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«Le Cerbère - Harraz - dans l’imaginaire marocain»

Le «Harraz», un thème commun à la littérature et au melhoun, présente des particularités propres au patrimoine populaire marocain. En plus de son originalité au niveau de la forme, le «Harraz» marque, au niveau du fond, une rupture avec la tradition littéraire orientale. Les deux amoureux se retrouvent toujours. Zoom sur ce thème avec le chercheur Fouad Guessous.

«Le Cerbère - Harraz - dans l’imaginaire marocain»
Le Cerbère - Harraz - dans l’imaginaire marocain

Passionné du melhoun et de sa richesse littéraire et artistique, le chercheur et écrivain Fouad Guessous lui a consacré une série de livres qui signent un «retour de flamme» de ce patrimoine ancestral. Celui à qui on doit les deux tomes de l’ouvrage «Anthologie de la poésie du melhoun marocain» récidive aujourd’hui avec un nouveau livre, qui conforte l’œuvre exceptionnelle de cet homme qui met sa plume et son savoir au service du melhoun.

Son tout dernier livre est intitulé «Le Cerbère-Harraz dans l’imaginaire marocain, analyse du concept “Harraz” dans la poésie du melhoun marocain». Il met toute la lumière sur une figure emblématique de cet art.
Avant de rentrer dans les détails du personnage de «Harraz», l’auteur commence par décliner la signification de ce mot pour éclairer les lecteurs. «La signification du verbe arabe “haraza” est “garder, surveiller” et le terme “hariz” veut dire “inaccessible”. D’où le sens du mot “Harraz” qui signifie alors gardien, geôlier, cerbère. L’étymologie nous édifie sur la traduction faite par l’auteur de ces lignes du terme “harraz” en “cerbère”. “Cerbère” est un terme emprunté à la mythologie grecque : c’est le nom d’un chien féroce chargé de garder les portes de l’enfer. Il était impossible de déjouer sa vigilance !»

Là, on reconnait bien ce personnage, en nous référant à la fameuse histoire de «Harraz Aouicha», de Mekki Belkorchi qui nous a été servie, et partant rendu célèbre, sur les planches.
Une histoire représentative de ce genre qui reproduit, à chaque fois, le même canevas, à savoir, un homme qui est amoureux d’une jeune fille qu’il espère épouser. En même temps, un autre homme, plus vieux et plus fortuné, tente de séduire cette même jeune fille en faisant miroiter à ses patents argent et offrandes en vue de l’éloigner de son jeune amoureux.
Pour la protéger de ce dernier, le vieil amoureux, en l’occurrence «Harraz», va pratiquement séquestrer sa bien-aimée.

Un duel va alors s’engager entre les deux rivaux pour s’approprier le cœur de la dulcinée. Le jeune amant usera de ruses et de subterfuges pour déjouer la vigilance du cerbère. À la fin, c’est le jeune soupirant qui prend le dessus et coule des jours heureux avec son amoureuse.
Au-delà de la petite histoire du «Harraz», ce thème recèle bien d’autres particularités qui en font un genre littéraire populaire exceptionnel au Maroc. Une particularité qui résulte de «la lutte d’influence entre l’Occident et l’Orient, discrètement à travers le thème du melhoun, le “Harraz”», comme le souligne l’auteur. On peut donc en conclure qu’il a une portée artistique, culturelle, mais également politique.

En effet, à travers cette poésie, le Maroc s’est affranchi des règles imposées par l’Orient en imposant son originalité et son identité. «Et voici que le Maroc se dote et s’enrichit depuis plus de six siècles de sa propre poésie, le melhoun écrit dans la langue du peuple, pour exprimer ses propres sensibilités, en toute indépendance et non dans la langue du Machrek», affirme l’auteur dans son livre. Et de renchérir : «L’amant marocain retrouve toujours sa bien-aimée, contrairement à l’amant du Machrek (Kais et Leïla). Malheureusement, ce genre n’a pas inspiré beaucoup d’hommes de théâtre», comme le constate l’écrivain.

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