Le Matin : Le Maroc se félicite d’avoir obtenu en une semaine deux victoires diplomatiques au sein du Parlement européen. Quel regard portez-vous sur ces derniers développements ?
Abderrahim Atmoun : Effectivement, le Maroc a enregistré cette semaine deux victoires : la première concerne le rapport Tannock sur les droits de l’Homme au Sahel et la seconde victoire concerne le rapport de Pier-Antonio Panzeri sur la politique européenne de voisinage. Je dirais même qu’il s’agit de trois victoires si on ajoute le rapport d’Elmar Brock sur la politique étrangère et de sécurité commune. Ces victoires sont d'autant plus importantes que depuis des mois on subodorait un acharnement contre le Royaume. Mais notre action a permis de déjouer, au sein du Parlement européen, les manœuvres lobbyistes utilisées contre notre souveraineté et nos intérêts supérieurs.
Le rapport Tannock a relevé les violations des droits de l'Homme dans les camps de Tindouf. En dépit du dépôt massif des amendements hostiles de la part des ennemis du Maroc, comment la diplomatie marocaine a-t-elle pu déjouer les manœuvres malveillantes contre le Royaume ?
Depuis la présentation du rapport Tannock en mai 2013, la Commission parlementaire mixte (CPM) Maroc-UE s’est activée pour rétablir l'équilibre dans ce document. C'est ainsi que plus de 147 amendements ont été introduits ou rejetés. Cela a permis d’avoir plus d'équilibre entre les points défendus par les deux parties, c’est-à-dire entre le Parlement européen et le Maroc. Après le vote du rapport Tannock en commission des affaires étrangères à Bruxelles le 18 septembre dernier, la Commission parlementaire mixte s’est démenée pour faire en sorte que le rapport reste tel qu’il est et pour qu’aucun amendement ne soit accepté. Une présence active et permanente entre Bruxelles et Strasbourg ainsi que des contacts réguliers avec la plupart des eurodéputés ont permis à la CPM de récolter des résultats positifs : tous les amendements hostiles au Maroc ont été rejetés.
Certains eurodéputés sont connus pour leur acharnement sur le Maroc. Quelle attitude adoptez-vous pour les inciter à changer de position en vue d’éviter des blocages à l’avenir, d'autant plus que le Maroc entend renforcer davantage ses projets de partenariat avec l’Union européenne ?
C’est par le biais de la commission parlementaire mixte Maroc-UE, que j’ai l’honneur de présider, et des réunions qu’elle organise que nous essayons de convaincre les eurodéputés de l'importance d'avoir de bons rapports avec le Maroc, aussi bien pour le Royaume que pour l'Europe. Nous nous employons à leur expliquer les fondements de l’exception que représente notre pays et son rôle en tant que point d’appui fondamental pour la sécurité et le développement dans la région.À cet effet, et en réponse aux défis qu'affronte la région aux niveaux démocratique, économique et sécuritaire, la CPM Maroc-UE n’a ménagé aucun effort pour promouvoir le modèle marocain, notamment après l'adoption de la nouvelle Constitution et la tenue d'élections législatives libres et transparentes. Ce faisant, le Maroc a prouvé sa capacité à être un point d'appui pour l'UE en matière de sécurité et de développement dans la région, mais aussi un exemple à suivre pour les pays du voisinage, au sud de la Méditerranée.
Notre pays connaît des transformations qualitatives notoires consécutivement aux changements institutionnels impulsés par la volonté politique de Sa Majesté le Roi Mohammed VI. Cette volonté est partagée par toutes les forces vives de la Nation qui sont engagées à consolider les choix démocratiques et à renforcer l’État de droit comme fondements d'une société moderne et prospère. Ce sont ces choix et ces orientations stratégiques que nous devons faire valoir auprès des eurodéputés.
Comment qualifiez-vous la coordination entre les diplomaties parlementaire
et officielle ?
Une diplomatie parlementaire ne peut réussir sans une diplomatie officielle. C’est d’ailleurs grâce à l’étroite coordination des deux qu’aujourd’hui nous pouvons dire que ce qui s’est passé la semaine dernière au Parlement européen constitue une victoire pour le Maroc. Chacune joue son propre rôle dans un esprit de complémentarité et de synergie.
Le Parlement européen a salué mercredi les avancées du Maroc et son engagement en faveur de la poursuite des réformes. Quelles sont les futures actions à adopter par le Royaume pour atteindre les objectifs escomptés ?
Il est nécessaire de rappeler que le Maroc est le premier et le seul pays arabe à avoir un statut avancé avec l’Union européenne. Dans ce cadre, je considère le Statut avancé avec l’Union européenne comme étant le précurseur d’une relation d’envergure Maghreb-UE devant être mise à profit en vue du renforcement de la paix et de la sécurité aux niveaux régional et international.