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Samedi 18 Mai 2024
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Les bidonvillois de Hay Mohammadi en colère

La colère des bidonvillois continue à Casablanca. Cette fois, c'est à Hay Mohammadi que les propriétaires d'habitats insalubres ont manifesté leur mécontentement des autorités locales. Le mercredi 22 septembre, des centaines de citoyens résidant dans les bidonvilles de la région se sont rassemblés au boulevard Ali Yata pour demander une révision du système de relogement.

Les bidonvillois de Hay Mohammadi en colère
Cette crise de colère a été déclenchée suite à un conflit entre un agent de l'autorité locale et un habitant au bidonville Carrières Centrales.
Cette crise de colère a été déclenchée suite à un conflit entre un agent de l'autorité locale et un habitant au bidonville Carrières Centrales. «La victime est entrée en conflit avec le caïd (chef de l'arrondissement) parce qu'il construisait un mur dans sa baraque. Le problème a très vite pris d'autres ampleurs et le caïd a agressé le citoyen avec un marteau», indique un habitant de la région.
Selon des témoins oculaires, la famille de la victime a refusé de le transporter à l'hôpital et a exigé la présence de la police judiciaire et des médias pour mettre à nue la situation des habitants de bidonvilles.

Ces derniers ont profité de la situation pour étaler l'ensemble de leurs problèmes. «Les nouveaux habitants ont bénéficié d'un lot de terrain alors que les plus anciens attendent toujours leur tour », déplore un résidant au bidonville Carrières Centrales. Réunis sur place, les résidants aux bidonvilles Kabla, Lakhlifa et Carrières Centrales n'ont pas hésité à faire monter la tension et ont appelé à mettre fin à la politique de deux poids deux mesures. «J'ai été recensé en même temps avec mes deux fils.

Actuellement seul l'un de mes enfants a eu l'accord pour son lot de terrain à condition de libérer son logement. Le problème est qu'on ne peut pas détruire sa baraque sans toucher aux nôtres puisque c'est la même habitation qui a été divisé en trois.

Je suis très confuse car l'un de mes enfants a déjà loué un appartement et attend de signer les papiers pour construire sa nouvelle maison alors que l'autre refuse la décision de démolition tant qu'il n'a pas reçu son lot de terrain », nous confie une vielle habitante du bidonville Kabla.

Une autre femme reproche aussi la maladresse des agents responsables de la démolition. « Ils ont détruit une partie de ma maison par erreur au lieu de celle des voisins. Je ne sais pas quoi faire maintenant », affirme-t-elle.

Ce genre de problèmes émane du fait que la libération des bidonvilles se fait par tranches. Ainsi, au moment de destruction des taudis, les autorités locales sont confrontées à plusieurs soucis à même de déclencher de grandes manifestations de colère chez cette catégorie de Casablancais. «J'habite dans ce bidonville depuis des années et j'ai été étonné de voir qu'une personne habitant à Safi a eu un lot de terrain à ma place grâce à un coup de piston. Quand j'ai fait une réclamation à la préfecture on a gelé mon dossier », nous confie l'un des protestataires. «On nous traite avec dédain. Un agent de l'autorité a giflé une femme parce qu'elle a défendu ses droits. En plus, on nous demande de louer en attendant la construction des nouveaux logements mais on n'a pas les moyens de le faire », ajoute un autre.

Il est à noter que le problème des bidonvilles piétine depuis plusieurs années au niveau du Grand Casablanca.
Récemment, le ministère de l'Habitat ainsi que les autorités de la ville s'activent dans leur bataille contre les bidonvilles. Toutefois, malgré le relogement de plusieurs familles, des centaines de taudis « décorent » encore la métropole notamment les plus anciens.
Ces derniers devaient être enlevés depuis des années mais apparemment la priorité est au plus nouveaux.

Somme-nous dans une impasse ?

Plusieurs familles ont bénéficié du programme de résorption des bidonvilles. Certaines d'entre elles ont habité au projet Errahma. D'autres attendent toujours leur tour. Toutefois, l'opération ne répond pas à toutes les exigences. Des fois, il faut avoir beaucoup de chance pour échanger son taudis contre un appartement ou un lot de terrain. Ainsi, on voit des personnes qui habitent depuis peu de temps dans un bidonville bénéficier de ce programme alors que d'autres attendent depuis des décennies. En même temps, des familles nombreuses refusent de quitter leurs baraques avant d'avoir des appartements pour chacun des enfants mariés. Le phénomène des bidonvilles à Casablanca est loin d'être facile à éradiquer. Au moment où on croit que toutes les complications sont résolues, on s'aperçoit qu'on s'enfonce plus dans ce marécage.
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