Hay Mohammadi.

Selon les responsables de cette opération, 118 appartements ont été réalisés pour l'instant alors que le projet consiste en la construction de 1.500 logements dont 444, soit 30%, sont destinés au relogement des propriétaires de baraques.

Dans ce cadre, Idmaj Sakan, le promoteur privé Laben, la commune urbaine et le ministère chargé de l'Habitat se sont donné un délai de 12 mois pour éradiquer tout le bidonville. Toutefois, les bénéficiaires doivent débourser la somme de 75.000 dirhams pour l'acquisition de leurs 2 chambres et salon.

Toutefois, cette solution n'est pas au goût des résidents du bidonville avoisinant. « La majorité desdits bénéficiaires sont des chômeurs et de vieilles personnes qui ne pourront jamais payer une somme pareille», nous confie une jeune femme qui est en train de faire sa lessive à la borne fontaine du «quartier».

«Les responsables ne veulent pas prendre en considération que plusieurs familles se sont agrandies depuis le dernier recensement. A titre d'exemple, nous sommes actuellement 9 personnes à vivre dans la même baraque en plus de mon frère récemment marié. Je ne vois pas comment on peut partager deux chambres et un salon», ajoute une autre voisine. Réunis autour de leurs vieux taudis en zinc, les bidonvillois sont tous unanimes: «Etablir un tel projet est une bonne chose mais il faut diminuer le montant à payer et prendre en considération le nombre des membres de chaque foyer».

Pour les responsables de la wilaya comme ceux d'Idmaj Sakan, la réponse est simple : «On qualifie de famille toutes les personnes qui utilisent la même cuisine. De fait, ces derniers n'auront qu'un seul appartement». Concernant les difficultés de paiement, le directeur de la société Idmaj Sakan affirme que l'Etat subventionne déjà ce projet à hauteur de 40.000 dirhams par ménage. «En outre, ajoute-t-il, une fois qu'on procède à la vente des logements, il s'affirme que 90% des bénéficiaires ne manquent pas vraiment de moyens financiers. Par ailleurs, le système du crédit Fogarim permet aux attributaires de profiter d'un crédit via la modique mensualité de 500 à 700 dirhams.

A propos des problèmes des handicapés et des vieilles personnes qui ne peuvent pas payer, on essaie de leur trouver des solutions en collaboration avec les associations et les commissions de l'INDH».
Apparemment la wilaya du Grand Casablanca est décidée à éradiquer toutes poches d'habitat insalubre. Aucune protestation ne peut alors la désister de ses projets.

Chose confirmée par le wali, Mohamed Kabbaj. Au cours d'un léger briefing, lors du déjeuner, avec Abderrahmane Ifrassen, M. Kabbaj affirme «qu'on ne peut pas satisfaire tout le monde, mais l'essentiel est d'arrêter une fois pour toute la prolifération des bidonvilles».
Dans ce cadre, il n'hésite pas à intervenir personnellement afin de résoudre les difficultés qui achoppent à l'avancement du projet Ennakhil pour le recasement des bidonvillois de la province de Nouaceur. Le wali parle même de sanctions sévères pour tous les fraudeurs qui essaieront de profiter de cette opération.

Plus précisément, seules les personnes recensées pourront bénéficier de ces logements à prix réduit. «Afin d'encourager les bénéficiaires à s'installer dans ces résidences, ils s'engagent à ne pas vendre leurs logements durant une période de 5 ans», précise Ifrassen.

Opérations Sidi Bernoussi

Du côté de Douar Ben M'sick à Sidi Bernoussi, l'ambiance est plus calme. «Les bénéficiaires de cette opération font preuve de beaucoup d'indulgence», affirme Khadija Al Amjad, chef de division d'accompagnement social à la société Al Omrane. Dans un climat civique, 2.027 ménages des bidonvilles de Ben M'Sick se sont installés en mars 2006 dans de nouveaux appartements de 55m2.

Pour ce faire, chaque attributaire a dû débourser 80.000 dirhams alors que l'Etat a participé à hauteur de 73.000 dirhams par ménage. Il est à noter que cette opération de relogement a absorbé un budget de 397 millions de dirhams.

Après la visite de ce projet pilote, les représentants des médias ont eu droit à des explications sur les chantiers ouverts pour le recasement des bidonvillois du Douar Sekouila à Sidi Moumen et du douar Thomas à Ahl Loghlam. A eux seuls, ces deux projets pourront reloger près de 10.000 ménages.

Toutefois, les bénéficiaires vont être recasés, cette fois, dans des lots bi-familiaux de 84 m2 en R+3. Le projet prévoit également la mise en place de services sociaux et des unités industrielles à côté du projet Salam II.

Les pouvoirs publics ont réservé plus de 1.500 m2 pour l'implantation des équipements sociaux, tels un dispensaire, des écoles, etc. Les bénéficiaires auront à débourser 35.000 DH par ménage pour l'acquisition du lot. «Les gens qui n'ont pas de ressources financières pour construire, peuvent avoir recours à l'aide d'un promoteur en contrepartie d'un appartement gratuit», affirme un responsable du projet.

Et afin de faciliter la tâche aux citoyens, la société Al Omrane a mis à leur disposition un guichet unique où ils peuvent trouver tous les représentants des banques, des notaires, de la conservation foncière et de Lydec. «Nous leur fournissons également des plans types et des services d'architectes afin d'accélérer la procédure de construction», souligne Khadija Al Amjad.

Les projets Nouaceur et Dar Bouazza

Après le projet Salam II, direction Nouaceur, la visite au projet Ennakhil laisse voir des immeubles construits pour le logement de 910 ménages. Etablis sur une superficie de 3,5 hectares, ce projet est doté d'un budget de 109 millions de dirhams dont la contribution des ménages est de 55.000 dirhams chacun. «Le prix de ces appartements est réduit grâce à la contribution de l'agence de logement et d'équipements militaires qui nous a octroyé le terrain gratuitement.

En outre, l'ONDA a participé avec la construction de 15.000 logements. Ainsi, nous allons prochainement procéder à la livraison de 325 appartements dans la première tranche. Par ailleurs, la 2e partie est en train d'être finalisée. Entre-temps, on élimine au fur et à mesure les baraques des bénéficiaires afin de continuer les travaux», explique un ingénieur du projet.

«La différence du prix entre un projet et un autre est due à la superficie du terrain et au nombre des ménages à recaser», indique Abderrahmane Ifrassen. Vers 16 heures, à Dar Bouazza, plus précisément au projet Errahma, les terrains destinés au recasement, se nichent toujours des taudis construits en bois et en zinc, rappelant la pauvreté de cette population qui vit par mendicité dans le cimetière avoisinant. La formule de cette opération est la même que pour les autres projets de Casablanca. Néanmoins, la superficie de ces lots bi-familiaux est de 70 m2. Celle-ci profitera à 6.500 ménages et coûtera 300 millions de DH et la contribution des bénéficiaires ne sera que de 15.000 DH.

Cependant, les bidonvillois n'ont pas l'air d'apprécier cette solution car ils n'ont pas de revenus stables et ne peuvent assumer les traites du crédit Fogarim. «Avoir des lots c'est bien mais des appartements prêts seraient encore mieux,d'autant qu'on nous interdit de construire des commerces sans l'apport de 25.000 dirhams par ménage», ajoutent-ils. «Les résidents de quelque 3.500 baraques souhaitent avoir non seulement des aides à la construction mais aussi des terrains ou des appartements gratuits.

La seule chose qu'on peut faire est de les aider à avoir un prêt total y compris la somme d'avance », conclut le directeur de la société Idmaj Sakan. Reste à s avoir si les bidonvillois peuvent contracter deux crédits et payer deux échéances à la fois.

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Apport de l'ADS

Au niveau du projet Errahma, l'Agence de développement social (ADS) travaille en collaboration avec les associations locales afin d'accompagner la population dans ce changement social.
Les agents de l'ADS essayent ainsi de créer une dynamique dans les quartiers.

Pour ce faire, ils procèdent en premier lieu à la collecte des informations et à l'établissement d'un diagnostic des besoins des citoyens. Ensuite, ils créent des cellules de sensibilisation et de formation au profit des bidonvillois.

Actuellement, l'ADS a une seule priorité : contrecarrer la mendicité des enfants et l'abandon scolaire.

Par ailleurs, l'ADS organise des formations de plomberie et de construction de bâtiment afin d'aider les nouveaux attributaires à autoconstruire leurs logements mais aussi à trouver, par la suite, un emploi stable.

Cependant, Mohamed Ahlaou, chef d'équipe à l'ADS dénonce les agissements de certaines personnes qui sèment la zizanie parmi les bidonvillois et les poussent à refuser les offres de relogement.
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