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Les algues marines menacées d'extinction

L'Institut national de recherches halieutiques (INRH) a pronostiqué l'extinction de cette plante aquatique en 2013 si l'exploitation continuait au rythme actuel.

Les algues marines menacées d'extinction
La côte marocaine possède le plus important gisement naturel au monde d'algues rouges. Des centaines de jeunes plongeurs s'activent chaque été (du 1er juillet à fin septembre) pour sortir de la mer «R'bia» à bord d'énormes chambres à air improvisées en embarcation de fortune. Il s'agit de l'algue marine rouge «gelidium sesquipedale» d'où est extraite la précieuse poudre blanche l'agar-agar, un produit à forte valeur ajoutée, utilisé dans les domaines pharmaceutique, cosmétique, agro-alimentaire et pour divers usages, notamment dans des produits bio en vogue actuellement dans les pays développés.
Or des études sur les algues Gelidium ont révélé une régression alarmante dans les principales zones de peuplement se situant notamment au niveau des zones du littoral atlantique El Jadida-Essaouira et la zone de Tan-Tan.

Une telle situation est la conséquence inévitable d'un braconnage qui se poursuit durant toute l'année et de l'arrachage anarchique qui ne permet pas la régénération naturelle de l'algue. Évidemment, il y a de grandes lacunes dans la législation de ce domaine, ce qui permet toutes sortes d'abus et de surexploitation de cette précieuse ressource halieutique. Pour pallier cette carence, le ministère de la Pêche a élaboré de nouveaux textes de loi afin de garantir l'organisation et la réglementation rigoureuse du secteur de l'exploitation des algues marines, en particulier en limitant les volumes exploités et en intensifiant le contrôle des exportations aussi bien des algues brutes que de l'agar-agar. Ainsi, en juillet dernier, un arrêté du ministère de l'Agriculture et de la Pêche maritime a fixé les quotas de collecte à 5.400 tonnes, dont 1.208 tonnes qui peuvent être exportés à l'état brut et 805 tonnes de l'agar-agar. Outre ces récentes mesures, il est prévu dans le plan Halieutis de réduire la pêche illicite de 95%, de soumettre la récolte d'algues au paiement d'une taxe à verser à l'Office national de la pêche (ONP).

Conscient de l'enjeu que représente l'application de ce nouveau système de quota pour l'exploitation des algues au Maroc, la quasi-totalité des professionnels des zones du Sud se sont tous ralliés à ces décisions, confirme pour sa part un exportateur des zones Sud en vacances à El Jadida: «Nous ne sommes plus obligés de courir derrière des quantités de tonnes pour gagner et c'est tant mieux pour la préservation de nos richesses halieutiques. Six mois après son application, la suspicion et la peur des conséquences de la nouvelle loi sur l'exploitation des algues marines au Maroc ont cédé la place à la sérénité et à la satisfaction au sein de la famille de la quasi-totalité des professionnels du secteur».

Toutefois, nous attirons l'attention des pouvoirs publics sur un dangereux lobbying orchestré par des entreprises étrangères hostiles à cette mesure rationnelle et qui cherchent par tous les moyens à mettre la pression, pour faire capoter tous les fruits générés par ce nouveau système de quotas du secteur d'exploitation des algues marines au Maroc. Avides du gain, la préservation des richesses halieutiques du royaume et de son environnement marin semblent être leurs derniers soucis.

Exploitation rationnelle et durable

Sur plusieurs plages de la province d'El Jadida et durant presque toutes les saisons, dès que les conditions climatiques sont favorables, des jeunes et moins jeunes enfilent leurs combinaisons de plongée et partent pour l'arrachage des algues. Et durant tout l'été, ce sont environ 2.000 barques qui s'activent pour la collecte de la plante marine le long des 150 km de côte, alors que le quota des barques ayant droit à des licences de ramassage des algues marines ne dépasse pas quelque 289.
Difficile de blâmer uniquement ces gens, qui sont stimulés par une demande toujours plus importante. En plus, les acheteurs et les multiples intermédiaires ne se résignent pas à limiter leur lucratif commerce aux seuls trois mois ouverts à la collecte des algues.
Le nouveau quota d'exploitation des algues marines est, à notre avis, la meilleure façon de gérer cette ressource. Évidemment, de telles mesures s'avèreront judicieuses puisqu'elles vont certainement assurer une exploitation rationnelle et durable de cette ressource qui assure de l'emploi à environ 10.000 personnes à travers le pays.
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