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Accueil next Naissance de SAR Lalla Khadija

Le «pèlerinage» à Lalla Aïcha El Bahria

Des femmes viennent chaque jour implorer la sainte pour obtenir ses faveurs.

Le «pèlerinage» à Lalla Aïcha El Bahria
Les femmes parviennent tant bien que mal à la grotte pour y déposer leurs offrondes.

La mer est agitée à Sidi Moussa, ce vendredi. Le ciel annonce le début du mauvais temps. La température est en baisse et de fortes averses de pluies et des rafales de vent sont au rendez-vous. Mais ce spectacle ne semble pas décourager ces femmes venues des quatre coins du Maroc pour implorer lalla Aicha El Bahria. Contrairement à ces couples installés sur les rochers pour admirer la beauté de la mer, ces dames sont là pour bien d’autres choses. Le lieu de pèlerinage étant situé relativement loin des habitations et difficile d’accès, ces femmes se sont toutes déplacées en voiture pour implorer cette sainte de la caverne, nommée «Lalla Aicha El Bahria».

La grotte, se situe dans les rochers au milieu d’une falaise, ce qui rend l’accès presque impossible, surtout pour les femmes âgées. Pourtant, cela ne semble pas les dissuader. Se mettant des fois à quatre pattes pour mieux adhérer au sol, s’accroupissant tantôt et se relevant tantôt, elles contournent les rochers. Certaines, qui n’arrivent pas à garder l’équilibre, tombent plusieurs fois et se relèvent en laissant échapper un petit rire nerveux. Mais quoiqu’il arrive, ces femmes n’abandonnent jamais. Elles ne conçoivent pas l’idée de partir sans visiter ce lieu saint réservé uniquement aux femmes.

Selon Mohamed, un pêcheur du coin, ce lieu a connu plusieurs drames. «Nombre de femmes se sont noyées en essayant d’atteindre la grotte à l’heure où la marée était haute», affirme-t-il. Amusés par ce spectacle, des jeunes se sont assis au bout de la falaise pour observer cette scène insolite. Les femmes amènent avec elles de vrais festins spécialement préparés pour l’occasion dans l’espoir que la sainte accepte d’exaucer leurs vœux. Des plats de couscous copieux, mais sans sel, des coqs aux plumes noires ou marron égorgés, des œufs de pigeons, du pain sans sel, des paquets de sucre, des cartons de lait et des chandelles défilent sous les yeux des curieux qui en ont déjà l’eau à la bouche.

«Si seulement ce n’était pas si risqué de se rendre sur place, je serais descendu et j’aurais tout mangé», annonce un jeune à son ami. Selon la légende, cette sainte serait capable de guérir les malades, de marier les vieilles filles et de permettre aux femmes stériles d’avoir des enfants. Latifa est ici parce qu’elle n’a pas encore trouvé un mari. Âgée de 40 ans, elle n’arrive plus à supporter le regard de ses voisins et de sa famille. Aujourd’hui, elle se dit prête à tout essayer pour trouver l’âme sœur ! «Je suis habituée à fréquenter ce lieu vu qu’il est connu pour sa baraka. D’ailleurs, en été, c’est ici que je viens me baigner en passant sous sept vagues», explique-t-elle.Adil, un jeune homme âgé de 26 ans, assis à proximité, reconnaît être venu ici juste pour «draguer», quand il était plus jeune. «Lorsque j’étais adolescent, je venais avec mes copains pour regarder les filles se baigner.

Elles mettaient un drap blanc pour se cacher, mais cela ne nous empêchait pas de tout voir», lance-t-il avec un petit rire. En effet, après s’être baignées dans l’eau de mer, les femmes jettent leurs sous-vêtements, en espérant que ces derniers les débarrassent du mauvais sort. Après quoi, elles posent les sacrifices et rentrent chez-elles. Quelques minutes après, une grande vague vient emporter tous les plats. Le sacrifice est apparemment accepté ! Quel gâchis !

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