Le Conseil de la concurrence est sous pression. Ses membres sont appelés à donner leur avis sur la hausse des prix du lait, alors que leur mandat arrive à terme le 13 octobre prochain (ce mandat étant de cinq ans). Le ministre chargé des Affaires générales et de la gouvernance, Mohamed Najib Boulif, avait décidé début septembre de soumettre le dossier de cette hausse de 6% (décidée unilatéralement par les industriels) à l'appréciation du Conseil de la concurrence.
Ce dernier étudie, depuis, si la hausse respecte les règles concurrentielles en vigueur. Valeur aujourd’hui, le Conseil présidé par Abdelali Benamour dispose de moins de vingt jours pour donner un avis, et ce, sachant que l’étude d’un dossier de saisine peut demander jusqu’à deux mois avant que les membres du Conseil statuent. Rappelons que la hausse des prix du lait a créé une vive polémique. Les associations de protection des consommateurs et des parlementaires étaient montées au créneau, appelant le gouvernement à intervenir. La réaction de l'équipe Benkirane s'est traduite par la sortie de deux ministres.
Il y a eu d’abord la saisie du Conseil de la concurrence par Najib Boulif, le 2 septembre.
Décision qu'il a prise après s'être réuni le jour même avec les représentants des coopératives de lait. Une première étape, avait-il déclaré à l'époque, en vue d’«examiner si les dispositions de la loi sur la liberté des prix et de la concurrence ont été respectées». Selon Boulif, certaines coopératives régionales avaient indiqué, lors de cette réunion, ne pas appliquer la hausse des prix.
Deux jours après, Aziz Akhannouch, ministre de l’Agriculture, s’était réuni, lui, avec l’interprofession du secteur. Résultat : rétrocéder 60% de la hausse aux éleveurs. Cette mesure a été effective dans l'immédiat, avec un effet rétroactif à août 2013. Les députés se sont aussi saisis de l'affaire. Le 11 septembre, les membres de la Commission des secteurs productifs de la Chambre des représentants avaient interpellé le ministre de l’Agriculture. En réaction à la hausse, des députés, notamment ceux du PJD, avaient appelé le ministre à revoir l’aide de l’État aux coopératives laitières (autour de 2 milliards de DH), puisqu’elle «n’a pas permis de protéger le pouvoir d’achat des consommateurs».
Rappelons que les opérateurs justifient la hausse des prix par le renchérissement des coûts de production en lien, selon eux, avec les hausses continues sur le marché mondial des prix des aliments de bétail (importés à hauteur de 95%), du gasoil et d'autres intrants.