À chaque rentrée scolaire, les libraires gardent les drapeaux en berne. Et pour cause, leur commerce ne tourne plus rond depuis que les établissements de l'enseignement privé les concurrencent sur leur propre terrain en se chargeant eux-mêmes de l'acquisition et de la vente des manuels scolaires. Ce business clandestin a pris tellement d'ampleur dans tout le Maroc que les libraires ont décidé de sortir de leur silence pour dénoncer haut et fort ce qu'ils considèrent comme une atteinte à leur gagne-pain.
C'est dans ce cadre qu'a été organisée une conférence de presse le 20 juin à Rabat, à laquelle ont participé des libraires du Maroc entier. Mohamed Issami, représentant des associations des libraires du Maroc, tire la sonnette d'alarme en parlant des dégâts subis par la profession à cause de telles pratiques. «Il est désolant de constater que les librairies marocaines sont aujourd'hui en voie de disparition. Pour preuve, beaucoup parmi elles ont fait faillite, d'autres croulent sous les dettes et sont au bord de la faillite. Derrière cette grave dégradation, il y a une raison principale : c'est le laisser-aller en matière de vente des livres et des fournitures qui caractérise chaque rentrée scolaire. N'importe qui peut s'adonner à ce commerce au vu et au su de tous : les établissements de l'enseignement privé, les grandes surfaces, les librairies qui travaillent d'une façon saisonnière, voire les épiciers, les marchands ambulants et les commerçants exerçant dans des souks hebdomadaires».
Si l'accent est mis sur les établissements de l'enseignement privé, c'est bien parce qu'ils sont les seuls à bénéficier d'un certain nombre d'avantages accordés soit par l'État, soit par les éditeurs.
À titre d'exemple, les libraires soulignent le fait que les manuels importés de France par ces établissements sont payés en devises étrangères et, plus encore, sont exonérés des droits de douane, compte tenu de leur valeur culturelle et scientifique, ce qui coûte à l'État plusieurs milliards de centimes. Ajoutons à cela le fait que les dits établissements ne payent pas d'impôts à l'État sur leurs achats et ventes, comme c'est le cas pour les libraires. «C'est pour vous dire que ce business illégal ne porte pas seulement atteinte aux intérêts des libraires, mais aussi aux recettes fiscales de l'État», signale M. Issami. Côté éditeurs, les privilèges obtenus ne sont pas moins importants. Cela va de l'octroi d'un pourcentage sur les ventes dépassant celui accordé aux libraires, à l'octroi de la possibilité de rendre les manuels invendus.
La pression sur les parents
Les libraires vont jusqu'à qualifier les commandes passées entre les deux parties d'«illégales», du moment que les receveurs (les établissements privés) ne correspondent pas au profil d'établissements commerciaux.
Les professionnels indignés «s'en prennent» particulièrement à ces établissements pour une seconde raison : c'est que plusieurs parmi eux mettent la pression sur les parents des élèves pour qu'ils s'approvisionnent chez eux et nulle part ailleurs. «Beaucoup de parents obtempèrent par crainte des représailles et des répercussions négatives que pourrait avoir leur refus sur l'avenir de leurs enfants», soutiennent les libraires dans une lettre adressée en avril 2011 à la secrétaire d'État chargée de l'Enseignement scolaire. Le constat fait, il est temps de passer à l'acte. Les professionnels qui s'estiment lésés ont déjà pris l'initiative de s'adresser par correspondance aux plus hautes instances de tutelle, dont le secrétariat d'État chargé de l'enseignement scolaire, les délégués provinciaux du ministère de l'Éducation nationale et les walis et gouverneurs de différentes régions du Maroc. Dans leurs lettres, les concernés détaillent les infractions précitées qu'ils tiennent pour responsables de leur misère et exhortent les autorités à prendre aussi vite que possible les mesures qui s'imposent pour y mettre fin. Dans la forme, les responsables ont fait preuve de compréhension et ont, effectivement, adressé des lettres et des notes ministérielles, d'un ton ferme, aux directeurs des établissements mis en cause pour les presser de «cesser toute activité incompatible avec la mission pédagogique» qui leur est assignée et avec l'accréditation qui leur a été remise.
Mais en l'absence de mesures effectives de contrôle et de sanction contre les contrevenants, le phénomène perdure et gagne du terrain. Il existe pourtant une loi (la loi 06.00 règlementant les établissements de l'enseignement privé) qui interdit formellement toute activité commerciale du genre dans l'enceinte des écoles. L'une des réclamations des libraires est de la mettre en application pour faire régner l'ordre et protéger leur gagne-pain contre la concurrence déloyale exercée par les établissements privés. En attendant, ces professionnels ne croisent pas les bras.
Si rien n'est fait, ils sont résolus à organiser un sit-in de protestation devant le siège du ministère de tutelle pour pousser les responsables à prendre au sérieux leurs revendications. Affaire à suivre…
C'est dans ce cadre qu'a été organisée une conférence de presse le 20 juin à Rabat, à laquelle ont participé des libraires du Maroc entier. Mohamed Issami, représentant des associations des libraires du Maroc, tire la sonnette d'alarme en parlant des dégâts subis par la profession à cause de telles pratiques. «Il est désolant de constater que les librairies marocaines sont aujourd'hui en voie de disparition. Pour preuve, beaucoup parmi elles ont fait faillite, d'autres croulent sous les dettes et sont au bord de la faillite. Derrière cette grave dégradation, il y a une raison principale : c'est le laisser-aller en matière de vente des livres et des fournitures qui caractérise chaque rentrée scolaire. N'importe qui peut s'adonner à ce commerce au vu et au su de tous : les établissements de l'enseignement privé, les grandes surfaces, les librairies qui travaillent d'une façon saisonnière, voire les épiciers, les marchands ambulants et les commerçants exerçant dans des souks hebdomadaires».
Si l'accent est mis sur les établissements de l'enseignement privé, c'est bien parce qu'ils sont les seuls à bénéficier d'un certain nombre d'avantages accordés soit par l'État, soit par les éditeurs.
À titre d'exemple, les libraires soulignent le fait que les manuels importés de France par ces établissements sont payés en devises étrangères et, plus encore, sont exonérés des droits de douane, compte tenu de leur valeur culturelle et scientifique, ce qui coûte à l'État plusieurs milliards de centimes. Ajoutons à cela le fait que les dits établissements ne payent pas d'impôts à l'État sur leurs achats et ventes, comme c'est le cas pour les libraires. «C'est pour vous dire que ce business illégal ne porte pas seulement atteinte aux intérêts des libraires, mais aussi aux recettes fiscales de l'État», signale M. Issami. Côté éditeurs, les privilèges obtenus ne sont pas moins importants. Cela va de l'octroi d'un pourcentage sur les ventes dépassant celui accordé aux libraires, à l'octroi de la possibilité de rendre les manuels invendus.
La pression sur les parents
Les libraires vont jusqu'à qualifier les commandes passées entre les deux parties d'«illégales», du moment que les receveurs (les établissements privés) ne correspondent pas au profil d'établissements commerciaux.
Les professionnels indignés «s'en prennent» particulièrement à ces établissements pour une seconde raison : c'est que plusieurs parmi eux mettent la pression sur les parents des élèves pour qu'ils s'approvisionnent chez eux et nulle part ailleurs. «Beaucoup de parents obtempèrent par crainte des représailles et des répercussions négatives que pourrait avoir leur refus sur l'avenir de leurs enfants», soutiennent les libraires dans une lettre adressée en avril 2011 à la secrétaire d'État chargée de l'Enseignement scolaire. Le constat fait, il est temps de passer à l'acte. Les professionnels qui s'estiment lésés ont déjà pris l'initiative de s'adresser par correspondance aux plus hautes instances de tutelle, dont le secrétariat d'État chargé de l'enseignement scolaire, les délégués provinciaux du ministère de l'Éducation nationale et les walis et gouverneurs de différentes régions du Maroc. Dans leurs lettres, les concernés détaillent les infractions précitées qu'ils tiennent pour responsables de leur misère et exhortent les autorités à prendre aussi vite que possible les mesures qui s'imposent pour y mettre fin. Dans la forme, les responsables ont fait preuve de compréhension et ont, effectivement, adressé des lettres et des notes ministérielles, d'un ton ferme, aux directeurs des établissements mis en cause pour les presser de «cesser toute activité incompatible avec la mission pédagogique» qui leur est assignée et avec l'accréditation qui leur a été remise.
Mais en l'absence de mesures effectives de contrôle et de sanction contre les contrevenants, le phénomène perdure et gagne du terrain. Il existe pourtant une loi (la loi 06.00 règlementant les établissements de l'enseignement privé) qui interdit formellement toute activité commerciale du genre dans l'enceinte des écoles. L'une des réclamations des libraires est de la mettre en application pour faire régner l'ordre et protéger leur gagne-pain contre la concurrence déloyale exercée par les établissements privés. En attendant, ces professionnels ne croisent pas les bras.
Si rien n'est fait, ils sont résolus à organiser un sit-in de protestation devant le siège du ministère de tutelle pour pousser les responsables à prendre au sérieux leurs revendications. Affaire à suivre…