Menu
Search
Vendredi 17 Mai 2024
S'abonner
close
Vendredi 17 Mai 2024
Menu
Search

Mahi Binebine au firmament avec "Les étoiles de Sidi Moumen"

L'artiste peintre et écrivain Mahi Binebine a remporté samedi dernier le premier Prix littéraire du jury de La Mamounia. Retour sur le parcours d'un artiste pas comme les autres.

Mahi Binebine au firmament avec "Les étoiles de Sidi Moumen"
Les ouvrages en compétition
Mahi Binebine a été élu samedi dernier premier lauréat du Prix Littéraire du jury de La Mamounia de Marrakech pour son œuvre «Les étoiles de Sidi Moumen», éditées chez Flammarion. Cette première édition du prix littéraire de la Mamounia a été présidée par le journaliste-animateur français Guillaume Durand. Roman tragique et lumineux, "Les étoiles de Sidi Moumen" est plein de mauvaises farces et de drames muets. Yachine raconte comment il a grandi vite et est mort encore plus vite, à Sidi Moumen, cité en lisière de Casablanca, parmi ses dix frères, une mère qui se bat contre la misère et les mites, et un père ancien ouvrier, accroupi à son chapelet pour l'éternité.

C'est un enfer terrestre qui a l'odeur des décharges publiques devenues terrains de foot, du haschich et de la colle qui se sniffe, des plongeons interdits dans la rivière tarie, des garages à mobylettes déglinguées. Alors, quand on leur promet que le Paradis est à la porte d'en face, qu'ont-ils à perdre, lui et sa bande d'amis «crève – la – faim» ?
A travers Yachine, le personnage principal de l'œuvre, passionné de foot, qui a emprunté son nom à l'immense gardien de but soviétique, Binebine décrit ainsi avec tendresse et humour la vie de ces désespérés en marge de la société. Réparateurs de mobylette, petits trafiquants de drogue, cireurs de chaussures, mendiants, prostitués... Ils vivent dans les décharges de Casablanca.Le livre fait l'éloge de la vie, pose la question de la violence dans sa dimension universelle.
Mahi Binebine n'en reste pas moins un écrivain de talent, au style simple et épuré, et qui publie depuis 1992 un opus tous les trois ans. Hormis une petite incartade en 2003, avec Terre d'ombre brûlée, récit d'un peintre miséreux qui meurt seul sur un banc parisien (référence à Jilali Gharbaoui).

Le Maroc a toujours été sa source d'inspiration. Et le résultat touche souvent juste, divertit un peu, émeut beaucoup. Que ce soit "Le sommeil de l'esclave", inspiré de son enfance dans la médina de Marrakech, voire "Les funérailles de lait", "L'ombre du poète", "Pollens" ou encore "Cannibales" qui se penche de manière tragique sur les affres de l'immigration clandestine. l'auteur a pour habitude de jeter un œil introspectif sur la société qui l'entoure et parfois le happe. Son nouveau roman ne déroge pas à la règle.
"Les étoiles de Sidi Moumen" est une vision grinçante d'un univers fou, misérable et dénué d'avenir, qui enfanta il y a six ans l'une des pires pages de l'histoire contemporaine marocaine, celle des attentats du 16 mai 2003.
Le jury était, par ailleurs, constitué de Abdesselam Cheddadi (historien et professeur à l'université Mohammed V de Rabat), Christine Orban (romancière), Denise Bombardier (journaliste, romancière, essayiste, productrice, animatrice de télévision et chroniqueuse radio), Elizabeth Tchoungui (journaliste, animatrice), Jacques De Decker (critique littéraire au quotidien Le Soir).

Le chanteur et compositeur Julien Clerc faisait parti du jury de la première édition du prix littéraire de la Mamounia, ainsi que Layla Chaouni (fondatrice des Editions Le Fennec), Khalid Zekri (professeur de littérature comparée à la Faculté des Lettres de Meknès et membre du comité de rédaction du Magazine Littéraire du Maroc) et l'écrivain Marc Dugain. Le jury a décerné à Mahi Binebine une dotation de 200 000 dirhams comme récompense. En élisant l'artiste premier lauréat du Prix Littéraire de La Mamounia, le président du jury Guillaume Durand, salue la qualité hautement romanesque de l'œuvre.

Biographie

Peintre et romancier, Mahi Binebine est né en 1959 à Marrakech. Il s'installe à Paris en 1980 pour y poursuivre ses études de mathématiques qu'il enseigne pendant huit ans. Puis il se consacre à l'écriture et à la peinture. Il écrit plusieurs romans traduits en une dizaine de langues. En 1994, il s'installe à New York. Mahi Binebine est à la fois un peintre reconnu, le Musée Guggenheim de New York vient d'acquérir quelques-unes de ses œuvres et un auteur prometteur de la jeune littérature marocaine de la diaspora.

En 1999, il est de retour à Paris. En 2002, Mahi Binebine s'établit à Marrakech où il collabore avec le peintre Miguel Garanda. Il a exposé ses toiles dans le monde entier, et notamment à New York, Paris, Casablanca, Rome, Madrid, Barcelone… Il a publié de nombreux ouvrages, dont «Le griot de Marrakech» (l'Aube, 2006) ; «Cannibales» (l'Aube poche, 2005), «Terre d'ombre brûlée» (Fayard, 2004), «L'ombre du poète» (Stock, 1997), «Pollens» (Fayard, 2001, Prix de l'amitié franco-arabe) . Parmi ses expositions individuelles : Galerie Ott, Düsseldorf, Museum of Contemporary Art, Washington D.C (1998), Tinglado 4 Mlle de Costa, Tragone, Palais des Congrès, Grasse (2001), Société Générale Marocaine des Banques, Musée de Marrakech (2002)... Quant aux expositions collectives, on trouve : Espace Bellville , Paris; Mohssem Culturel D'Asilah (2000), Musée de Marrakech (2003), Puerto de las Artes ,Huelva; Borj Al Arabe Dubaï (2001)...
Lisez nos e-Papers