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La signification socioculturelle de l’Aïd Al-Adha au Maroc

Moha Ennaji
Écrivain et chercheur universitaire

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Aïd Al-Adha ou la fête du Sacrifice est célébré par les musulmans du monde entier comme une grande fête pour une période de deux à quatre jours. La majorité des musulmans va assister à la prière spéciale (Salat al-Aïd) tenue la matinée du jour de la fête dans différentes grandes mosquées et centres islamiques partout dans le monde.

Les musulmans portent habituellement des vêtements traditionnels neufs, et des cadeaux sont échangés entre les membres de la famille, tandis que les enfants bénéficient de quelques jours de congé scolaire, les étudiants universitaires, également. Les deux jours de la fête sont fériés pour tous les travailleurs.
Lorsqu’on s’interroge sur l’origine de l’Aïd al-Adha, le Prophète Sidna Mohammed aurait dit : «C’est une tradition qui est venue jusqu’à nous depuis Abraham.»

La fête du Sacrifice date de l’événement historique où le Prophète Abraham était commandé par Dieu, dans une forme d’une vision de rêve, de sacrifier son fils, Ismail. Mais alors qu’il était dans l’acte de sacrifier son fils, Dieu a envoyé l’ange Gabriel avec un bélier énorme. Gabriel informe Abraham que sa vision de rêve a été remplie et lui ordonna de sacrifier le bélier comme une rançon pour son fils. L’histoire est mentionnée dans le chapitre n ° 37 du Saint Coran.
Aïd al-Adha qui est considéré comme étant la plus grande fête musulmane jouit d’une signification particulière parce que le jour du sacrifice marque le point culminant du Haj ou pèlerinage, le cinquième pilier de l’Islam. Ce pèlerinage annuel à La Mecque et Médine en Arabie saoudite est une obligation pour les musulmans, hommes et femmes, qui sont physiquement et financièrement capables de le faire une fois dans leur vie.

Chaque pays musulman a ses propres traditions qui entourent l’Aïd Al-Adha. Au Maroc, les gâteaux et les galettes sont préparés à l’avance pour la journée spéciale et de nouveaux vêtements achetés pour les enfants.
Après la prière de l’Aïd au premier matin de la fête, les familles égorgent le mouton à leur propre domicile. Avant l’abattage, ils bénéficieront d’un petit déjeuner avec des plats traditionnels tels que «herbel» (blé et soupe au lait), «msemen», «harcha», «beghrir» et «krachel».
C’est la tradition marocaine pour préparer les abats comme le foie et le cœur le jour de l’abattage. Les repas des jours suivants comprennent plus de viande et de plats bien garnis (comme le «méchoui», l’agneau cuit à la vapeur et la «mrouzia»), qui pourraient être trop coûteux pendant d’autres moments de l’année.

Les Marocains ont tendance à préparer des repas économiques, et il y a des plats spéciaux qui comprennent la tête, la queue, les intestins, l’estomac et les pieds. Même le cerveau, la graisse et les testicules ne vont pas aux déchets.
Des recettes pour l’Aïd Al-Adha vous donneront plus d’idées sur la façon dont les Marocains préparent et font cuire la viande pendant cette grande fête spéciale, appelée aussi l’Aid Al-kabir.

Cependant, les temps ont bien changé au Maroc, même la célébration ne semble plus avoir le même goût. Le changement de mode de vie a conduit à de nouvelles habitudes. Alors que certaines personnes se sont endettées jusqu’au cou pour acheter un mouton à l’occasion de l’Aïd Al-Adha, d’autres décident, tout simplement, de sauter la partie Sacrifice de la fête qu’ils considèrent comme une habitude ancienne.
Ils ne célèbrent pas cette occasion et ils en sont fiers. «Chaque année, je prends des vacances de l’Aïd pour voyager avec ma femme pour me détendre un peu. C’est beaucoup mieux qu’un mouton. Ce ne sera pas des vacances, mais une corvée», dit Jawad de la ville de Fès. En fait, les agences de voyages voient une recrudescence réelle de la demande pour les voyages dans cette période et les hôtels sont pleins dans plusieurs villes surtout à Marrakech et à Tanger. «Pas besoin de faire de la publicité, nous remarquons dans cette période une forte augmentation de la demande pour les voyages dans le pays, mais aussi en France, Turquie, Singapour et Belgique», explique Majda, d’une agence de voyages à Rabat.

En effet, ne pas célébrer l’Aïd Al-Adha est une tendance qui commence à s’installer ces dernières années. Chacun a ses propres raisons. Certains pensent que c’est très encombrant pour un appartement. Sans parler de la mauvaise odeur qui prend plusieurs semaines à disparaître. D’autres achètent quelques jours avant la fête, un agneau coupé (côtes, jambes, épaules, foie et tripes et le mettent dans le congélateur et ils mangent au fur et à mesure comme tout le monde.

D’autres passent la cérémonie du Sacrifice chez leurs parents. Dans l’après-midi ou le lendemain, ils visitent les beaux-parents et le soir ils rentrent chez eux. D’autres célèbrent l’Aïd, mais quelque part sans avoir à acheter de mouton pour que leur maison reste propre, encore mieux ils économisent de l’argent pour d’autres choses.

Outre la propreté de la maison, certains ne fêtent pas l’Aïd pour des raisons de santé. En effet, le mouton n’est pas recommandé par les médecins.
Ces derniers conseillent à leurs patients cardiaques, et ceux avec un taux de cholestérol élevé d’éviter de manger de la viande du mouton, car elle contient beaucoup de cholestérol. À chacun sa fête.

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