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Les poupées surréalistes de Natasha Novak

● Natasha Novak, expose ses «filles» tombées du ciel, à Amadeus Art Gallery, du 7 février au 17 mars.
● Le monde de cet artiste slovène est peuplé de poupées étranges, mélange entre pop surréaliste et illustration métaphysique.

Les poupées surréalistes  de Natasha Novak
Les créatures de Natasha Novak arborent un regard vide et un cœur plein.

Natasha Novak fait partie de ces artistes qui interrogent et déstabilisent. Ses personnages : des poupées. D’abord, d’apparence tranquille, ces créatures «tombées du ciel» deviennent par la force du détail extrêmement énigmatiques, troublantes. Si les couleurs sont pastel et évoquent le monde de l’enfance, les proportions quant à elles sont étranges et mystérieuses, laissant apparaître des blessures et des cœurs hypertrophiés, qui invitent à une lecture plus complexe.
Chez Natasha Novak, tout tourne autour des apparences. Par le dessin, la peinture, les sculptures molles, l’artiste envisage un monde dans lequel la perception de nous-mêmes et des autres est radicalement remise en question. Son monde étrange est fait de poupées immaculées, des visages d’anges qui n’en sont pas vraiment. Les petites créatures affichent souvent des frimousses au regard exorbité, présentent une difformité ou une atrophie qui glacent le sang. L’on est à la fois subjugué et charmé par cette beauté-laideur morphologique à laquelle l’artiste nous convie de façon ludique et malicieuse. Elle semble nous dire «ce que vous voyez n’est peut-être pas ce que vous croyez voir». Natasha révèle la tension entre la psychologie intérieure et la réalité extérieure.
Parmi les œuvres de Natasha, on peut retenir l’exemple du «cœur bleu». Un travail en 3D peint, le tout installé dans un élément en laine de l’artisanat marocain. Il s’agit d’une poupée fillette aux traits extraterrestres, avec des bras sans mains et des jambes sans pieds, mais avec des extrémités en forme de seins. Elle est habillée de broderie et de tresses de laine. Des yeux bleus couvrant la majeure partie du visage d’un regard vide. Sur le ventre, dans un ovale vertical peint, un cœur bleu, la proportion de l’organe nous laisse entendre qu’elle n’a à nous présenter que son cœur et qu’elle ne peut vivre qu’à travers lui ; il est son centre, il est le centre de l’univers. Elle n’est pas la seule à être tombée du ciel et à souffrir des séquelles de sa chute. Elle trône parmi ses congénères, des mannequins tridimensionnels, des créatures aux formes atrophiées ou protubérantes qui, vraisemblablement, survivront difficilement à leur anatomie.
Influencée par les dessins animés, les mythologies antiques, ainsi que par sa propre enfance, l’artiste crée de nouveaux êtres, des enfants hybrides, qui pourraient vraiment changer notre perception de nous-mêmes, du monde qui nous entoure ainsi que celle de l’enfance faussement innocente. Natasha Novak déconstruit cette réalité pour en révéler une autre, plus secrète, celle des fêlures à l’intérieur de nos propres cœurs d’adultes. L’artiste dérange notre regard, à la manière d’un Dali, d’une Kathrina Ziemke, ou de Natacha Ivanova…

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