Youness et son copain, tous deux mineurs, observaient la scène du bout de la ruelle et se tordaient de rire face au comportement de Hassan. « Appelle la police si tu veux que je bouge d'ici, espèce de sac à rides… », hurlait Hassan, en agitant les bras, à l'intention de Brahim, 68 ans. L'homme en colère, toutes cordes vocales dehors, a fini par rameuter tout le quartier. Non seulement il avait perdu son contrôle, mais il était ivre mort. La scène se passe à Derb Chaouch, dans un quartier populaire de Marrakech.
Pendant qu'il piquait sa crise d'hystérie, Hassan fut surpris par le sexagénaire qui lui assena un coup de poing dans l'abdomen. Fou de rage, Hassan se rua sur Brahim, le jeta à terre et se déchaîna avec une violence inouïe sur lui. Coups de poing et de pieds s'abattaient sur le vieil homme sans aucune pitié. C'est à ce moment que les riverains 111viennent et libèrent Brahim de la prise de Hassan, qui se débattait encore et qui était dans un état second.
La trêve ne durera pas plus de quelques minutes, pour que les deux hommes s'accrochent de nouveau, roulent par terre, jusqu'au moment où Brahim se releva. Hassan ne se relèvera pas. Il ne se relèvera plus, en fait, il avait un couteau planté dans le torse, au niveau du cœur. Il sera tran114é à l'hôpital Ibn Tofaïl, tandis que les éléments de la police judiciaire se rendront sur les lieux.
La tante de Hassan les mit au courant d'une partie de l'histoire et leur indiqua la maison n°68. Les enquêteurs frapperont à cette porte et c'est Brahim qui leur ouvrira la porte. Il reconnaîtra les faits et mettra à la disposition de la police l'arme du crime, un simple couteau avec un manche en plastique.
Une fois dans les locaux de la police, la déclaration du vieil homme fut prise et, pendant son 111rogatoire, de mauvaises nouvelles en provenance de l'hôpital faisaient état du décès de Hassan suite à ses blessures.
L'affaire semblerait close, vu que le mis en cause a reconnu les faits, que la police s'est retrouvée avec un cadavre sur les bras et il ne manquait plus que l'instruction de l'affaire.
Cela ne se passera pas, cependant, de façon aussi simple. Un vrai casse-tête se profilait à l'horizon et l'affaire, la vraie, ne faisait que commencer.
La police se retrouvera, en effet, avec deux versions des faits : celle de Brahim et l'autre rapportée par trois témoins, dont Youness.
Ce soir-là, il devait être 23h, en ce mois de décembre 2006, lorsque la porte n°68 s'ouvra, laissant entrevoir une partie du carrelage de la maison, au gré d'un faible éclairage. On ne dormait pas encore.
Brahim sortit ainsi de chez lui et se dirigea vers l'épicerie du coin, qui reste ouverte jusqu'à une heure tardive. Il est sorti acheter du lait pour un petit déjeuner du lendemain, qui n'aura jamais lieu.
En refermant la porte derrière lui, il remarqua trois individus en train de boire à la belle étoile, dont Hassan qu'il connaissait bien, pour la simple raison qu'il le fait souvent sous la fenêtre de Brahim. Chose que le sexagénaire exècre à un point qui est facilement compréhensible. Lui, le retraité, est souvent obligé de rester éveillé à cause du vacarme signé Hassan et ses compères.
Brahim n'adressa pas un mot aux deux lurons et passa son chemin. A son retour, il s'en est pris à la future victime, le sermonnant de quitter les lieux, car il y avait des femmes et des enfants qui ne pouvaient supporter les obscénités prononcées par Hassan et ses compagnons de beuverie. Initiative à laquelle Hassan répondit violemment et entra dans une colère aveugle. La suite, on la connaît. Sauf que le point de discorde concernait le deuxième round de la bagarre.
Dans son témoignage, en présence de son père, vu qu'il est encore mineur, Youness déclara avoir vu Brahim sortir un couteau de sa veste, menaçant Hassan de lui faire regretter de l'avoir tabassé. Suite à quoi, toujours selon Youness, Hassan se rua sur le vieil homme, et après que les deux belligérants aient roulé par terre, la victime se retrouva avec le couteau planté dans le cœur.
«Comment pouvais-je avoir un couteau sur moi alors que je sortais faire une petite course, à deux pas de la maison?», s'insurgeait Brahim lors de son procès, chose qu'il a répétée à maintes reprises face aux enquêteurs.
Ce dernier a en effet déclaré à la police que c'est Hassan, réputé pour être un «soûlard de première», qui a sorti le couteau de sa poche, et qui l'avait pris en plein cœur de manière tout à fait accidentelle. La police d'abord, puis la justice, se retrouveront ainsi avec cet horrible dilemme sur les bras. Qui croire alors ?
La version du sexagénaire, honnête père de famille, sorti faire une petite course, ou celle des témoins qui veut que Hassan n'ait jamais sorti de couteau de ses poches ?
Saïd, l'un des deux individus qui partageaient la bouteille de Hassan ce soir- là, a déclaré qu'avant la deuxième empoignade entre les deux hommes, il avait tenté de les en empêcher, mais qu'il avait perdu l'équilibre et s'est retrouvé par terre. En se relevant, a-t-il dit, il a vu Brahim tenant un couteau à la main, un couteau surgi de nulle part, pour ainsi dire.
Quant au troisième témoin, Abdelaziz, celui-ci a déclaré sous serment qu'il a bel et bien vu Brahim sortir le couteau de sa veste. A retenir que les deux derniers témoins sont ceux qui étaient en train de s'enivrer avec la victime.
En fin de compte, la sentence tombera tel un couperet: Brahim fut condamné à quinze ans de prison ferme, assortis d'une amende de 20.000 DH au profit des parents de Hassan, ainsi que de la somme de 30.000 DH au profit de l'épouse de la victime et de ses quatre enfants.
Le sexagénaire 111jettera appel, avec l'intime conviction de voir sa peine réduite. Nous y reviendrons.
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Or bien supporter l'alcool favorise l'accoutumance qui autorise une plus grande fréquence et une plus grande consommation».
Et comme pour toute consommation, les abus sont nombreux. Un juge d'instruction, qui a préféré garder l'anonymat, ne le dément pas, «un grand nombre de personnes relevant des tribunaux le sont en raison de l'alcool, soit directement en raison de la conduite d'un véhicule sous l'emprise d'un état alcoolique, soit indirectement, si l'on sait que la plupart des infractions de fin de semaine sont le fait de jeunes désoeuvrés, livrés à eux-mêmes, et qui noient leur ennui dans la boisson.
Ce constat est plus flagrant vers la fin du Ramadan, période durant laquelle nous restons sur nos gardes pour éviter les excès. Le résultat s'appelle, au choix, selon les circonstances : outrages aux mœurs, bagarres sanglantes, dégradations des bâtiments publics, allant parfois jusqu'au passage au délit pénal».
Pendant qu'il piquait sa crise d'hystérie, Hassan fut surpris par le sexagénaire qui lui assena un coup de poing dans l'abdomen. Fou de rage, Hassan se rua sur Brahim, le jeta à terre et se déchaîna avec une violence inouïe sur lui. Coups de poing et de pieds s'abattaient sur le vieil homme sans aucune pitié. C'est à ce moment que les riverains 111viennent et libèrent Brahim de la prise de Hassan, qui se débattait encore et qui était dans un état second.
La trêve ne durera pas plus de quelques minutes, pour que les deux hommes s'accrochent de nouveau, roulent par terre, jusqu'au moment où Brahim se releva. Hassan ne se relèvera pas. Il ne se relèvera plus, en fait, il avait un couteau planté dans le torse, au niveau du cœur. Il sera tran114é à l'hôpital Ibn Tofaïl, tandis que les éléments de la police judiciaire se rendront sur les lieux.
La tante de Hassan les mit au courant d'une partie de l'histoire et leur indiqua la maison n°68. Les enquêteurs frapperont à cette porte et c'est Brahim qui leur ouvrira la porte. Il reconnaîtra les faits et mettra à la disposition de la police l'arme du crime, un simple couteau avec un manche en plastique.
Une fois dans les locaux de la police, la déclaration du vieil homme fut prise et, pendant son 111rogatoire, de mauvaises nouvelles en provenance de l'hôpital faisaient état du décès de Hassan suite à ses blessures.
L'affaire semblerait close, vu que le mis en cause a reconnu les faits, que la police s'est retrouvée avec un cadavre sur les bras et il ne manquait plus que l'instruction de l'affaire.
Cela ne se passera pas, cependant, de façon aussi simple. Un vrai casse-tête se profilait à l'horizon et l'affaire, la vraie, ne faisait que commencer.
La police se retrouvera, en effet, avec deux versions des faits : celle de Brahim et l'autre rapportée par trois témoins, dont Youness.
Ce soir-là, il devait être 23h, en ce mois de décembre 2006, lorsque la porte n°68 s'ouvra, laissant entrevoir une partie du carrelage de la maison, au gré d'un faible éclairage. On ne dormait pas encore.
Brahim sortit ainsi de chez lui et se dirigea vers l'épicerie du coin, qui reste ouverte jusqu'à une heure tardive. Il est sorti acheter du lait pour un petit déjeuner du lendemain, qui n'aura jamais lieu.
En refermant la porte derrière lui, il remarqua trois individus en train de boire à la belle étoile, dont Hassan qu'il connaissait bien, pour la simple raison qu'il le fait souvent sous la fenêtre de Brahim. Chose que le sexagénaire exècre à un point qui est facilement compréhensible. Lui, le retraité, est souvent obligé de rester éveillé à cause du vacarme signé Hassan et ses compères.
Brahim n'adressa pas un mot aux deux lurons et passa son chemin. A son retour, il s'en est pris à la future victime, le sermonnant de quitter les lieux, car il y avait des femmes et des enfants qui ne pouvaient supporter les obscénités prononcées par Hassan et ses compagnons de beuverie. Initiative à laquelle Hassan répondit violemment et entra dans une colère aveugle. La suite, on la connaît. Sauf que le point de discorde concernait le deuxième round de la bagarre.
Dans son témoignage, en présence de son père, vu qu'il est encore mineur, Youness déclara avoir vu Brahim sortir un couteau de sa veste, menaçant Hassan de lui faire regretter de l'avoir tabassé. Suite à quoi, toujours selon Youness, Hassan se rua sur le vieil homme, et après que les deux belligérants aient roulé par terre, la victime se retrouva avec le couteau planté dans le cœur.
«Comment pouvais-je avoir un couteau sur moi alors que je sortais faire une petite course, à deux pas de la maison?», s'insurgeait Brahim lors de son procès, chose qu'il a répétée à maintes reprises face aux enquêteurs.
Ce dernier a en effet déclaré à la police que c'est Hassan, réputé pour être un «soûlard de première», qui a sorti le couteau de sa poche, et qui l'avait pris en plein cœur de manière tout à fait accidentelle. La police d'abord, puis la justice, se retrouveront ainsi avec cet horrible dilemme sur les bras. Qui croire alors ?
La version du sexagénaire, honnête père de famille, sorti faire une petite course, ou celle des témoins qui veut que Hassan n'ait jamais sorti de couteau de ses poches ?
Saïd, l'un des deux individus qui partageaient la bouteille de Hassan ce soir- là, a déclaré qu'avant la deuxième empoignade entre les deux hommes, il avait tenté de les en empêcher, mais qu'il avait perdu l'équilibre et s'est retrouvé par terre. En se relevant, a-t-il dit, il a vu Brahim tenant un couteau à la main, un couteau surgi de nulle part, pour ainsi dire.
Quant au troisième témoin, Abdelaziz, celui-ci a déclaré sous serment qu'il a bel et bien vu Brahim sortir le couteau de sa veste. A retenir que les deux derniers témoins sont ceux qui étaient en train de s'enivrer avec la victime.
En fin de compte, la sentence tombera tel un couperet: Brahim fut condamné à quinze ans de prison ferme, assortis d'une amende de 20.000 DH au profit des parents de Hassan, ainsi que de la somme de 30.000 DH au profit de l'épouse de la victime et de ses quatre enfants.
Le sexagénaire 111jettera appel, avec l'intime conviction de voir sa peine réduite. Nous y reviendrons.
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Alcool : une accoutumance dangereuse
C'est le danger qui guette tous les buveurs réguliers. Karim Bensouda, médecin généraliste le confirme : « Boire régulièrement de l'alcool engendre une accoutumance du corps et on a tendance à croire qu'on tient bien l'alcool.Or bien supporter l'alcool favorise l'accoutumance qui autorise une plus grande fréquence et une plus grande consommation».
Et comme pour toute consommation, les abus sont nombreux. Un juge d'instruction, qui a préféré garder l'anonymat, ne le dément pas, «un grand nombre de personnes relevant des tribunaux le sont en raison de l'alcool, soit directement en raison de la conduite d'un véhicule sous l'emprise d'un état alcoolique, soit indirectement, si l'on sait que la plupart des infractions de fin de semaine sont le fait de jeunes désoeuvrés, livrés à eux-mêmes, et qui noient leur ennui dans la boisson.
Ce constat est plus flagrant vers la fin du Ramadan, période durant laquelle nous restons sur nos gardes pour éviter les excès. Le résultat s'appelle, au choix, selon les circonstances : outrages aux mœurs, bagarres sanglantes, dégradations des bâtiments publics, allant parfois jusqu'au passage au délit pénal».