L’Union européenne (UE) prépare un quatorzième train de sanctions contre le régime de Bachar al-Assad, concernant des restrictions d’exportations vers la Syrie des produits de luxe et du matériel pouvant être détourné à des fins de répression, a-t-on appris vendredi dernier de sources diplomatiques. «Les sanctions sont prêtes. Il faudra voir lundi, en fonction de l’évolution sur le terrain, si les ministres européens des Affaires étrangères les adoptent ou pas», a précisé un diplomate européen lors d’une réunion prévue à Luxembourg.
L’idée est d’interdire d’une part les exportations de produits de luxe et de l’autre d’allonger la liste des équipements qui peuvent servir à des fins de répression interne de l’opposition, ou qui peuvent servir à l’élaboration de tels produits, a-t-il souligné.
Certains de ces produits seront interdits, d’autres nécessiteront un processus d’autorisation spéciale, au cas par cas, a précisé ce diplomate.
Il y a un mois, lors de leur dernière réunion, les ministres européens avaient resserré l’étau autour du président syrien Bachar al-Assad en imposant des sanctions à sa femme, Asma, et à trois autres membres de sa famille, dont sa mère. Au total, 126 personnes et 41 sociétés sont visées par les sanctions européennes. Les sanctions européennes visent notamment la Banque centrale, le commerce de métaux précieux ou les vols de fret.
Pour sa part, le chef de la diplomatie française, Alain Juppé, a estimé vendredi dernier que la future force d’observateurs de l’ONU en Syrie devra avoir les moyens de faire «respecter la liberté de manifestation», en répétant que pour Paris le cessez-le-feu n’était pas appliqué. Il faut un «déploiement d’observateurs sur le terrain, mais d’observateurs qui aient les moyens, qui aient des équipements, des hélicoptères, qui fassent respecter la liberté de manifestation. C’est extrêmement important. Le jour où cette liberté sera effectivement garantie, le régime ne tiendra pas», a souligné Alain Juppé sur la chaîne de télévision BFM-TV.
«Il faut donner toutes ses chances au plan Annan (...). Le cessez-le-feu n’est pas respecté, mais si nous parvenons à déployer sur le terrain une force robuste d’observation, 500 personnes par exemple, alors les choses peuvent basculer dans la bonne direction», a-t-il aussi dit. Jeudi dernier, Alain Juppé avait parlé d’«au moins 300 à 400 observateurs». Commentant le fait que la Russie ait affirmé vendredi que le cessez-le-feu était «dans l’ensemble» respecté malgré des «violations et des provocations», le ministre français a rétorqué : «ce n’est pas l’analyse que nous avons faite hier» jeudi lors d’une réunion ministérielle internationale à Paris. Interrogé sur le projet de résolution encadrant le déploiement d’une force d’observateurs et en cours d’étude à New York à l’instigation de Paris, le ministre a estimé que la Russie pourrait la voter. «Je pense que oui», a-t-il dit.
Les «Russes ont été toujours partisans du déploiement d’une force d’observation» et «la position russe est en train d’évoluer un petit peu», a estimé Alain Juppé.
Au terme d’une rencontre à Bruxelles avec son homologue russe Serguei Lavrov, la secrétaire d’État américaine, Hillary Clinton, avait indiqué pour sa part n’avoir pas perçu d’évolution de la position russe. «Si dans un délai rapide ce plan (Annan) ne fonctionne pas, alors il faudra envisager d’autres solutions au Conseil de sécurité» avec une «résolution prévoyant des sanctions et une intervention d’une autre nature», a ajouté le ministre français. «Mais si nous y allons aujourd’hui (au Conseil de sécurité) comme ça brutalement les Russes bloqueront», a-t-il aussi indiqué, en assurant que les États-Unis et la France étaient sur la même ligne. Avec agence