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Une région-pilote et un laboratoire d'expérimentation

Une région-pilote et un laboratoire d'expérimentation
C'est d'Oujda, où est né le Président A. Bouteflika que le Roi Mohammed VI a adressé un message fort pour le 46e anniversaire de l'indépendance de l'Algérie, Oujda qui aura, des décennies durant, contribué, par une très forte solidarité de sang et de moyens, à la lutte contre le colonialisme soutenant les ‘'Moudjahiddines'' et leurs familles et faisant de cette région une arrière-base de combat. Autre symbole on ne peut plus fort: celui de la prière du ‘'alem'' du haut de son ‘'mihrab'' au cours de la prière du vendredi, appelant au pardon, à la miséricorde de Dieu et rappelant les leçons et les préceptes de l‘Islam, relatifs à la concorde entre les musulmans et au bon voisinage. Deux lectures d'actualité qui montrent que malgré les aléas conjoncturels, la foi en l'unité du Maghreb si problématique demeure toujours très forte.

Force est cependant de constater que ce message aura été foulé au pied depuis près d'un demi-siècle par les différents régimes algériens, même si la région de l'Oriental, longtemps présentée comme une région excentrée, marginalisée, a été jusque-là essentiellement abordée sous l'angle des rapports centre périphérie et sous l'angle des relations Maroc-Algérie.

L'ouverture des frontières aurait pu l'ériger en région charnière dans l'espace maghrébin contribuant ainsi au bien- être des populations vivant des deux côtés des frontières, peuples qui souffrent dans leur chair de la fermeture de ces dernières. Les différents régimes algériens ont préféré transformé ces frontières en mur et ont tenté d'asphyxier la région tout entière de l'Oriental marquée par l'enclavement de cet espace géographique nord-est, par le cloisonnement du relief et les liaisons insuffisantes.

Une région confinée, des décennies durant, à un littoral sous-exploité, à un tourisme balnéaire inexistant dans une des plus belles régions du Royaume, à un exode rural exacerbé par une sécheresse structurelle, ressources minières mal ou insuffisamment exploitées qui ont entraîné la fermeture des mines de Jerrada et de Touissit dans une période de récession consécutive à l'écroulement du marché mondial minier avec toutes les conséquences sociales et économiques subies par les populations.

Aujourd'hui, lentement, laborieusement, mais sûrement et sous l'impulsion et l'engagement du Souverain et grâce à une forte volonté de tous les acteurs, la région stratégique de l'Oriental est en train de se transformer pour devenir demain un grand pôle de compétitivité de l'espace national, un modèle des clusters avec une technopôle très attendue par les 25.000 étudiants des universités d'Oujda, un parc agro-industriel d'Oujda et de Berkane et un parc industriel de Selouane et de grands projets d'infrastructures ferroviaires, autoroutiers ou portuaires et aéroportuaires qui ont sorti la région de son isolement.

Avant cela, la mise à niveau urbaine a contribué à redonner espoir aux populations. Rien n'a été laissé de coté avec la prise en charge d'une centaine de quartiers de la ville construits en dur, avec l'électricité, l'alimentation en eau potable, les voieries urbaines et une nouvelle forme d'urbanité intégrant des commerces des places publiques, des service de santé, de sécurité, de scolarité et une gamme de services sociaux et culturels, foyers féminins, crèches, maisons de jeunes, avec bibliothèque médiathèque informatique, terrains de sports , centres professionnels et mosquées… Pour cela, les différents acteurs se sont investis à fond, les services de la willaya, du Centre régional d'investissement, des différentes délégations ministérielles, de l'Agence de l'Oriental engagés dans une transformation à la fois du paysage économique, des infrastructures, des zones industrielles, mais aussi des mentalités qui commencent à reprendre confiance et à sortir du complexe de «marginalisé». L'enjeu en valait sans doute la peine car les moteurs économiques, mis en place, ont permis un bon maillage des infrastructures, la mise sur orbite de la méga-station de Saida qui à terme va créer des milliers d'emplois et drainer près d'un million de touristes, l'expérience des méga-stations touristiques livrées clefs en main est, quant à elle, encore nouvelle; il faudra la réussir car le projet de Saidia fait figure de pionnier en la matière, le Maroc ayant l'ambition de piloter cinq stations à la fois de la Vision 2010! La station de Saidia, il faut le rappeler, ce sont 30.000 lits, une dizaine d'hôtels avec une capacité de 18.000 lits, du résidentiel, de l'animation, de l'activité touristique, trois golfs, une marina, un pôle commercial, des équipements publics et privés… Bref, c'est une ville de loisirs créée ex nihilo en quelques années qui vous est livrée.

C'est l'équivalent d'une ville comme Agadir qui est livrée en 4 ans! Tout le tissu de centaines d'entreprises (animation, mobilier, immobilier et services) devraient donc être prêtes pour saisir les opportunités comme le souligne le directeur du CERI Farid Chourak. D'autres moteurs agro-industriel et industriel avec la mise en partage des activités avec la région de Tanger, propulsés par le grand projet de Tanger-Med, la mise à niveau urbaine d'Oujda et des autres centres urbains, Berkane Ahfir, Saidia, l'INDH, la prise en compte de tous les aspects d'éducation, de socialisation, tout cela a donné à la feuille de route tracée par le Souverain dans son discours de mars 2003 la dimension d'une vision qui fait aujourd'hui de cette région une “région-pilote'' . L'autre opportunité qui a fait l'objet à Rabat d'un débat organisé par la Fondation Abderrahim Bouabid et auquel participait le ministre de l'Intérieur M. Benmoussa, c'est le concept de ‘'région relancée en 1984 et érigée en 1992'' au rang de collectivités locales, avec une personnalité juridique propre et qui s'applique à point nommé à la région de l'Oriental.

La Constitution de 1992 a confirmé cette volonté de décentralisation et l'a consolidée, en précisant que les collectivités locales élisent des assemblées chargées de gérer démocratiquement leurs affaires, dans les conditions prévues par la loi. La grande nouveauté est apparue en 2002 avec l'affirmation du principe selon lequel les régions doivent constituer la base du développement économique. Depuis 2006, la loi de Finances comporte une ligne budgétaire spécifiquement réservée aux régions.

Aujourd'hui, l'Oriental constitue un pré-modèle, «un laboratoire» de cette régionalisation qui avance sur deux pieds comme le souligne l'excellent rapport «Déconcentration et gouvernance des territoires» de la fondation précitée. Ce pôle régional, construit par l'Etat, les collectivités locales et la société civile, pourrait être en effet un ‘'modèle du genre''. C'est aussi, comme nous l'avait déclaré le wali Mohamed Ibrahimi, «une des rares régions marocaines qui peuvent présenter une gamme aussi variée de filières économiques.

Cela va de l'halieutique aux tourismes saharien, balnéaire et de montagne à l'agriculture avec le grand périmètre agricole de Mamounia aux hauts plateaux des régions de développement de la filière ‘'viande'', un grand périmètre oléicole dans la région de Jerrada, Taourirt, Nador et Berkane et la richesse minière qui, avec les cours actuels du pétrole, peut redevenir intéressante. Par sa vocation, c'est aussi une région de commerce, de services, de logistique et de transport, ce qui peut la transformer, avec un environnement plus ouvert, en véritable plaque tournante dans les échanges entre le Moyen-Orient et le Maghreb.

C'est aussi une région qui peut avoir une place industrielle à occuper car elle peut prétendre à occuper, dans un avenir proche, un pôle économique important». Restait cependant à relever un défi de taille: celui de l'enclavement de la région. Ecoutons encore le wali de la région: « Il n'est pas possible, dit-il, de construire une économie régionale ou nationale si l'on ne dispose pas d'un réseau d'inter- connectivité au standard international. C'est une question de coût des facteurs. Quand on a une région comme celle de l'Oriental qui est très étendue avec plus de 550 km de frontières avec l'Algérie et qui représente plus de 12% du territoire national, qui est peu desservie par voies aérienne, ferroviaire ou maritime ou même autoroutière, on ne peut valoriser ses potentialités tant qu'elle n'est pas bâtie sur un réseau d'infrastructures qui permet des coûts de production concurrentiels.

C'est ce que Sa Majesté le Roi a bien compris et c'est pour cela que l'on peut parler de la période d'avant le 18 mars 2003 et celle d'après. A cette date, il y a eu la visite de Sa Majesté à Oujda et le discours fort où le Souverain a annoncé une véritable initiative de développement et de décollage de la région avec le lancement de grands chantiers d'infrastructures.

Infrastructures de base

Avec un trend de 400 km par an de réseaux routiers, la région va être ouverte à de nouvelles formes de développement en particulier le tourisme à Figuig dont les oasis sont les plus belles au monde et sont les plus proches d'Europe. Nous travaillons actuellement sur le projet de classement de cette ville qui a un poids historique exceptionnel aux niveaux des patrimoines national et international. Il y a enfin la rocade méditerranéenne qui est achevée pour ce qui est de notre région et qui va permettre dans les deux prochaines années de mettre Tanger à 4 heures de Saida.

La rocade sera le moyen de faire des pôles méditerranéens oriental et occidental les deux pendants essentiels de la construction d'une économie du Nord qui va tirer l'économie national vers le haut. Toutes ces infrastructures nous ouvrent la possibilité de mettre en partage le grand complexe portuaire industriel et commercial de Tanger. Nous travaillons sur des formules de complémentarité et au niveau industriel, nous serons probablement amenés à développer des approches plutôt thématiques que générales. Nous avons la possibilité, grâce aux infrastructures que nous avons évoquées, d'être le complément du parc industriel de Tanger». Si le développement de l'Oriental passait, il y a peu de temps encore, par l'incontournable axe Maroc-Algérie, ce n'est plus le cas aujourd'hui. Au prix d'une très forte volonté et du lancement de très grands chantiers, les effets négatifs de la géographie ont été atténués.

La région de l'Oriental, comme le souligne M. M'Barki, directeur de l'Agence de l'Oriental, regarde désormais vers le Nord. Reste que dans le cadre d'une Union pour la Méditerranée, de grands pôles régionaux intégrant l'Oriental et l'Oranie par exemple seraient le meilleur moyen de permettre l'ancrage de grands pôles dans la mondialisation pour le bonheur de tous les peuples de la région. Cela reste, près d'un demi- siècle après les indépendances qui avaient porté le message de l'unité, un rêve inaccessible.
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