Le Matin : La Fédération Al Wifak organise cette année la 26e édition du Festival du cheval de Tissa. Qu’est-ce qui caractérise cette édition par rapport aux précédentes ?
Abdelhamid Janati Idrissi : Les principales innovations de la 26e édition du Festival du cheval de Tissa qui se tiendra du 11 au 15 septembre portent à la fois sur la tbourida et sur les activités parallèles et d’accompagnement.
Concernant les jeux tbourida, il y aura plus de sourbas et donc davantage de cavaliers représentant plusieurs provinces du Royaume, avec un effort sur le plan du harnachement des chevaux et d’embellissement vestimentaire des cavaliers. En outre, le rythme de passages des sourbas va être amélioré. Des compétitions seront organisées en faveur des jeunes cavaliers avec des prix d’encouragement.
Concernant les activités parallèles et pour répondre au flux touristique croissant, on propose un programme varié avec un large éventail d’activités sportives, culturelles (pièces de théâtre produites et mises en scène par les jeunes de la ville de Tissa, poésie, expositions d’arts plastiques...), culinaires (stands présentant quelques produits du terroir) et folkloriques (danses, chants et surtout le hayti, folklore authentique de la région…).
Par ailleurs, la Fédération organisera une cérémonie en l'honneur des anciens sportifs de l'équipe locale de football de Tissa, des cavaliers de tbourida et des artistes de notoriété nationale...
Vous avez opté cette année pour la thématique «Tbourida, un art civilisationnel authentique». Pourquoi ce choix ?
Le choix d'une pareille thématique traduit la réalité et l’idée de la profondeur historique de l’art de la tbourida qui se pratique au Maroc et au sein de la tribu Lahyayna depuis des siècles.
Cette pratique n’a pas pris de rides avec le temps. On constate, bien au contraire, un engouement pérenne de la jeunesse marocaine et hayyanie pour la tbourida et l’attachement au cheval. Depuis toujours, le cheval est pour les Marocains et les Hayanis un animal aussi noble que respecté et représente une source de fierté.
Le Festival traditionnel du cheval de Tissa est célébré en mémoire de Sidi Mohammed Ben Lachen, un saint du XVe siècle. Comment arrivez-vous à allier tradition religieuse et festivités autour du cheval ?
Traditionnellement et depuis très longtemps, les trois grands lignages ethniques : Ouled Aliane, Ouled Riab et Ouled Amrane qui forment la grande tribu des Hyaynas, tous très attachés au cheval, célébraient la fin de l’été et des moissons, terminaient une saison agricole et en envisageaient une nouvelle en visitant le mausolée du saint Sidi Mohammed Ben Lachen et en animant des tbouridas près de son sanctuaire. Depuis une vingtaine d’années, à la vocation initiale, qui n’a pas disparu puisque le moussem se clôture par la visite des sourbas au sanctuaire avec une cérémonie d’offrande et autres activités, le festival a acquis une dimension géographiquement plus large puisque des sourbas viennent de tout le Maroc. De plus, le festival ambitionne de contribuer au développement socio-économique et touristique de la province, à l’élevage des chevaux et à la promotion des sports équestres.
Le cheval de Tissa a, depuis cinq siècles, une grande importance dans la région. Le festival qui lui est dédié garde une dimension régionale alors que d’autres festivals très récents comme celui d’El-Jadida ont un rayonnement national. Est-ce une question de moyens ou une stratégie des organisateurs ?
Ce jugement doit être relativisé, car le Festival du cheval de Tissa est devenu un rendez-vous annuel incontournable pour les cavaliers, les éleveurs et les admirateurs
du cheval.
Le festival draine, chaque année, un nombre sans cesse croissant de visiteurs marocains et étrangers. De même, sa couverture médiatique s’élargit constamment. Cependant, la qualité des infrastructures hôtelières et touristiques constitue un handicap majeur face à l’effort de développement et de rayonnement du festival.
Est-ce que vous disposez des moyens pour réussir ce festival et le pérenniser ?
Le ministère de l’Intérieur, la province de Taounate, le conseil régional de la région d’Al Hoceima, le conseil provincial de Taounate, l’Agence du Nord, la Société royale d’encouragement du cheval, le conseil municipal de Tissa, les communes rurales de Tissa fournissent des efforts louables. Mais, l’ampleur et la renommée prises progressivement par le festival ainsi que l’ambition qu’il affiche exigent la recherche d’autres sources de financement.