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Lahcen Ahansal, le chevalier du désert

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Né en 1971, dans le petit village de Jbel Bani, à 25 km de Zagora dans une modeste famille de cinq enfants (Mohamed, Fatima, Youssef, lui-même et Mohammad), Lahcen Ahansal n'avait jamais eu à l'esprit de pratiquer le sport à haut niveau.

«Dans notre petite bourgade, on jouait, mon frère et moi, avec les gosses du village, à divers jeux sans jamais imaginer un jour pratiquer officiellement le sport», confie Lahcen.

Néanmoins et par rapport à ses copains du village, il se sentait très fort physiquement. Du reste, il était toujours classé premier dans les courses. Après avoir rejoint le groupe scolaire d'Amezrou, Lahcen participa à une course organisée par l'école et se classa deuxième.

«C'était là ma première expérience officielle qui m'encouragea à persévérer dans l'effort», raconte Ahansal.

Laissé à lui-même, sans encadreur, Lahcen, à chaque sortie de l'école, s'entraînait dans la nature, à l'instar de tous les gamins du village.

«S'entraîner, c'est trop dire car nous courions, nous tapions dans un ballon ou nous jouions à cache-cache sans penser réellement à nous améliorer», avoue Lahcen Ahansal qui prendra part, par la suite, à plusieurs courses organisées par son école. Et puis un jour de 1990, il apprit que la Fédération Royale marocaine d'athlétisme viendrait à Zagora en vue de détecter des futurs champions. Mais trois jours avant la date prévue, Lahcen est averti que la sélection se fera à Ouarzazate, loin de 165 km de son village.

«Il m'a fallu chercher et trouver difficilement l'argent du voyage. Mais je suis arrivé en retard. Heureusement, les responsables m'ont permis d'effectuer le test», se rappelle Lahcen.

Deux semaines plus tard, Ahansal reçoit une missive l'invitant à se présenter à l'école nationale d'athlétisme proche du complexe sportif Prince Moulay Abdallah à Rabat.

«Sans argent, venant d'un petit village, j'étais impressionné et intimidé aussi bien par la grande ville de Rabat que par mes amis de l'école qui venaient de villes très proches de la capitale», se souvient Lahcen.

Après un mois d'entraînement (2 heures le matin et 2 heures l'après-midi), il est convoqué pour le championnat national de Cross Country à Safi d'où devaient être choisis les représentants du Maroc pour les championnats du monde.

«Aux côtés de Skah et Hissou entre autres, je n'ai pas pesé lourd et donc j'ai été prié, quinze jours plus tard, de repartir chez moi après avoir reçu 300 DH», se remémore Lahcen Ahansal.

Bien entendu, la déception fut grande pour Ahansal qui cachera à ses amis son renvoi.

Malgré le doute et souvent le désespoir, le jeune athlète continuera à s'entraîner pour donner le change à ses amis qui croyaient toujours à son retour à Rabat.

Une chance tombée du ciel se présentera à Lahcen Ahansal lors du marathon des Sables, dont le départ de la sixième édition fut donné de Zagora.
«N'ayant pas d'argent pour m'inscrire, je me présentai au départ avec ma foukia sous laquelle j'avais enfilé mon short et mes espadrilles, seules reliques de l'école nationale d'athlétisme. Une fois le départ donné, j'enlevai ma foukia et m'engageais à la grande surprise des organisateurs avec le reste du peloton.

Bien entendu, mon intrusion fut remarquée aussi bien par les organisateurs, Patrick Bauer en tête, que par la presse. A l'arrivée, je pouvais me classer premier, mais j'ai laissé passer un concurrent officiel», raconte Ahansal.
« Après la fin de l'étape, on m'expliqua que sans frais de participation et sans assurance, je ne pouvais pas continuer la course.

Mais les responsables de Sidi Ali me promirent de me sponsoriser lors de la septième édition. C'est ce qui fut fait avec notre équipe constituée d'Abdallah Radif, Saïd Mandar et moi-même », confie Ahansal.

Pénalisés d'une demi-heure chacun pour manque de médicaments, Ahansal et ses équipiers furent classés troisièmes.
Lors de la huitième édition de ce marathon des Sables, Ahansal, par manque de sponsor, ne sera pas de la partie.

Parrainé par la CTM, il prendra part à la 9e édition et sera classé cinquième.
Lahcen abandonnera lors de la 10e édition avant de se classer 5e lors de la onzième, derrière son frère qui participait pour la première fois.

Lahcen est classé premier lors de la douzième édition relayé par son frère, l'année suivante avant d'imposer sa suprématie en remportant les 14e, 15e, 16e, 17e, 18e, 19e et 20e étapes. Ce qui a fait dire à un plaisantin :
«Patrick Bauer sera obligé de donner en héritage le Marathon des Sables à Lahcen Ahansal».

Parallèlement à ce marathon, Ahansal a remporté une fois l'Austra-Marathon, en Autriche, une fois le Val de Travers en Suisse, dont il possède toujours le record, deux fois des courses en France (les Gorges du Verdun et le Beaujolais près de Lyon), une victoire en Espagne et un autre aux U.S.A.

Par ailleurs, Lahcen Ahansal a remporté 4 victoires au Désert Marathon de Libye et une seconde place au marathon organisé par Red Bull à Rio de Janeiro au Brésil.
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