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L'expérience marocaine au menu

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Le Congrès international de la population a clos hier ses travaux. A cette occasion, le Haut commissaire au Plan, Ahmed Lahlimi, a organisé une conférence de presse pour dresser le bilan de cette semaine (du 27 au 2 octobre) de labeur durant laquelle se sont réunis à Marrakech plus de 2.300 participants (démographes, chercheurs, universitaires, économistes, anthropologues, statisticiens,…). Il suffit de rappeler que plus de 900 communications orales ont été réparties sur 220 séances régulières. Les participants ont été « surbookés » d'informations qui concernent la population du monde.

Les scientifiques étrangers ont également eu la possibilité d'avoir assez de données sur les pays arabes. Le Maroc, qui accueille cette manifestation, a choisi de faire un zoom sur le monde arabe. Car il est de tradition dans le cadre du congrès international de permettre au pays organisateur de mettre sur pied un programme scientifique qui va en parallèle avec le programme scientifique général. Le Haut commissariat au Plan (HCP) a axé son choix sur le thème « Le monde arabe  : carrefour intercontinental entre transitions démographiques et mouvements de la population». Dans ce cadre, les chercheurs et scientifiques marocains ont eu leur mot à dire au cours de ce congrès.

Les participants étrangers ont beaucoup apprécié les données présentées par leurs collègues marocains. En effet, ils ont, non seulement fait un état des lieux des caractéristiques de la population marocaine, mais ils ont également fait de la prospective. Khellaf Ayache du HCP a fait un exposé de sa recherche sur « la croissance économique et le développement humain au Maroc : Perspectives à l'horizon 2007-2015 ». Il a souligné, à cet égard, que l'économie marocaine a fait l'objet, au cours des vingt dernières années, de plusieurs réformes structurelles et institutionnelles visant l'identification de nouvelles pistes de gestion du développement en dehors du secteur public, à travers l'élargissement du champ d'action des forces du marché. « L'objectif recherché est la réduction progressive de l'interventionnisme direct de l'Etat et le renforcement de ses actions de régulation, de coordination et de mise en cohérence des programmes publics et privés », a-t-il dit. Selon lui, le dynamisme économique et le développement humain au Maroc dépendront, dans le futur, de la capacité du pays à gérer de manière optimale du double processus d'ouverture économique et de transition démographique. « Pour tirer profit des opportunités offertes par ces dynamiques et apporter des réponses efficaces aux menaces qu'elles présentent, une réallocation efficiente des ressources aussi bien sur le plan microéconomique que macroéconomique s'avère nécessaire », estime-t-il.. Il affirme également qu' « à la lumière des enseignements tirés de l'analyse des expériences des pays émergents, le présent rapport sur la croissance économique et le développement humain vise à analyser les facteurs, aussi bien macroéconomiques que microéconomiques, qui expliquent le niveau de croissance limité et à mettre en relief les noeuds qui handicapent l'utilisation optimale des facteurs de production disponibles.

Sur la base des tendances observées et d'hypothèses sur les facteurs de changement, des perspectives de croissance économique sont établies pour la période 2007- 2015, horizon coïncidant avec celui des Objectifs du Millénaire pour le Développement, auxquels adhère le Maroc », a-t-il conclu. Pour sa part, Khalid Soudi, chercheur à l'Observatoire des conditions de vie de la population (HCP), a fait un long exposé sur son étude portant sur « l'Équité sociale et réformes fiscales au Maroc : Cas des subventions et de la taxe sur la valeur ajoutée ».
Le but essentiel de cette étude est double, explique-t-il. Elle vise à analyser la performance de certaines politiques sociales et l'équité de la différentiation de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) et ce, moyennant la répartition du niveau de vie.

Et aussi d'analyser leurs impacts sur la pauvreté et l'inégalité pour mettre en perspective un meilleur ciblage de la pauvreté. Pour lui, chaque politique sociale, « en l'occurrence la compensation, les dépenses publiques de l'éducation, les transferts publics, tout comme l'équité de la TVA et sa capacité redistributive, entraînent une distribution qui affecte le bien-être tant individuel que collectif. Soldée par des gagnants et des perdants, une telle répartition demeure au Maroc une source de distorsion d'allocation des ressources publiques et crée des conflits sociaux et des manques à gagner pour les recettes publiques et l'effort de lutte contre la pauvreté et l'inégalité », a-t-il soutenu en s'adressant aux participants.

En conclusion, il a déclaré que l'enjeu d'une réforme de la fiscalité « dépend de la capacité de dresser un bilan des politiques sectorielles budgétaires, en l'occurrence la politique fiscale qui est en mesure d'agir sur l'équité verticale et l'équité horizontale pourvu que l'efficacité et la cohésion sociales de toute réforme soient un objectifprimordial » Il soutient que la réforme consistant à subsidier la compensation moyennant une révision à la hausse de la TVA des produits taxés au taux de 10% et 14% s'avère concluante.

Pour lui, cette piste de réforme s'avère socialement efficace et permet de réduire aussi bien les formes de pauvreté, et d'améliorer le niveau de vie de la population dont la dépense est inférieure à 2 fois le seuil de pauvreté. «Cependant, cette voie de réforme n'est pas socialement efficace pour subventionner les carburants », souligne-t-il. Des vingtaines d'autres sujets ont été soulevés.

Migration irrégulière

La migration a été un thème très récurrent dans les travaux du Congrès international de la population. Dans ce cadre, Mohamed Mghari, du Centre d'études et de recherches démographiques (CERED), a fait une présentation sur le thème « La migration irrégulière au Maroc ». Il a souligné que, depuis peu, le Maroc semble devenir un pays d'immigration, dans la mesure où de plus en plus de migrants en provenance de l'Afrique subsaharienne transitent par notre pays dans l'espoir de rejoindre l'Europe et sont contraints d'y rester pour une période relativement longue.

Il a fait une étude dans laquelle il a essayé d'analyser la migration irrégulière ou clandestine au départ du Maroc et en transit par le Maroc. Dans son premier volet, cette étude a essayé d'évaluer la dimension du phénomène dans sa double dimension nationale et étrangère, à travers les données disponibles sur les régularisations et les interceptions des migrants en situation irrégulière. Ensuite, elle a analysé le profil socio- démographique des migrants subsahariens en transit sur le territoire marocain, leurs raisons d'émigration, leurs itinéraires, leur coût du voyage, leurs conditions de vie au Maroc ainsi que leurs perceptions et représentations de la société d'accueil et enfin, leurs projets futurs.
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