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Récompenser les efforts, pas les résultats

Tandis que certains parents valorisent la note obtenue, d’autres couronnent l’effort accompli. Une différence significative si l’on en croit le psychologue Bernard Corbel.

Récompenser les efforts,  pas les résultats
Le psychologue conseille de féliciter l’enfant pour ses progrès et ses bonnes notes.

Certains parents récompensent un enfant qui a de bons résultats scolaires et le punissent sévèrement lorsqu’il ramène une mauvaise note, alors que «La pire des choses est d’accabler l’enfant et de l’humilier», souligne Bernard Corbel, psychologue, avant de poursuivre : «il en résulte des traumatismes même si l’enfant donne l’impression, parfois, de surmonter la situation».

Mais il ne faut pas oublier qu’avoir de bons points, c’est aussi par rapport aux autres. Entrer dans la société dans ce qu’elle a de plus compétitif : «Menacer, maudire, médire, humilier publiquement, rabaisser, comparer à d’autres (supposés plus doués) sont des actions que je trouve criminelles à l’égard de la santé mentale de l’enfant et d’une haine à son égard qu’il conviendrait d’analyser».
Le psychologue conseille plutôt d’encourager l’effort, même lorsque le résultat escompté n’est pas atteint : «Il faut partager la peine que l’enfant éprouve probablement. Reconnaître que c’est souvent difficile d’avoir de bons résultats et garder l’intention de soutenir et d’encourager, tout en recherchant les bons moyens d’un soutien approprié au progrès».

Mais cela ne veut pas dire non plus qu’il ne faut jamais récompenser son enfant. Il y a des nuances à mettre : «Les théories du conditionnement, autant que les expérimentations, montrent qu’il ne faut pas que les récompenses soient “automatiques” et moins encore qu’elles correspondent à un engagement de récompense que l’on a fait miroiter (établissement d’une relation de salarié à patron)».

Savoir quand récompenser son enfant est une chose, encore faut-il savoir de quelle manière. Des bravos, des félicitations, des friandises, un jeu, une surprise, une sortie… Parmi toutes les récompenses possibles, quelle est la meilleure ? Selon le spécialiste, il n’y a pas une récompense meilleure que l’autre, si ce n’est l’effet de surprise qu’elle procure : «Un succès, ça se partage, les compliments, la reconnaissance publique, les félicitations à voix haute devant une petite assemblée comme la famille produisent le plus grand effet». Mais on peut aussi faire plaisir à son enfant en s’intéressant à ses centres d’intérêt : «On peut offrir la réalisation d’un vœu, d’un souhait : offrir un voyage, une entrée à un spectacle, à une salle de sport ou la participation à un évènement. Mais cela demande d’avoir été préalablement à l’écoute de l’enfant». Si certains parents se contentent de quelques compliments verbaux, d’autres optent pour une récompense matérielle. «Récompenser est un art, et beaucoup de parents se réfugient dans la facilité de payer ou d’acheter».

Le risque pour les parents qui valorisent ce modèle est que l’enfant ne travaille plus que dans le but d’obtenir une récompense. Et le jour où elle ne sera pas au rendez-vous, l’enfant ne comprendra pas si vous lui dites que «c’est pour son bien, qu’il doit penser à son avenir». Alors que, jusque-là, vous l’aviez habitué à étudier non pas pour son bien ni pour son avenir, mais pour un iPad ou un Smartphone : «Il ne doit pas y avoir chez l’enfant la conviction d’un droit à être récompensé. La récompense matérielle peut être de la partie, mais on veillera à ce que celle-ci ne gâche pas l’esprit de communion pour le remplacer par un troc bassement matériel ou un dû».

Attention aussi à la «récompense-carotte». Ne dites jamais à vos enfants, «si vous réussissez vos examens nous partirons en voyage très loin». C’est un discours risqué, car en cas d’échec, l’enfant peut se sentir coupable que toute la famille puisse en être privée à cause de lui. Dites plutôt «Si on voit que tu travailles, peu importent les résultats. Ce qui est important, c’est que tu fasses de ton mieux», en d’autres termes récompensez l’effort et non le résultat.

Dans tous les cas, le psychologue conseille de féliciter l’enfant pour ses progrès et ses bonnes notes : «Il faut récompenser ce qui correspond à quelque chose de significatif et de repérable. Cette récompense devrait s’accompagner d’une attention régulière, elle-même accompagnée de commentaires pour guider et constater que les efforts sont bien effectués dans le cadre défini». Évitez de revenir sans cesse sur ses travaux moins satisfaisants : si votre enfant échoue dans une matière, il en est déjà conscient. Rassurez votre enfant en lui laissant clairement savoir qu’il a droit à l’erreur, et évitez absolument de le comparer à d’autres élèves ou à ses frères ou sœurs. Chacun apprend à son rythme et selon ses capacités.


Explications : Bernard Corbel, psychologue

«Les meilleures récompenses sont des surprises»

❶ Quand faut-il récompenser l’effort scolaire de son enfant ?
La bonne récompense intervient à la réception d’une bonne nouvelle et doit créer un effet de surprise agréable, un peu comme une petite fête improvisée. Il faut donc récompenser ce qui correspond à quelque chose de significatif et de repérable. Pour bien récompenser, il faut porter une attention régulière à son enfant, elle-même accompagnée de commentaires pour guider et constater que les efforts sont bien effectués dans le cadre défini.

❷ De quelle façon récompenser son enfant ?
La récompense doit être intelligente, créative et marquer un échange de bons sentiments. Les félicitations, la reconnaissance publique, les félicitations à voix haute devant une petite assemblée comme la famille produisent le plus grand effet. On peut offrir la réalisation d’un vœu, d’un souhait : offrir un voyage, une entrée à un spectacle, à une salle de sport ou la participation à un évènement. Mais cela demande d’avoir été préalablement à l’écoute de l’enfant. La récompense matérielle peut être de la partie, mais on veillera ce qu’elle ne gâche pas l’esprit de communion pour le remplacer par un troc bassement matériel ou un dû. Récompenser est un art, et beaucoup de parents se réfugient dans la facilité de payer ou d’acheter. Lorsqu’un cadeau est offert, même pour une autre circonstance, on ne manquera pas de le rappeler en citant les mérites de l’enfant (je t’offre ce cadeau d’anniversaire d’autant plus que tu me fais énormément plaisir par ton travail et tes résultats). Les meilleures récompenses sont des surprises.

❸ Comment réagir devant une mauvaise note (si l’enfant a travaillé dur pour cela) ? Est-il légitime de sanctionner ou de faire pression sur son enfant ?
Il faut partager la peine que l’enfant éprouve probablement, reconnaître que c’est souvent difficile d’avoir de bons résultats et garder l’intention de soutenir et d’encourager tout en recherchant les bons moyens d’un soutien approprié au progrès. La pire des choses est d’accabler l’enfant et de l’humilier (il en résulte des traumatismes même si l’enfant donne l’impression parfois de surmonter).

❹ Est-il toujours nécessaire de récompenser son enfant ? Sinon, quelle en serait la juste mesure ?
Les théories du conditionnement, autant que les expérimentations, montrent qu’il ne faut pas que les récompenses soient «automatiques» et moins encore qu’elles correspondent à un engagement de récompense que l’on a fait miroiter (établissement d’une relation de salarié à patron). Récompenser habilement doit être un devoir pour les parents et les éducateurs mais cela ne doit pas nourrir chez l’enfant la conviction d’un droit à être récompensé.

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