Le père de famille a souvent été enfermé dans l’image de l’autorité. On a souvent tendance à négliger son importance dans l’épanouissement des enfants. En effet, la relation que les papas développent avec leurs bambins, et particulièrement avec leurs fils, est primordiale pour l'avenir de ces derniers.
Un rôle important
Le père doit être présent à chaque moment clé de la vie de son fils pour que l'enfant ait conscience de grandir. Il doit essayer de ne manquer aucun évènement important à ses yeux (son anniversaire, assister à son spectacle de fin d’année…), l’enfant doit sentir qu’il est important, aimé et apprécié par son père. Il a besoin de sentir que ce dernier est fier de lui. Pour une relation père/fils réussie, le père doit donc faire des activités avec son fils et lui transmettre un héritage riche en apprentissages. La présence du père aide le fils à évoluer en société, à prendre connaissance de son entourage et à s'ouvrir au monde qui l'entoure. Il arrive que les mamans se plaignent de «tout faire» alors que les pères ne sont là que pour jouer et se tirailler avec leurs garçons, mais il semblerait justement que c'est de cela qu'ils ont le plus besoin, d'un point de vue psychologique. Les pères ont une façon différente de créer un lien avec leurs fils ; ils les incitent à se surpasser et aller plus loin dans leurs explorations. À l’adolescence, les garçons ont besoin de s’appuyer sur une image masculine forte. Ils prennent alors comme identifiant leur père pour construire leur personnalité. Valoriser son garçon a un fort impact, notamment sur sa façon d’aimer, d’avoir du plaisir et détermine l’ensemble des rapports qu’il entretiendra avec les hommes comme avec les femmes. La figure paternelle doit amener l'enfant à prendre connaissance et conscience du monde qui l’entoure. Son absence entrainera inévitablement un manque, un déséquilibre pour l’enfant.
Le papa, un rival
Le garçon a, dès son plus jeune âge, une grande admiration pour son père, symbole de puissance et d’autorité. Mais c’est également pour lui un vrai rival, avec qui il entre en compétition pour conquérir le cœur de maman ! Un sentiment qui apparaît vers l’âge de trois ans (complexe d’Œdipe), donnant à l’enfant la désagréable impression que papa l’empêche d’avoir sa maman pour lui tout seul. Une frustration bénéfique, pourtant, car elle aide le tout-petit à se construire, et c’est un plus aussi pour l’équilibre de toute la famille. Vers l'adolescence, le jeune exprimera également une rivalité et voudra être égal ou «meilleur» que son père dans certains domaines (le sport, par exemple), parce qu'il cherche avant tout son approbation. Il aimerait lire de l'admiration dans les yeux de son père, parce qu'il a ainsi l'impression de «devenir un homme». Le père, de son côté, a également des attentes envers son fils. C'est en le voyant grandir et s'épanouir qu'il se sent responsable et «affirmé» dans son rôle de père.
L’autorité qui dérange
Le père, c’est le chef de la famille, celui qui pose les règles, les limites et qui fait office de référent pour son fils. Il n’hésite d’ailleurs pas à user de cette autorité, surtout quand le garçon se montre désobéissant. Fréquemment, il arrive que l'enfant «déteste» son père.
Il n'est pas rare d'entendre de jeunes ados regretter les moments privilégiés vécus avec leur père dans l'enfance, ils ont tout simplement «perdu espoir» et se disent que ce temps est désormais révolu et qu'ils ne pourront plus jamais retrouver cette complicité. Mais cela signifie juste que le papa remplit à merveille son rôle. Symbole de puissance et d’autorité, le fils est en admiration devant la figure paternelle, modèle par excellence. Même si le dialogue entre le père et le fils est encore difficile à installer, une relation de complicité, de tendresse peut tout de même naître sans grandes difficultés. L'image du père autoritaire et distant sera alors abandonnée.
Explications
Houda Hjiej, pédopsychiatre
«La fonction symbolique du père est celle de dicter la loi et de tracer les limites»
Parlez-nous un peu de cette relation père/fils...
Un enfant qui grandit et devient ado pour enfin pouvoir passer à l’âge adulte a déjà éprouvé envers son père des sentiments ambivalents d’amour et de haine lors de la phase œdipienne. Le fait qu’un garçon prenne à un certain moment des distances par rapport à son père est un phénomène normal qui s’intègre dans ce processus de maturation nécessaire pour s’individualiser. Ces sentiments qui étaient inconscients durant l’enfance se réactualisent à l’adolescence et peuvent alors avoir des expressions plus prononcées.
Certains garçons, surtout à l'âge de l'adolescence, ont l'impression de détester leur père, est-ce un sentiment normal ?
La nature de la relation de l’ado avec son père est déterminée en grande partie par la nature de la relation qu’ils ont eue pendant la phase œdipienne et des conditions dans lesquelles celle-ci s’est résolue. L’adolescent se construit au fur et à mesure de la triangulation des relations mère/père/fils une image de son père. D’ailleurs, plusieurs images peuvent coexister, celle du père symbolique imaginaire et réel. Pour devenir adulte, le jeune garçon s’identifie tantôt à son père ou tantôt à celui qui incarne la figure paternelle pour lui et en même temps entre dans une rivalité avec lui pour pouvoir s’affirmer et exister comme personne à part entière ayant une identité propre.
Lorsqu’un père apprend que son garçon a des problèmes, que doit-il faire ?
La réaction du père devant les problèmes de son fils ado va dépendre de la nature de la relation déjà existante, mais dans tous les cas il est primordial que le père soit informé et qu’il réagisse. La fonction symbolique du père est celle qui introduit la loi et trace les limites.
Le jeune à besoin de trouver son père à la place où il l’attend, cela va permettre de le rassurer et d’éviter que la mère soit à toutes les places. La loi du père est censée être la première loi qui introduit l’interdit dans la relation mère/fils, le père incarne ce rôle soit par sa présence ou à travers le discours de la mère le présentant comme tel à son fils. Souvent, les mères cachent aux papas les problèmes de leur fils, mais alors quel message transmettent-elles à travers cela à ce garçon qui, lui, a besoin de ce père tout en désirant le mettre à distance ?