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Un soft power redoutable

Rencontres, discours, signatures de conventions… La visite du Roi Juan Carlos se poursuit riche en activités mais aussi en symboles ! Dans la délégation qui accompagne le Souverain espagnol, la présence de neuf ministres des Affaires étrangères est le signe de la continuité, celle des présidents d’universités indique une ouverture sur le monde de la connaissance et du savoir.

Un soft power redoutable

 C’est une nouvelle inflexion qui aboutira à la signature d’un accord de partenariat entre universités marocaines et universités espagnoles et qui répond au vœu du ministre Lahcen Daoudi «d’internationaliser l’enseignement supérieur marocain». Une chose est sûre, comme le souligne le Roi Juan Carlos dans son discours, «il n’existe pas de domaine étranger à nos relations : le domaine politique et culturel, éducatif et social, économique et commercial.»
Même si en Espagne l’économie est en crise, le pays possède une puissance douce, le soft power, qui ne cesse de monter en puissance et de porter son économie à l’international. Le soft power, c’est la capacité d’influencer, de séduire indirectement par des moyens non coercitifs, comme le sport, le cinéma, la culture, l’art, la musique, la gastronomie. Cette nouvelle forme de pouvoir dans les relations entre les nations, l’Espagne l’a développée à travers son rayonnement sportif, culturel et à travers les nouvelles technologies. Le tourisme qui, grâce notamment au patrimoine arabe et andalous, est une très belle vitrine, drainant des millions de touristes de par le monde repose sur les différents apports qui ont construit au cours des siècles la culture de l’Espagne : Ibères, Celtes, Basques, Latins, Suèves, Wisigoths, Roms, Musulmans et Juifs. L’architecture la plus prégnante est celle d’Al Andalous qui s’illustre par de hauts lieux de tourisme à travers des mosquées, des palais, des forteresses : citons la Grande Mosquée de Cordoue (Califat de Cordoue), l’Aljafería de Saragosse (Taïfas), la Giralda de Séville (Almoravides et Almohades) ainsi que l’Alhambra de Grenade et le Generalife (Royaume de Grenade des Nasrides).

Le sport qui unit en interne est également un outil prodigieux du soft power. À travers le football, les stades du FC Barcelone et du Real Madrid sont les plus visités au monde, ce domaine a connu une évolution sans précédent. Mais le foot n’est pas le seul sport, il y a le tennis avec le fabuleux Nadal, la F1 d’Alonso ou dans le cyclisme... L’industrie du sport en lien avec le tourisme fait, comme le souligne un opérateur espagnol, que «les enjeux géoéconomiques liés à l’industrie du sport et le rôle de l’État stratège sont devenus des concepts novateurs en Espagne et des réponses atypiques à la crise». Le prestige des victoires dans les stades ou sur les courts embellit et renforce l’image de l’Espagne en Amérique latine, en Europe et dans le monde entier.
Le ministre des Affaires étrangères qui accompagne le Roi Juan Carlos au Maroc a lui-même développé la stratégie de «la marque Espagne» à destination de ces millions de touristes, d’investisseurs, de travailleurs, d’émigrés, séduit par cette marque et qui contribueront directement ou indirectement à renforcer l’économie espagnole. Dans cette stratégie, il n’y a pas que le sport.

La langue espagnole est devenue un outil indispensable. Dans son dernier rapport annuel «El espanol en el mundo», l’institut Cervantès fait état de 495 millions d’hispanophones dans le monde. C’est l’une des langues les plus parlées au monde après l’anglais, le chinois, l’hindi. L’usage de l’espagnol sur internet a fait un bond faramineux multiplié par près de 1000 et faisant de l’espagnol la troisième langue la plus lue sur internet, derrière l’anglais et le chinois. Quelque 18 millions d’élèves étudient l’espagnol à travers les instituts Cervantès répartis sur plus de 70 centres installés dans plus de 40 pays sur les cinq continents. Cette intuition, créée en 1991, est devenue un véritable référentiel dont la vocation est de promouvoir et d’enseigner l’espagnol, mais aussi de diffuser la culture espagnole et hispano-américaine. Au Maroc, il y a plusieurs centres Cervantès à Chaouen, Meknès, Larache, Fès, Marrakech, Tanger, Tétouan, Casablanca et Rabat. Un réseau enrichi par de nouvelles antennes récemment ouvertes à Essaouira, Agadir et Nador. Il faut aussi rappeler que près de 200 000 enfants marocains étudient dans le système scolaire en espagnol et que le système d’enseignement espagnol ne cesse de se développer au Maroc.

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