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Savoir réagir aux piqûres de scorpion

Au Maroc, chaque année, plus de 30 000 cas de piqûres de scorpion sont répertoriés au Centre national antipoison et de pharmacovigilance du Maroc (CAPM), dont 100 décès survenant de manière brutale chez les enfants de moins de 15 ans.

Savoir réagir aux piqûres de scorpion
Pourtant, la conduite à tenir devant une piqûre du scorpion est claire et peut sauver la vie du sujet atteint lorsqu'elle est bien entreprise. Que faire face à ce genre de situation et comment différencier entre les espèces scorpioniques ? Tout d'abord, il faut savoir que toutes les espèces de scorpions (1.500 environ) ont des glandes à venin, mais 25 espèces seulement sont connues comme dangereuses et posent dans certaines parties du monde un problème de santé publique très important. De façon générale, les piqûres de scorpion sont assez fréquentes dans les pays méditerranéens. Elles sont dues essentiellement aux «scorpions noirs»: Euscorpius Flavicaudis, E. Italicus, E. Carpathicus, Belisarius Xambeni. Et au «scorpion jaune» : Buthus Occitanus. Ces venimeux ne sont généralement pas dangereux et ne provoquent qu'une réaction locale. La piqûre de Buthus peut toutefois entraîner une douleur, un œdème et un érythème locaux ainsi que des symptômes gastro-intestinaux.

Toutefois, l'Euscorpius Carpathicus peut être dangereux, en particulier chez l'enfant. Mais, en règle générale, aucun traitement n'est nécessaire après piqûres par des scorpions endémiques courants. Cependant, celles des espèces tropicales et subtropicales dangereuses peuvent être mortelles. Aussi, parmi les espèces de scorpions les plus dangereuses rencontrées au Maroc on peut citer le Buthus maroccanus: de couleur sombre uniforme tirant sur le noir (de 5 à 6 cm de taille). L'Androctonus aeneas liouvillei : de couleur noire (de 7 à 9 cm de taille), c'est la sous-espèce la plus redoutable et se trouve à Bou Dnib, Agadir, Ouarzazate, Tata, Zagoura et Oujda. Et l'Androctonus mauretanicus ou Androctonus mauretanicus bourdoni qui sont la cause de mortalité d'un certain nombre d'enfants (à Essaouira par exemple).

Ces deux sous-espèces ne construisent pas de terrier et se rencontrent assez souvent dans les habitations à la recherche de l'humidité d'où le danger permanent qu'ils constituent pour l'Homme. Toutefois, en cas de piqûre de scorpion présumée, les victimes doivent être gardées en observation attentive pendant au moins 4 heures. C'est le cas des antennes du centre marocain antipoison où, «les médecins rechercheront des symptômes et des signes d'instabilité du système nerveux autonome, douleur abdominales, fièvre à 39C°, hypertension, arythmie cardiaque et/ou difficultés respiratoires. Donc si l'un de ces symptômes apparaît ou se développe, on achemine le sujet illico, à l'hôpital», explique Nadia Tahri, toxico-pharmaco du centre antipoison Maroc (urgence au 081000180 ou 037686464).

Elle poursuit : «en revanche, lorsqu'on a affaire à enfant de moins de 12 ans, on l'hospitalise sur-le-champ et on le maintient sous surveillance». Cependant, si en villes (ou villages disposant d'un dispensaire médical), la prise en charge des piqûres scorpioniques est assurée, la situation prend une plus grande ampleur dans les régions enclavées. Ainsi, chaque année, des milliers de familles sont quotidiennement endeuillées, particulièrement durant la période estivale, à cause du scorpion. Car si les divers symptômes d'empoisonnement sont vite repérés, la prise en charge instantanée n'est pas une mince affaire. Symptômes et traitements
Lors d'une piqûre scorpionique, deux catégories de symptômes vont suivre. Au premier temps, le sujet atteint souffre d'une douleur extrêmement vive, lancinante et plus durable, l'oedème est plus prononcé, souvent envahissant. Le sujet éprouve une sensation de fourmillement, d'engourdissement, de pesanteur du membre piqué. Le refroidissement local du tégument est souvent manifesté.

En second lieu, des troubles digestifs divers se manifestent. Représentés par de la sialorrhée, des nausées, des vomissements bilieux, des évacuations alvines répétées, de moins en moins consistantes. Au début la respiration est courte et saccadée, le coeur accéléré. On peut observer de la sudation, de l'angoisse. Dans les cas graves, aboutissant à la mort, les symptômes de la période initiale sont très amplifiés. Ainsi, l'oedème peut être sanguinolent, il s'accompagne parfois de traînées lymphatiques. Aussi, le malade est en proie à une forte dyspnée, car la cyanose témoigne de l'asphyxie progressive. Les vomissements sont fréquents, on note également un ballonnement abdominal et de l'incontinence des matières fécales. A ces symptômes s'ajoutent des troubles nerveux: crampes, spasmes convulsifs, agitation, délire, vertige. Puis survient une grande prostration, avec sueurs froides et refroidissement général, parfois de la paralysie. L'asphyxie progresse et on assiste à des syncopes respiratoires.

Et à la fin, à un arrêt du coeur. Pourtant l'intervention rapide est un facteur primordial pour sauver le sujet. Un traitement local immédiat s'impose pour enrayer la propagation progressive de l'intoxication en entravant la diffusion du venin dans l'organisme (placement d'un lien constricteur), pour favoriser l'élimination du venin non encore absorbé (hémorragies provoquées, pression pour faire saigner, aspiration du venin) et pour neutraliser sur place le poison (lavage abondant de la plaie avec des antidotes du venin et à défaut avec l'eau de javel dilué à 1p 50). Rappelons que lorsqu'un sujet est piqué par un scorpion, il est inutile d'utiliser des produits sans effet comme le henné, le gaz et le miel, mais plutôt essayer d'évacuer immédiatement le piqué vers la formation sanitaire la plus proche. Car les réactions au poison se succèdent rapidement et laissent peu de chance de survie. Rappelez-vous juste que c'est une vie qui est en jeu.
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