Pour faire bonne mesure, l’Association locale pour la coopération et le développement social rendra un hommage posthume au père de la BD marocaine. L’avez-vous reconnu ? Oui, c’est lui : Abdelaziz Mouride. L’ex-journaliste culturel a rendu l’âme le 8 avril dernier à l’âge de 63 ans après un long combat avec la maladie. Aujourd’hui, dans le cadre de la sixième édition du Festival de la lecture prévu du 10 au 13 octobre, l’association, initiatrice de l’évènement, a concocté tout un programme réservé au parcours de cet ex-détenu politique au cours des années de plomb au Maroc. Bédéiste, mais également journaliste de talent a accompagné le festival depuis sa première édition. Pour saluer son engagement en faveur de l’édition et du livre et les efforts qu’il a déployés tout au long des cinq dernières éditions de cette manifestation, les organisateurs lui dédient des rencontres pour mettre en lumière la genèse des œuvres du défunt notamment «On affame bien les rats» et «Le coiffeur».
«Abdelaziz Mouride est sans conteste le père de la bande dessinée au Maroc. Ses œuvres attestent un grand talent au niveau des scénarios, mais également du point de vue graphique. Il a révolutionné en quelque sorte la BD sur le plan national et régional. Son décès est une grosse perte pour ce genre marginalisé dans notre pays», se désole Moubarik Chentoufi, président de l’Association locale pour la coopération et le développement social. Au programme de cette édition dédiée à l’aimable mémoire de Abdelaziz Mouride, un atelier d’écriture du scénario sera animé par le critique de cinéma Hamid Tbatou. Il y aura également des ateliers consacrés à l’art de graffiti, à la lecture et à l’écriture seront assurés par Ahmed Charrat. Le conte populaire figure aussi en bonne place dans le programme de cette édition. Dans ce sens, un atelier lui est réservé et sera animé par Hafida Hammoude. Toujours au registre des ateliers prévus lors de cette sixième édition, les organisateurs en prévoient un qui s’articulera autour du métier du journalisme, un clin d’œil supplémentaire à Abdelaziz Mouride, ex-journaliste du «Matin du Sahara». On y débattra de l’apport fécond du défunt à cette profession de foi qui passionne plus d’un jeune aujourd’hui, malgré les problèmes d’éditions, d’imprimerie, le nombre de plus en plus réduit de lecteurs, et les publications qui ferment l’une après l’autre.
À côté de ces ateliers, et en collaboration avec le ministère de la Culture et Tarik Éditions, entre autres, une exposition de livres donnera à voir et découvrir les nouvelles publications sur le plan local, mais aussi national dans un sens plus large. Amateur du quatrième art national, le festival ne vous a pas du tout oublié. Lors de la soirée de clôture, une pièce théâtrale intitulée «Aji nthassbou» littéralement «Réglons nos comptes» de la troupe «Asdiqae Al Madina» ou «Les amis de la ville» sera jouée pour le grand plaisir des riverains de Bouhouda.
Les arts plastiques n’y manqueront pas non plus. Dans cette optique, une exposition de calligraphies, de photos et de peinture réunira le célèbre photographe Jaâfar Akil, le calligraphe Mohamed Qarmad, les artistes-peintres Jamal Zoudi et Saâd Bakalli en plus d’une exposition photographique organisée à la maison des jeunes de la ville de Bouhouda. Et enfin, toujours dans le cadre de cette sixième édition du festival, sera également organisée une rencontre avec le journaliste Driss Bennani, et une autre avec les historiens Abdelhadi Sebti et Abdelhay Mouden. Bref, malgré un budget très restreint, le programme de cette sixième édition s’annonce riche en activités et invite les habitants de la ville de Bouhouda et la province de Taounate à partager d’excellents moments avec les intellectuels et artistes de tous bords attendus lors de ce rendez-vous. À ne pas manquer cette pause de réflexion autour de la lecture et de la mémoire.
