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Sidi Messaoud, le guérisseur des fous

Le lieu attire les fidèles assoiffés de «baraka»

A la sortie de Casablanca, sur la route de Marrakech, des centaines de Casablancais font régulièrement le pèlerinage sur la tombe de Sidi Messaoud.

Sidi Messaoud, le guérisseur des fous
Ce mausolée au style arabo-mauresque attire aussi bien les fidèles assoiffés de «baraka» que les visiteurs à la recherche d'un cadre reposant. «C'est un grand lieu de rassemblement populaire notamment durant les week-ends et jours fériés», indique un habitant de la région.

Venus en voiture ou à pied, des dizaines de silhouettes, habillées presque toutes en djellaba, traversent discrètement la porte du mausolée incrustée d'arabesques.

A peine arrivés dans la cour dallée de zellige aux couleurs vives, les fidèles se précipitent pour accéder à la chambre funéraire et se livrer à leurs rituels. Réunis autour de la tombe de Sidi Messaoud, certains hôtes du lieu prient à haute voix alors que d'autres préfèrent garder l'intimité de leurs pensées, pour ne la partager qu'avec le maître du temple.

À l'intérieur de ce lieu de culte, des soupirs, des larmes, des secrets et des douleurs se mélangent avec les récitations du Coran et de panégyriques du Prophète pour réconforter les cœurs attristés. Au dire de quelques visiteurs, ce saint est connu pour son esprit apaisant et ses dons qui soulagent les malades mentaux. En effet, à quelques pas de la chambre funéraire de Sidi Messaoud s'érigent des cellules appelées «chambres de pardon». Ces pièces, qui ne dépassent pas 3 m? sont souvent réservées aux aliénés.

Ils y passent une ou plusieurs nuits pour «se calmer, apaiser leurs maux et retrouver paix et sérénité». Certains adeptes du saint trouvent également refuge dans ces chambres «pour fuir les cauchemars de la nuit et les problèmes familiaux». «Les personnes qui passent la nuit ici viennent accompagnées de leurs familles. Cependant, on prend le soin de noter le numéro de leur carte d'identité pour qu'on soit en règle», explique un gardien des lieux .

Sidi Messaoud est ainsi l'auxiliaire de dizaines de personnes aux prises avec les difficultés de la vie quotidienne et leur 111cesseur auprès d'Allah. L'immanence de sa baraka est telle qu'on place en lui les espoirs les plus insensés. «Les fidèles de ce marabout sont issus de différentes couches 116iales. Ils expriment tous un grand respect pour ce saint, ainsi que pour sa descendance», indique un responsable du marabout.

En effet, nul ne s'étonne de voir des femmes et des hommes de différentes catégories 116iales venir lui rendre visite. Ses adeptes ont une foi presque enfantine en lui, à tel point qu'ils redoutent sa colère et implorent sa clémence. Lors de chaque visite, les fidèles, chacun selon ses moyens, font une offrande au marabout: (bougies, encens ou tissus brodés). Cette relation avec le marabout est souvent alimentée par les aventures et dons légendaires de Sidi Messaoud, qui varient d'une version à l'autre.

Pour les descendants de ce saint, leur arrière-grand-père était plutôt connu pour sa foi et ses connaissances religieuses, alors que certaines versions parlent de ses dons de guérisseur auprès des malades mentaux. Quelle que soit l'histoire qui attire ses fidèles, nul d'entre eux ne peut quitter ce «lieu de culte» sans embrasser la petite grille de fer forgé qui entoure l'endroit où on a inhumé Sidi Messaoud.
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Histoire du Saint

Sidi Messaoud vivait du temps de Moulay El Hassan premier. Sa famille était riche et respectée. Son père fit venir les plus grands savants de l'époque pour s'occuper de son éducation. Très vite, il s'oublia totalement dans la lecture et la méditation et se détourna des plaisirs de la vie.

Sa mère s'inquiéta et se confia à son époux qui ne prêta aucune attention à ses paroles angoissées. Elle s'en affligea et tomba malade. Elle ne mangea plus, perdit le sommeil et finit par perdre la raison. Aucun médecin ne put trouver remède à son mal.

Une nuit, son mari fit un songe horrible ; il vit son fils enchaîner sa mère et la flageller. Réveillé en sursaut, il alla s confier à un fqih célèbre pour ses 111prétations des rêves. Ce dernier, après avoir consulté ses ouvrages cabalistiques, prononça ces mots terribles : «Ton fils, O seigneur, commande aux djinns – demande lui d'exorciser sa mère des démons qui l'habitent». Le père, affolé et tremblant de peur, retourna chez lui, appela son fils et lui fit par des révélations du devin.

Sans rien dire le fils se leva, alla à l'étable et se saisit d'une grosse chaîne qui pendait à une grosse pierre. Il fit venir sa mère, l'enchaîna et se mit à la flageller avec une lanière de cuir en prononçant des mots sans signification pour les spectateurs indignés de voir un fils battre sa mère. Certains essayèrent de l'arrêter, mais très vite ils se retrouvèrent empêchés par une force mystérieuse qui créa un écran entre eux et lui.

La pauvre femme cria jusqu'au lever du jour. A l'aube, elle s'apaisa, demanda à manger et réclama les siens. La nouvelle fit le tour de la région et bientôt la maison des Messaoud devint un lieu où de toute part affluèrent les malades mentaux. Dès lors le jeune homme partagea son temps entre la prière et les soins aux aliénés. Quand il mourut, il fut enterré à l'endroit où il méditait. Autour du pieu où il attachait les patients, des cellules appelées «chambres du pardon», furent construites.

Source : «Rites et secrets. Guérisseurs des marabouts de Casablanca» du docteur Mustapha Akhmisse.
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