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Samedi 18 Mai 2024
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Interview : Mohamed Chrif Tribak, réalisateur marocain

Interview : Mohamed Chrif Tribak, réalisateur marocain
«Entre parenthèses», un premier long-métrage du cinéaste.

Le Matin : Vous venez d'achever le tournage de «Entre parenthèses », que pouvez-vous nous dire sur cette dernière aventure ?

Mohamed Chrif Tribak :
C'est un premier long métrage qui vient après une expérience de 10 ans passés entre sept courts métrages et trois téléfilms. En fait, c'est une synthèse de tout ce que j'ai eu l'occasion de faire. L'histoire est un mélange entre ce que j'ai vécu et ce que j'ai vu autour de moi, quand j'étais sur les bancs du campus universitaire dans les années 90. Le film met en fait l'accent sur l'apprentissage politique et le mouvement estudiantin à cette époque. Alors que le Maroc s'ouvrait sur l'alternance, ça avait créé beaucoup de changements chez les personnages politisés de la faculté. Le film apporte un peu mon opinion sur ce moment de changement, c'est un film autobiographique.

Ne pensez-vous pas que votre film, avec sa thématique, vient un peu tard par rapport aux autres productions nationales qui ont traité les années de plomb et la politique au Maroc ?

Mon film ne met pas l'accent sur la politique en tant que politique, mais il raconte une expérience humaine. L'intrigue est celle des étudiants qui quittent le foyer familial pour s'installer au campus, vivre seuls, connaître d'autres jeunes venus de différents horizons, côtoyer des filles, s'intéresser à la
politique, intégrer des syndicats ou des partis…C'est tout ça à la fois. Je ne parle pas que de l'apprentissage politique mais même amoureux et émotionnel.

Après des courts métrages et des téléfilms, vous vous lancez actuellement dans le cinéma. Pourquoi maintenant ?

En fait, ce n'est pas moi qui ai décidé du moment. Je suis plus guidé par mes désirs que par autres choses.
Donc, je ne vais pas dire que j'ai fait le parcours classique du réalisateur marocain qui commence par les courts métrages et les téléfilms avant
de se lancer dans le cinéma, mais c'est un projet qui me tenait très à c?ur. Le scénario était prêt en 2003, j'ai dû attendre pour trouver le casting qui me fallait puis on a commencé le tournage.

Est-ce qu'on verra Mohamed Chrif Tribak plus souvent au cinéma ?

Le cinéma a toujours fait partie de ma vie, mais il faut dire que c'est trop tôt pour trancher maintenant, je dois d'abord terminer ce film. Je reviendrai au court métrage si l'occasion se présente, comme je souhaite faire du documentaire également. J'aimerais bien continuer dans le cinéma.

L'affiche de votre film ne comprend aucun nom connu, mais un groupe de jeunes que vous avez rencontrés dans un atelier de théâtre amateur. Pourquoi avez-vous choisi de ne pas travailler avec des acteurs célèbres ?

J'ai toujours eu l'habitude de mélanger le casting professionnel et non professionnel, mais cette fois, c'est le film lui-même qui m'a exigé ce genre de casting. J'étais à la recherche de jeunes âgés entre 18 et 25 ans. Une tranche d'âge que nous n'avons pas sur la scène marocaine. Il fallait donner l'impression que c'est un groupe déjà homogène. Et pour avoir cet effet, je devais choisir des personnes qui ne sont pas comédiens, mais qui sont eux-mêmes des étudiants dans le film.
Ces acteurs vivent la même situation actuellement, ce n'est que la date qui a changé, les problèmes de fond restent les mêmes.

Que pouvez-vous nous dire sur ces nouveaux talents ?

Je propose au cinéma marocain une trentaine de comédiens bourrés de talent et qui, j'espère, réussiront leurs carrières d'acteurs. Encore faut-il qu'ils sachent qu'au Maroc les gens vont voir le film parce qu'il est signé par tel ou tel réalisateur et non pas pour ses acteurs.
En tout cas, j'espère que ces jeunes talents auront l'occasion de jouer d'autres rôles dans de prochains films.

Les faits de «Entre parenthèses» se déroulent entre Tétouan, Martile et Larache. Encore une fois, vous tournez dans le Nord. Pourquoi tous vos projets se font-ils dans cette région ?

En fait, c'est un choix. Je suis né à Larache, j'ai commencé à faire du cinéma dans cette ville.
Tout mon univers personnel est dans cette région. Pourtant, je suis très ouvert, je peux filmer dans n'importe quelle autre région du Maroc, je n'aime pas d'ailleurs cette classification qu'on donne aux films selon les régions ou les origines de ses
auteurs.

Vous êtes actuellement en post production de «Entre parenthèses». Outre ce film, quels sont vos projets ?

Je suis sur quatre autres projets en même temps. Je suis en train de préparer un documentaire sur la ville de Tétouan. J'écris également l'adaptation d'un roman espagnol intitulé «sombras en sepia» qui a remporté le «prix de la nouvelle» de la fondation trois cultures.
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Un parcours de cinéma

Mohamed Chrif Tribak a commencé sa carrière de réalisateur avec les courts métrages, dont «Nassima», «30 ans», «Balcon Atlantico», «Mawal », «L'Extraterrestre», «Lettre d'amour». L'artiste ne se limite pas aux courts, mais il se lance dans les longs métrages pour la télévision. Il signe des téléfilms dont «Les chevaux hennissent avant de tomber», «Taman arrahil», «Tisser le temps» et «Bab lemdina». Le petit écran s'affirme comme un terrain d'entraînement parfaitement assumé.

La preuve, Mohamed Chrif Tribak signe son premier film cinéma «Entre parenthèses » dont la sortie est prévue pour la fin d'année.
Alors que ce n'était qu'un projet, «Entre parenthèses» avait participé à de nombreux évènements, dont la Cinéfondation organisée en marge du festival de Cannes, le Festival international du film francophone de Namur et celui de Salonique. Attendons donc de voir les festivals auxquels participera «Entre parenthèses» en tant que film.
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