Connexion
Séduit par les travaux de Yasmina Alaoui, l’artiste et galeriste David Bloch n’a pas hésité à les faire découvrir à un plus large public. «Suite à notre rencontre et à de longues discussions, en mars dernier, j’ai été tenté par l’invitation de Yasmina à exposer à la galerie. C’est un accord qui s’est fondé logiquement, vu que son art rentre dans les thématiques de l’espace : l’art optique d’un côté et l’abstraction de l’autre. Il a aussi fallu opter pour une femme pour faire l’équilibre des choses. Le contact avec cette artiste franco-marocaine a été facile. C’est une femme intelligente et brillante. Puis, j’ai beaucoup aimé son travail où elle utilise des signes géométriques islamo-arabes. Elle est influencée par les dessins du zellige, les formes florales…», souligne David Bloch.
Cette lauréate du musée du Carrousel du Louvre à Paris et diplômée en sculpture de William et Mary a commencé son parcours artistique en collaborant avec le photographe Marco Guerra sur la série «1 001 rêves» qui est exposée à l’international depuis 2003. Son travail avec Marco consistait à faire des retouches sur la photo artistique. Ce qui lui a ouvert des horizons pour continuer cette expérience toute seule, sur sa propre série inspirée de ses origines marocaines et de son intérêt pour la science. «C’est un travail très moderne où il y a beaucoup d’innovation. L’artiste prend la photo comme support, la retravaille, y imprime des choses manuellement. C’est une nouveauté dans les arts plastiques qu’il faut encourager. Je trouve que Yasmina maîtrise bien cette technique», précise David Bloch.
Mais, en fait, la technique utilisée par Yasmina est à la confluence de plusieurs branches plastiques où dessin, peinture, collage et numérique se trouvent côte à côte dans une harmonie extraordinaire. «Mon approche personnelle dans tous les projets artistiques consiste à associer l’art classique à celui contemporain avec des techniques de fabrication artisanales pour créer l’œuvre. La combinaison des différentes techniques est un processus complexe (et secret) de stratification que j’ai développé au fil des ans en utilisant mes connaissances de différents médiums», explique l’artiste Yasmina. Cette native du Maroc tente de négocier son propre patrimoine religieux et son héritage culturel en épousant sa riche complexité esthétique grâce à l’exploration d’un motif resté statique et emmuré dans la tradition.
Selon le critique d’art Chris Sharp, «ce nouveau travail de Yasmina Alaoui, inspiré de motifs géométriques arabo-islamiques afin de créer des champs d’abstraction denses et opulents, remet en question et interpelle notre façon de voir. Élaborées de multiples façons à partir du motif de l’étoile à quatorze branches, les images sont construites en couches successives ressemblant autant à des paysages qu’à des explosions ou des tapisseries suspendues qui ont l’air de se lever, de scintiller et de se dissoudre sous nos yeux. Par cette nouvelle interprétation, les motifs religieux, initialement conçus à partir d’une interdiction de représentation de l’image idolâtrée dans l’Islam, subissent une sorte de sécularisation qui équivaut à celle de l’abstraction du XXIe siècle.
L’absence subtile de symétrie cherche à provoquer une tension optique qui joue habilement à capturer l’attention du voyeur en courant sur l’image et en y détaillant les incohérences géométriques tout en le gratifiant d’une expérience visuellement sensuelle».
