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Le gouvernement sort la grosse artillerie

Toute action gouvernementale peut être lue de différents angles : son contexte, sa finalité, sa teneur... Mais la question du timing peut révéler ce que tous ces facteurs ne disent pas expressément. A plus forte raison lorsqu'une ribambelle de projets gouvernementaux à caractère social pullulent quelques semaines seulement avant des élections législatives.

Le gouvernement sort la grosse artillerie
Les citoyens qui achètent le sucre, le carburant, le pain et la bombonne de gaz auraient besoin de connaître le vrai prix de ces produits et tout le mal que la Caisse de compensation se donne pour les rendre accessibles aux petites bourses.
Certes, les ministres de l'équipe El Fassi motivent ces projets par leur programmation même ou du fait qu'ils s'inscrivent dans la cadence accélérée qu'un gouvernement en fin de mandat doit avoir. Mais pourquoi, ces mêmes chantiers revêtent-ils comme un aspect d'opérations marketing ? Plus encore, l'Exécutif a même eu recours à une technique plus pointue utilisée par les publicitaires à savoir le teasing. Face à ces innombrables panneaux d'affichage où il y avait inscrit le mot «makassib» qui veut dire «acquis», les Marocains croyaient au départ qu'il s'agissait d'un nouveau produit. Il s'est avéré ensuite que le gouvernement fait la promo de ses anciennes réalisations. Une sorte de bilan, mais avec tous les ingrédients d'une campagne publicitaire. Comme si le travail des différents ministères dont les locataires ont été élus par le peuple n'allait pas de soi.
Ce même gouvernement que l'on critiquait pour son manque de communication, explose tout d'un coup en mille révélations, criant sur tous les toits les fruits de son labeur. Plusieurs exemples corroborent cette découverte subite des vertus de la communication. Peu de temps après la campagne «makassib», le soutien des produits de base qui ne date pas de 2007, a fait l'objet d'un matraquage publicitaire.

Raison avancée : les citoyens qui achètent le sucre, le carburant, le pain et la bombonne de gaz auraient besoin de connaitre le vrai prix de ces produits et tout le mal que la Caisse de compensation se donne pour les rendre accessibles aux petites bourses. Or, cela fait des années que l'on explique, chiffres à l'appui, la différence qu'il y a entre le prix réel et celui en vigueur sur le marché de ces produits. Pourquoi, estime-t-on opportun de faire aujourd'hui la promo de la Caisse sachant que toutes les tentatives de la réformer ont échoué ? Notamment au niveau du ciblage. Et ce n'est pas fini. Le ministère de l'Agriculture a pour sa part lancé l'opération Assaar (prix). C'est une sorte de bourse des produits agricoles qui devrait donner de la visibilité au quotidien pour les opérateurs et les consommateurs. Belle opération grand-public qui aurait pu être lancée bien avant-cela lorsque la cherté des produits agricoles est devenue un phénomène à la peau dure sous l'effet de la spéculation. Anachronisme aussi criant pour la nouvelle stratégie Club Biladi entamée par le ministère du Tourisme alors que la saison estivale touchait à sa fin.

C'est un peu frappant comme le gouvernement s'attaque précisément aux sujets difficiles durant le temps mort. Ou peut-être qu'il voulait laisser le meilleur pour la fin, comme dit ce député non sans ironie. Le département du Commerce et de l'industrie n'est pas en reste. Il s'est lancé en juillet dernier dans deux programmes d'auto-emploi pour les jeunes à savoir Intilak et Tatwir. Deux innovations qui viennent s'ajouter à une multitude de projets d'aide à la création de PME et de TPE qui n'ont jamais donné le résultat escompté. Enfin et à la mi-septembre dernier, le département de l'Equipement a jugé bon de rétrécir le délai de réalisation du deuxième programme de création des routes rurales de 2015 à 2012.

Ce serait alors une belle prouesse et pour y parvenir dans les nouveaux délais, il faut multiplier les chantiers dans le monde rural dès aujourd'hui. Mais là où les actions à relent de campagne deviennent les plus visibles, c'est au niveau de la réfection des chaussées urbaines. L'asphalte électoral est monnaie courante avant chaque élection. Pour celles du 25 novembre prochain, il n'y a pas eu exception à la règle. Rien qu'à Casablanca, l'odeur du bitume sature l'air. A l'ancienne Médina, à Derb Omar, dans les ruelles huppées d'Aïn Diab, au boulevard d'Anfa etc, la réfection des voies bat son plein. On pourrait imaginer que cet argument bitumineux n'aurait pas autant d'influence sur le choix de l'électorat que par le passé. Mais, il n'en reste pas moins valable que les élus n'arrivent toujours pas à se défaire de ces vieilles méthodes qui ne valorisent guère l'action politique.

Quand le gouvernement communique

C'est la première fois dans l'histoire d'un gouvernement que ce dernier communique, en fin de parcours, sur son bilan, à travers une campagne de communication institutionnelle. En effet, le gouvernement de Abbass El Fassi a décidé de le faire à travers un site internet (www.makassib.ma) et à travers une campagne de communication institutionnelle. Il a décidé ainsi de parler de toutes les réalisations menées par les différents départements de ce gouvernement tout en donnant la priorité à l'emploi, l'enseignement, l'habitat, le pouvoir d'achat et la santé. Bien évidemment, cela n'aurait pas pu passer sans que les partis de l'opposition montent au créneau en estimant qu'il s'agit là d'une campagne préélectorale. Ils ont critiqué cette action disant qu'il aurait été plus approprié de présenter un tel bilan devant les membres du Parlement. Les accusations sont allées plus loin de la part des partis de l'opposition en disant qu'il s'agit de l'utilisation des deniers publics au profit des partis de la majorité à des fins électorales. Qui a tort et qui a raison ?
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Actions ministérielles préélectorales

La bourse des prix agricoles

Le ministère de l'Agriculture installe la bourse des prix Depuis que Aziz Akhannouch est le chef du département de l'Agriculture et de la Pêche maritime, l'essentiel des ses opérations phares a été en relation avec le Plan Maroc Vert. À quelques semaines de la fin de son mandat, il surprend tout le monde en mettant en avant une opération qui répond aux attentes de beaucoup de Marocains, tant les professionnels que les simples particuliers. Il s'agit de «la bourse des prix agricoles». En effet, cette action, qui a été présentée vendredi dernier par M. Akhannouch sous le nom de «système Asaâr», marque un tournant majeur en matière de suivi des prix dans le Royaume, ainsi qu'il l'a été dit par le ministre à cette occasion. Ce nouveau dispositif tend vers la mise en place «d'une bourse de l'ensemble des produits agricoles dans toutes les régions et les marchés du Maroc suivis et présentés en temps réel». Cette belle réalisation, si utile, attendue depuis longtemps, qui vient d'être annoncée à la veille des élections législatives, suscite, par ailleurs, des interrogations quand à son timing.

Un deuxième programme pour désenclaver les zones rurales

C'est au milieu du mois de septembre 2011, quelques semaines avant le 25 novembre, date du prochain scrutin, que Karim Ghellab, ministre de l'Équipement et du Transport, a annoncé son deuxième «Programme national des routes rurales ». Programme qui a été présenté comme ayant pour objectif la «mise en réseau des campagnes», et ce à travers la réalisation de 15.500 km de routes dont 9.730 km à faire et 5.820 km à réhabiliter. Ce qui, selon ce département, devrait porter à hauteur de 80% le niveau de desserte des campagnes. Dans ce contexte, le ministre propose d'atteindre cet objectif avant la fin de 2012 au lieu de l'année 2015, si les bailleurs de fonds et les collectivités locales mettent la main à la poche. Le ministre, qui espère une cadence de création de routes rurales de 2.000 kilomètres par an et parle de l'objectif de désenclavement de 2 millions d'habitants de ces zones. La communication autour de ces projets, notamment dans la perspective de 2012, pousse à se poser encore ici des questions par rapport au timing choisi pour faire ces propositions…

L'emploi, un cheval de bataille

Ces derniers temps, Ahmed Reda Chami, ministre du Commerce, de l'Industrie et des Nouvelles technologies, ne rate plus aucune occasion pour parler de la création dans le cadre de son département de l'emploi et de la croissance économique. Rien que dans la ville spirituelle, Fès, il a parlé de la création, dans les années à venir, de 30 mille nouveaux emplois. Il parle aussi, ce qui va permettre la création de ces emplois, de la création de zones industrielles, de plateforme industrielle intégrée, d'une autre plateforme, Fès-Shore… Il présente aussi son Pacte national pour l'émergence industrielle (PNEI) comme un modèle visant à dynamiser le marché de l'emploi. Le ministre qui communique beaucoup, ces derniers temps sur l'effet création d'emploi a aussi lancé, en juillet dernier deux appels à projets (Intilak et Tatwir). Opération qui fait les yeux doux aux Start Up dirigées généralement par de jeunes entrepreneurs. Comme à la veille de chaque échéance électorale, les opérations menées par les ministres suscitent des questions quand à leur programmation en fin de mandat.

Le tourisme mise sur les clubs Biladi

Depuis longtemps, les stratégies visant la promotion du tourisme intérieur sont restées timides. Les Kounouz Biladi n'ont jamais répondu aux attentes des touristes nationaux. Dernièrement, le ministre du Tourisme, Yasser Znagui, annonce que son département «travaille plus sérieusement pour que cela change». Dans ce sens, Yasser Znagui dit vouloir répondre aux particularités des Marocains qui veulent profiter de leurs vacances, et ce à travers un nouveau produit, baptisé «Club Biladi». Il s'agit de clubs de vacances et d'animation ayant pour but de dynamiser le tourisme interne. Yasser Znagui parle ainsi d'une nouvelle stratégie visant à développer des ressorts où les Marocains pourront aller en amenant leurs enfants. Il s'agit d'un concept qui offre des appartements pour toute la famille à 400 ou 500 dirhams. «C'est un projet concret sur lequel nous travaillons et je crois qu'il sera finalisé avant la fin de l'année», annonce-t-il. Ce qui n'est pas sans allécher les nombreuses familles qui trouvent les offres des hôtels onéreuses. Est-ce une action réfléchie depuis longtemps ou est-ce encore une fois une un clin d'œil en direction des électeurs ?
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