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«Les relations entre le Maroc et l’Union européenne sont excellentes»

Le président du Parlement européen, Martin Schulz, a salué les réformes engagées au Maroc sous l’impulsion de S.M. le Roi Mohammed VI, visant à consolider les acquis démocratiques et asseoir les bases d’un développement économique intégré.
Dans un entretien à la MAP à l’occasion de sa visite au Maroc, M. Schulz a indiqué que le Royaume doit poursuivre ces réformes courageuses, rappelant que les élections et la réforme constitutionnelle ont été deux étapes importantes vers la démocratisation de la vie politique.

«Les relations entre le Maroc  et l’Union européenne sont excellentes»
Martin Schulz.

MAP : Dans le contexte du printemps arabe et des bouleversements qu’ont connus les pays du sud de la Méditerranée, comment évaluez-vous l’expérience marocaine, et que pensez-vous des réformes qui ont été engagées par le Maroc dans les domaines politique,
économique et social ?
Martin Schulz : Les soulèvements populaires dans les pays arabes ont été motivés par les mêmes aspirations notamment de la jeunesse à vivre dans la dignité et la liberté. Cette jeunesse formée aspire aussi à participer activement à la vie politique et économique de son pays. En revanche, les réponses des autorités se sont différenciées allant de la répression la plus inqualifiable à l’ouverture la plus louable.
Sa Majesté le Roi Mohammed VI a clairement choisi d’écouter la jeunesse marocaine et une société civile dynamique et engagée. Il faut lui en rendre hommage. La proposition d’une nouvelle Constitution a été largement soutenue par les urnes. Les résultats électoraux ont confirmé un processus de transition démocratique et transparent incontestable.  À présent, le grand défi est de transposer les nouvelles dispositions constitutionnelles dans la vie politique, économique, administrative et sociale du pays. Le nouveau gouvernement doit faire face à plusieurs défis : le taux de chômage notamment de la jeunesse, l’alphabétisation, la lutte contre les inégalités et la pauvreté, la lutte contre la corruption.
Le Maroc doit poursuivre les réformes courageuses entreprises dans plusieurs domaines. Les élections et la réforme constitutionnelle ont été deux étapes importantes vers la démocratisation de la vie politique, mais le chemin est long et doit se poursuivre.

Le Maroc est le seul pays à bénéficier du Statut avancé parmi les partenaires méditerranéens de l’Union européenne. Quelle évaluation faites-vous des relations entre le Maroc et l’Union européenne ?
Les relations entre le Maroc et l’Union européenne sont excellentes. L’UE est le premier partenaire commercial du Maroc qui est aussi son premier destinataire en termes de soutien financier dans le cadre de notre politique de voisinage.
Au cours de la dernière décennie, le Maroc a marqué sa volonté politique forte de se rapprocher de l’UE. Cette volonté s’est concrétisée par l’octroi d’un Statut avancé adopté en 2008. Les négociations sur le nouveau plan d’action pour le Statut avancé sont en cours de finalisation et je suis pleinement confiant quant à l’avenir de notre relation bilatérale qui reste une priorité stratégique.  Le Maroc a su résister à la difficile conjoncture économique en obtenant une bonne croissance au cours des dernières années. Les signaux de reprise économique en Europe devraient également être favorables à l’économie marocaine compte tenu de nos liens étroits. Par ailleurs, permettez-moi de souligner que notre coopération ne se limite pas uniquement à l’économie. Nous devons renforcer davantage encore notre dialogue politique sur des questions d’intérêt mutuel. Je pense notamment à la promotion des droits de l’homme, à la lutte contre les discriminations, à la lutte contre le terrorisme, et la coopération régionale et enfin au dialogue interculturel. Ensemble, nous pouvons agir aux mieux des intérêts de nos concitoyens.

Le Parlement européen a approuvé l’accord agricole Maroc-UE. Vous avez salué ce vote, estimant que le soutien aux réformes démocratiques dans la région méditerranéenne doit être accompagné par des actes tangibles, dont un renforcement des relations commerciales. Le Parlement européen a toutefois bloqué l’accord de pêche Maroc-UE. Un nouveau mandat a été donné à la commission européenne pour la négociation d’un nouvel accord. Comment qualifiez-vous l’adoption de l’accord agricole et le rejet de l’accord de pêche ?
Le Parlement européen a approuvé un accord libéralisant le commerce pour les produits agricoles et de la pêche. Ce vote a été très difficile pour certains de mes collègues. Leur réticence était motivée du fait que l’ouverture du marché aux produits marocains aurait concurrencé les produits similaires de certains producteurs européens. Néanmoins, le vote positif a démontré que les intentions du Parlement à l’égard du Maroc sont sérieuses. Nous voulons un partenariat construit sur des actions concrètes et non sur les mots.
L’opposition sur l’accord de pêche relève de raisons plus formelles autant légales qu’économiques. L’UE aurait dû débourser des sommes importantes pour avoir la possibilité de pêcher sur les côtes autour du Maroc. Mes collègues ont soulevé une série de doutes : le montant de ces sommes à verser au Maroc, la surexploitation des réserves de poissons dans la région et les retombées pour les populations concernées. Les deux votes du PE sur l’accord de pêche et l’accord commercial montrent bien que le Parlement européen est fortement attaché au partenariat avec le Maroc, mais dans le cadre d’une relation sérieuse et respectueuse du droit.
Je reste optimiste que les négociations aboutiront à un résultat positif dans le cadre du nouvel accord de pêche. Nous avons besoin d’un accord qui soit économiquement, écologiquement et socialement durable pour notre bénéfice mutuel.

Une dynamique est actuellement en cours pour relancer l’Union du Maghreb arabe. Une intégration régionale est bénéfique pour les pays de la région et pour l’Union européenne aussi. Qu’en pensez-vous ?
Le PE n’est pas simplement favorable à une relance de l’Union du Maghreb, il la voit comme une étape nécessaire et incontournable pour renforcer la croissance dans la région entière.
La grande croissance de l’UE après la Deuxième Guerre a été largement favorisée par l’augmentation du niveau des échanges commerciaux intra-européens, ce qui a créé une croissance soutenue durant plus de trois décennies. La faiblesse des relations commerciales au sein du Maghreb est un vrai handicap pour la croissance et le développement de la région. La confiance est le moteur de l’économie et du commerce. Imaginez un Maghreb où chaque citoyen pourrait voyager librement de Benghazi à Rabat, où il n’y aurait pas de blocage dans le commerce transfrontalier, où les infrastructures sont développées et de grands projets -l’énergie, l’eau,- sont financés, développés et gérés ensemble. Le potentiel de coopération et de complémentarité est énorme.J’ose penser que le contexte actuel du printemps arabe et l’urgence de consolider la démocratie, la bonne gouvernance et assurer une prospérité aux citoyens permettront d’insuffler un nouveau climat régional de coopération et d’entente et je ne peux, à cet égard, que saluer les efforts entamés pour relancer l’intégration magrébine.

Le Maroc a proposé un plan d’autonomie pour le règlement de la question du Sahara. Cette initiative marocaine a été qualifiée de proposition réaliste et crédible. La position de l’UE consiste à apporter son soutien aux efforts du secrétaire général de l’ONU et à son envoyé personnel dans la recherche d’une solution juste et mutuellement acceptable. Qu’en est-il du Parlement européen ?
L’UE souhaite voir aboutir une solution concertée et mutuellement acceptable. Elle soutient pleinement l’envoyé de l’ONU Christopher Ross.  Ce que je tiens à souligner est que le statu quo n’est plus soutenable. Il ne fait aucun doute que l’ensemble de la région du Maghreb gagnerait à voir cette question réglée dans le cadre d’un processus politique.

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