La tension ou pression artérielle est la force exercée par le sang sur la paroi des artères. On parle d’hypertension artérielle qui est une pathologie cardiovasculaire définie par une pression artérielle trop élevée. Elle peut être aiguë ou chronique, avec ou sans signes de gravité.
L’hypotension artérielle, quant à elle, est caractérisée par une pression du sang anormalement faible. Cette faible pression peut être permanente ou transitoire, occasionnelle ou fréquente. Ses causes sont multiples, il peut s’agir de problèmes neurologiques, effets secondaires d’un médicament, déshydratation, etc. Il existe différentes sortes d’hypotension : l’hypotension orthostatique (chute de tension après un lever rapide) et postprandiale (baisse de la pression qui survient naturellement après chaque repas. Le sang afflue, en effet, au système digestif pour permettre de bien assimiler les nutriments). La gravité des deux maladies réside dans les complications qu’elles peuvent causer sur la santé du patient. C’est pour cette raison que les médecins conseillent, en général, à leurs patients de ne pas jeûner pendant le mois sacré du Ramadan surtout que cette exemption est autorisée par la religion musulmane. Effectivement, selon le Coran et les Hadiths du Prophète, l’impératif du jeûne n’est pas obligatoire dès qu’il met en danger la santé de l’individu. Toutefois malgré toutes les autorisations qu’ils peuvent avoir, la plupart des hypertendus et des hypotendus s’obstinent à jeûner. «Je souffre d’hypertension depuis des années, ce qui ne m’empêche pas de jeûner. Ramadan est un mois sacré pour les musulmans.
Personne ne peut me convaincre de ne pas le pratiquer, quel que soit le risque. Tout ce que je dois faire, c’est de ne pas omettre de prendre mes médicaments», assure Hajja Malika. Même si elle reconnait souffrir de certains symptômes notamment l’essoufflement, la dyspnée, les céphalées, les vertiges, etc. «Ces symptômes ne sont pas obligatoirement en relation causale avec l’hypertension. Ils peuvent être liés directement au jeûne et à ses conséquences sur le corps humain», insiste-t-elle.
En cas d’hypertension ou d’hypotension, c’est presque pareil. Le mauvais équilibre de la tension et la peur d’une complication de type accident cardiaque ou cérébral sont les arguments avancés par les médecins pour dissuader leurs patients de pratiquer le jeûne. «Le jeûne particulièrement en période d’été, expose à une réduction du volume de sang circulant qui peut être amputé du tiers lors d’une journée de jeûne. Cette baisse du volume de sang lors de la journée est responsable d’une cascade d’événements qui peuvent menacer la santé de l’hypertendu et de l’hypotendu», indique Mohamed Alami, cardiologue.
Des risques qui ne semblent pas décourager la plupart des intéressés. «Ma tension est très instable et elle a tendance à dégringoler. C’est pourquoi mon médecin me conseille chaque année de ne pas faire le Ramadan. Mais je ne peux m’y résigner. Résultat : j’évite de trop bouger et je continue à manger jusqu’à la dernière minute du “shour”.
Ceci me permet de tenir jusqu’à la fin de la journée et au final je m’en sors pas mal», souligne Chaimaa, 26 ans. Cependant, selon le cardiologue, les risques sont bel et bien présents pour les malades. «Les risques auxquels sont exposées les personnes souffrant d’hypertension artérielle et qui jeûnent sont multiples. On parle de chute tensionnelle (liée à l’hypovolémie) ; poussée tensionnelle (liée à une réaction amplifiée des mécanismes hormonaux et neurohormonaux) ; altération de la fonction du rein (liée à l’hypovolémie et qui peut être aggravée par la prise de certains médicaments) et accidents vasculaires (liés à la baisse de fluidité du sang et à la tendance accrue à la formation de caillots sanguins)», affirme-t-il. Et d’ajouter : «En résumé il s’agit essentiellement de perturbations tensionnelles et de fluidité du sang, qui peuvent causer des attaques cérébrales ou cardiaques et menacer les reins dans leur rôle de filtration». Quant aux personnes hypotendues, le cardiologue indique qu’elles sont exposées, essentiellement, à la chute tensionnelle majeure se manifestant par une perte de connaissance brutale.
Questions à : Mohamed Alami, cardiologue
«Le contrôle de la tension artérielle doit se faire en journée, mais aussi le soir»
Quelles précautions prendre pour les personnes malades ?
Les personnes malades et plus particulièrement les personnes atteintes d’hypertension artérielle doivent impérativement s’assurer de la stabilité de leur maladie. Certains médicaments (pour traiter l’hypertension) sont parfois modifiés par le médecin en prévision au jeûne. Bref, il est vivement conseillé, d’autant plus que la personne hypertendue est âgée et présente d’autres maladies associées de ne pas s’aventurer à jeûner sans l’avis du médecin traitant. Si la personne est autorisée à jeûner, il faut boire beaucoup d’eau le soir (2-3l), éviter de trop se dépenser en journée et respecter l’horaire de prise de médicaments. Le contrôle de la tension artérielle (par les appareils d’automesure) doit se faire en journée, mais aussi le soir après la rupture du jeûne.
Quels sont les signes auxquels l’entourage des personnes souffrantes doit faire attention ?
Les vertiges, les maux de tête, les bourdonnement d’oreilles, les palpitations, la perte de connaissance, la sensation de mouches volantes devant les yeux sont autant de signes d’alarme. Parfois, les symptômes sont plus frustres et difficiles à relier la tension artérielle comme la fatigue, l’irritabilité, l’agitation, etc.
Comment réagir en cas de crise ?
Devant tous ces signes d’alarme, il est nécessaire de contrôler la tension artérielle rapidement. En présence des symptômes, il est recommandé de rompre le jeûne (boire une gorgée d’eau sucrée) et consulter son médecin ou au moins lui communiquer les chiffres de tension.
Conclusion, le jeûne chez les personnes hypertendues ou hypotendues doit se faire dans les règles de l’art pour bénéficier des bienfaits du jeune sans s’exposer à ces complications.